Mauvaises odeurs, objets ou déchets s’accumulent dans des habitations souvent encombrées. C’est dans cet environnement qu’Aude Semons évolue régulièrement dans le cadre de son activité de consultante en stockage et organisation qu’elle a créée en 2022 et baptisée Méthode Semons.
« Au départ, l’idée était plutôt d’accompagner les familles, notamment après un décès. […] Pour moi, l’organisation est quelque chose d’inné et j’ai toujours aidé mes proches dans ce domaine. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire», raconte la habitante de Longeault-Pluvault, qui souhaitait toutefois conserver son emploi au sein de la direction territoriale de France Travail.
“Un maillon dans une chaîne”
« À terme, mes services ont été réorientés vers les seniors qui ne veulent plus ou ne peuvent plus ranger, ou qui ne souhaitent pas impliquer leurs enfants ou se justifier auprès d’eux. » En travaillant le dispositif d’appui à la coordination (DAC 21), qui accompagne les professionnels dans la prise en charge des patients en situation complexe, cette mère a identifié des besoins liés aux personnes handicapées ou qui ont des problèmes psychologiques ou psychiatriques. « Aujourd’hui, j’interviens principalement auprès de personnes sous tutelle ou curatelle ou qui ont des pathologies », explique la consultante.
Dans ces cas, elle est demandée par les travailleurs sociaux ou les agents juridiques. « Je suis en fait le maillon d’une chaîne. En désencombrant et en réorganisant la maison pour la rendre propre, je permettrai aux autres d’intervenir, car lorsqu’il y a des piles de journaux, de déchets ou d’objets, on ne peut pas imaginer qu’une aide ménagère ou une aide à domicile accepte d’intervenir. »
Cela peut également aider les personnes atteintes du syndrome de Diogène. « Ce sont des cas extrêmes, mais j’interviens seulement si la personne le souhaite. »
« Ils voient à nouveau l’espoir de recevoir du monde »
Lors de ses « projets », situés principalement entre Dijon, Beaune et Dole, la professionnelle réalise d’abord un diagnostic « pour évaluer la manière dont la personne se positionne sur le désencombrement de son logement. Je suis là pour rassurer. […] Il y a un soutien émotionnel, car on déplace tout leur passé. »
Ensuite, il est temps de faire le tri ! « Je commence par ce qui est le moins sensible, et souvent ce sont les vêtements, car il n’y a pas d’attachement émotionnel. Avant de jeter ou de conserver quelque chose, il faut se poser ces questions : pourquoi et qu’en fait-on ? […] Après, tout le reste est plus simple. » Aude Semons enchaîne avec les autres pièces avant d’arriver aux plus sensibles, les bibelots, photos, souvenirs.
« En général, il faut compter une demi-journée par chambre. […] Ce qui est remarquable, c’est que peu à peu, les gens reprennent possession de leur intérieur et voient l’espoir d’accueillir du monde chez eux. D’ailleurs, ce sont parfois des gens qui aiment ranger et ordonner, ou encore qui sont maniaques, mais qui se sont laissés déborder à cause d’un problème de santé, d’une hospitalisation, d’une dépression, etc. […] Il y a parfois un sentiment de honte, mais mon rôle est d’être neutre, de les soutenir et de les écouter sans jugement. »
Enfin, Aude Semons peut intervenir « pour les seniors qui sont placés en Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) après avoir été hospitalisés, et qui ne rentrent pas à leur domicile entre les deux », explique-t-elle. « Je me charge ensuite de préparer leurs affaires, en partant d’une liste et en m’adaptant à la taille de la pièce. »
Il y a un soutien émotionnel, car on déplace tout leur passé.
Aude Semons
France