VIDÉO. « On ne se crie pas trop dessus ! » Depuis leur petit village d’Astarac, les frères boulangers Duprat se sont taillé une belle réputation au-delà du Gers.

l’essentiel
A Viozan, village gersois de 100 habitants, la boulangerie Duprat se transmet de génération en génération. Depuis la reprise de l’établissement par les deux frères Benoît et Romain en 2016, il a pris une nouvelle dimension dans la vallée du Gers. Rencontre.

Pour trouver la boulangerie Duprat, il faut s’enfoncer dans la campagne de l’Astrac, au sud du Gers. Dans le village de Viozan, le bâtiment qui abrite le commerce était autrefois le lieu de référence de la commune : « C’était le cœur de la vie du village : les gens venaient laver leur linge, il y avait la première cabine téléphonique, le moulin fournissait l’électricité aux villages environnants », décrit Benoît Duprat, 38 ans.

Le charme de l’authenticité se poursuit au milieu de la ferme, où se cache la modeste boulangerie : « C’est un lieu atypique. Parfois, il y a des touristes qui s’amusent à se prendre en photo devant la cheminée. notre vieux four à bois», poursuit son frère Romain, 33 ans.

La boulangerie et sa cheminée légendaire, une attraction pour les clients.
DDM – SÉBASTIEN LAPEYRÈRE

Cette boutique se transmet dans la famille depuis au moins un siècle : « Au moins quatre ou cinq générations », réfléchissent la fratrie. En difficulté depuis l’enfance, les deux frères n’ont pas eu de mal à trouver leur vocation : « Quand nous étions plus jeunes, nous donnions toujours un coup de main à notre père. Au début, j’ai essayé de me différencier et puis au final, je ne voyais pas ce que je pouvais faire d’autre », raconte Romain. En décembre 2016, les frères sautent le pas et reprennent le magasin familial.

Travailler entre frères ? Aucun problème pour Benoît et Romain Duprat.
DDM – SÉBASTIEN LAPEYRÈRE

La boulangerie Duprat est désormais tenue chaque matin par les deux frères. Un quotidien qui n’a aucune influence sur la relation entre les deux hommes : « Ils sont nombreux à nous dire que ça ne peut pas être facile de travailler en famille. On va bien, on ne se crie pas trop dessus ! , plaisantent les frères. Le secret réside peut-être dans la séparation de leurs missions au sein de l’établissement.

« Au début, nous n’étions pas sûrs de pouvoir gagner un salaire ensemble »

Animée par une envie de se diversifier, la boutique a trouvé un second souffle : « Avant, il n’y avait qu’un seul type de pain car il y avait aussi les activités de la ferme d’à côté, donc notre père n’avait pas le temps d’en faire plus. Nous nous sommes diversifiés, nous produisons une dizaine de sortes de pain, des viennoiseries (le week-end). Le chiffre d’affaires a été multiplié par trois ou quatre », explique le duo. Cette bonne santé économique a permis au duo d’embaucher un apprenti et un livreur pour les accompagner.

La trajectoire de l’aventure familiale prend une dimension inattendue, d’autant qu’elle n’était pas une garantie de réussite : « Au départ, nous n’étions pas sûrs de pouvoir gagner notre vie ensemble. Je ne pensais pas qu’on aurait assez de travail pour pouvoir embaucher », avoue Romain derrière sa cloison.

Les frères Duprat ont bâti leur succès en partie grâce au « fait maison ».
DDM – SÉBASTIEN LAPEYRÈRE

Mais au fil des années, les Duprat se sont construit une réputation au-delà du village, dans toute la vallée de l’Astrac : « Pour la fête des mères, la cour devant la boulangerie était pleine. Les clients font passer le message en disant que nous faisons des gâteaux et du pain qui ne sont pas trop dégoûtants…», sourit le plus jeune en emballant à la main les chips aux amandes.

Authenticité et « fait maison », une recette gagnante pour leurs clients qui n’hésitent pas à traverser les villages pour venir à Viozan : « On fait tout nous-mêmes, les gens y sont sensibles. On connaît aussi tous nos clients, certains sont presque amis désormais », avoue l’aîné.

Leur travail est reconnu mais également récompensé à trois reprises par le prix du meilleur gâteau dont le dernier remonte au mois dernier. La spécialité de la maison fait des émules : « C’est une couronne briochée à la fleur d’oranger. Ce qu’on aime, c’est qu’il reste doux, aérien et surtout bien équilibré », analyse le plus jeune. Preuve de la réputation de leur galette, elle s’exporte à Colomiers, en périphérie de Toulouse.

200 morceaux de pain y sont vendus chaque jour à l'ombre du trophée du meilleur gâteau.
200 morceaux de pain y sont vendus chaque jour à l’ombre du trophée du meilleur gâteau.
DDM – SÉBASTIEN LAPEYRÈRE

Assurer une cinquième génération, en revanche, n’est pas une obsession : « Ce serait bien mais je ne forcerai pas, ce sera leur choix », explique Romain. Sans « héritier » pour le moment, les frères Duprat ne sont pas pressés d’ouvrir le dossier de transfert.

 
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