« Un sentiment de liberté totale »

« Un sentiment de liberté totale »
« Un sentiment de liberté totale »

Les yeux rivés sur son application téléphonique, Jean-Pierre Laurent scrute la météo. Et surtout le vent. « Aujourd’hui, ça ne va pas mal », commente le directeur de l’école de vol libre Piafs, de la MJC de Villebon-sur-Yvette (Essonne). La bonne nouvelle attendue depuis des semaines par les étudiants en formation arrive enfin : après plusieurs reports, pour cause d’intempéries, ils vont pouvoir voler.

Le rendez-vous est à 11 heures sur le site des treuils de la Fédération Française de Vol Libre, au Mérévillois. C’est au milieu d’une piste en herbe, entourée de champs et habituellement empruntée par les tracteurs, que les parapentistes déploient leurs ailes. « Nous avons l’habitude d’aller en Bourgogne et en Normandie, mais cela demande une certaine logistique et surtout beaucoup de temps », explique Ludovic Couturaud, président de l’école. Il y a une dizaine d’années, nous avons eu l’idée d’utiliser un treuil. Cela nous permet de voler dans l’Essonne, et donc de pratiquer facilement en journée tout en évitant les embouteillages. »

L’école a mis le cap sur le Mérévillois, village issu de la fusion en 2019 des communes de Méréville et d’Estouches et qui compte environ 3 000 habitants. Il y avait déjà un club de paramoteur sur place. « Nous avons obtenu l’autorisation de la municipalité pour utiliser les sentiers pour exercer notre activité. Notre présence est signalée afin d’éviter tout accident avec un autre avion», précise le président.

« Quoi qu’il arrive, courez ! » »

Une fois sur place, le principe est simple. Equipé d’un casque et de sangles de fixation, le parapente est attaché à un câble d’un kilomètre relié à un enrouleur motorisé. Sa voile est posée au sol. Lorsque le parapente démarre, la voile se lève. “Quand on sent que ça commence à tirer, on résiste comme on peut”, conseille Jean-Pierre Laurent, qui est aussi l’entraîneur. Avec la tension, la voile se gonfle, un peu comme un cerf-volant, quitte le sol puis s’envole dans les airs. Il transporte avec lui ses passagers, les vols peuvent s’effectuer seuls ou en biplace. « Accéléré ! Plus rapide ! Décollage », informe le démarreur à l’opérateur du treuil via le talkie-walkie. D’où il se trouve, ce dernier ne peut pas voir la scène. « Quoi qu’il arrive, courez ! » Il n’y a rien de pire qu’un passager qui s’arrête quand on décolle», demande expressément l’entraîneur.

Les parapentistes peuvent atteindre 600 m de hauteur. LP/Nolwenn Cosson

« En deux à trois minutes, on peut atteindre 600 m d’altitude, selon les conditions météorologiques », poursuit-il. Une fois en haut, vous pourrez lâcher prise en coupant le câble. » Pour cela, rien de bien compliqué. Tirez simplement sur un fil qui libère un clip magnétique. Et nous voilà, libres comme l’air, à admirer les paysages. C’est ce « sentiment de liberté totale » que recherche Souad, 27 ans. La jeune femme, qui vit dans les Yvelines, a déjà suivi un stage de montagne pendant ses vacances. De retour chez elle, elle cherchait une école proposant une formation sur plusieurs mois. « Il n’y avait que celui de Villebon qui correspondait à mes attentes », se souvient-elle. Nous avons commencé l’entraînement en novembre. »

Des sessions de vol prévues chaque week-end

Depuis, elle attend le bon créneau pour s’envoler. « J’ai hâte ! Le parapente nous permet de voir les paysages autrement, d’avoir une autre vision du monde qui nous entoure. Et nous sommes obligés de nous déconnecter pour pouvoir nous concentrer uniquement sur ce que nous faisons. Il en va de notre survie. Sans oublier les sensations qu’il procure, même si les vols sont très calmes. » Le décollage offre encore une bonne dose d’adrénaline.

Pour le retour, deux possibilités s’offrent à vous. Soit le parapentiste pilote son planeur de manière à regagner sa base de décollage. Ou bien il se laisse porter par le vent. « L’un de nous a réussi à aller jusqu’à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir). Cela fait environ 70 km à vol d’oiseau », précise Ludovic Couturaud. Le 23 avril, six pilotes ont battu le record de France du plus long vol en parapente. Décollant de Notre-Dame-de-la-Mer (Yvelines) ils ont parcouru près de 463 km pour rejoindre Saint-Junien (Haute-Vienne).

Si la météo devient plus clémente, des séances de vols seront organisées chaque week-end. Les curieux peuvent venir voir. En revanche, pour voler, il faudra prendre un permis parapente (entre 80 euros et 150 euros), adhérer au club (25 euros) et suivre une formation pour apprendre à utiliser la voile. « En septembre, nous réfléchissons à organiser des séances biplaces, pour faire découvrir notre activité », conclut le président. En espérant, encore une fois, que le beau temps sera au rendez-vous.

 
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