C’est l’aboutissement d’un processus lancé en novembre 2020 par la maire (PS) Anne Hidalgo et son (ancien) premier adjoint Emmanuel Grégoire : le plan local d’urbanisme bioclimatique, qui fixe les règles de développement de la capitale pour les décennies à venir. , sera définitivement voté par le Conseil de Paris les 19 ou 20 novembre.
Sur le papier, l’idée est prometteuse : elle implique « permettre aux Parisiens de trouver un logement à un prix abordable », d'” inclure les enjeux de la transition énergétique et climatique », d'” accompagner les copropriétaires dans le financement de la rénovation thermique » et ” offrir un meilleur cadre de vie.
Pourquoi Paris veut adopter un plan d’urbanisme bioclimatique
Des dizaines d’amendements sur la table
Sauf qu’avant même la présentation officielle de ce document-cadre le 14 septembre au Pavillon de l’Arsenal, le groupe Changer Paris, co-présidé par la ministre de la Culture Rachida Dati et maire du 7e arrondissement, est monté au front et a déclaré « stop à un urbanisme invivable et déconnecté de la réalité ».
Les élus de droite ont déjà prévu des dizaines d’amendements pour « mettre fin à la surdensification et rendre le logement accessible à toutes les familles », « préserver les espaces verts menacés » et « protéger le patrimoine et l’âme de Paris ». « Le PLU n’a de bioclimatisme que le nom », asserts Valérie Montandon from the 12th arrondissement.
« Le discours est verdoyant mais la réalité va à l’encontre du développement durable de la capitale », poursuit son collègue David Alphand, co-président du groupe Changer Paris et élu du XVIe siècle. Dans son viseur : la tour Triangle, « une aberration écologique » en construction au XVe siècle et les tours Duo au XIIIe siècle « déjà obsolète ».
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Opposé à l’obligation de créer des logements sociaux
Et faire attention à l’équilibre entre le bâti et la végétalisation de la capitale, poursuit cette proche de Rachida Dati, qui plaide pour la création de onze nouveaux espaces verts, par exemple en fermant l’héliport de Paris-Issy-les-Moulineaux. L’ambition de créer 300 hectares d’ici 2040 serait en effet “sourire les écologistes dans les couloirs de l’Hôtel de Ville”.
« Even Émile Meunier [le président écologiste de la commission Urbanisme du Conseil de Paris] je n’y crois pas », scales David Alphand.
Surtout, les opposants à Anne Hidalgo s’opposent à la soi-disant obligation de « servitude de diversité fonctionnelle ». A compter du 1er janvier 2025, tout immeuble de bureaux neuf ou restructuré de plus de 5 000 m² situé dans l’ouest parisien devra consacrer 10 % de sa surface à la création de logements. Sur ces 10 %, la municipalité en imposera 30 % sur les logements sociaux, 35 % en zone déficitaire et même 50 % en zone hyper déficitaire de logements sociaux, nouveau secteur créé par l’exécutif parisien.
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Refus de l’objectif de 40% de logements sociaux d’ici 2035
Comme l’Association française des foncières (Aspim) and Medef Parisl’élue du 12e Valérie Montandon estime que “ce n’est pas techniquement réalisable.” « Les propriétaires d’immeubles de bureaux sont des organisations de petits épargnants qui risquent de voir la valeur de leur immeuble chuter de 30% », assure l’édile de l’opposition.
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Son groupe Changer Paris reprend ainsi les idées fortes du patronat de la capitale, à savoir supprimer l’extension de la mixité sociale pour les surfaces inférieures à 500 m², éradiquer cette servitude dans les zones de forte activité économique, réduire le nombre d’emplacements réservés au logement social, introduire des seuils de diversité fonctionnelle, voire exempter les bâtiments administratifs et les bâtiments situés dans des zones historiques des obligations de diversité fonctionnelle.
De la même manière que les proches de Rachida Dati réfutent l’objectif de 40% de logements sociaux et « publics » d’ici 2035, « ni réaliste ni souhaitable ». Pour les classes moyennes, ils défendent la création d’une « zone de déficit de logements privés ». Objectif : faire en sorte qu’il y ait 60 % de logements privés dans les quartiers qui dépassent déjà les 40 % de logements sociaux.
La droite et les écologistes ont déjà voté ensemble par le passé
Les opposants de droite poussent également au développement d’appartements de taille familiale (T3-T4-T5). Mais aussi à la création d’une crèche, d’un établissement d’enseignement supérieur et d’une résidence étudiante dans le 11e arrondissement, terrain de prédilection d’Anne Hidalgo en 2020 après avoir longtemps été élue au XVe siècle. « La ville perd 14 à 15 000 habitants chaque année » justifie Anne Biraben, élue du 5e arrondissement.
Un inventaire à la Prévert qui sera repris, ou non, par l’hémicycle du Conseil de Paris. A un an et demi du premier tour des élections municipales, les votes risquent de réserver des surprises à la majorité et à la nouvelle adjointe à l’urbanisme Lamia El Araaje. Par le passé, droite et écologistes ont déjà voté ensemble pour faire tomber les tours de Bercy-Charenton à la frontière du XIIe siècle et de cette commune du Val-de-Marne.
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