Alors que la guerre entre trafiquants de drogue s’intensifie à Rennes (Ille-et-Vilaine), le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, sera en visite ce vendredi 1est Novembre 2024. Au-delà des revendications de la police rennaise, c’est l’occasion de donner la parole aux policiers.
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“Tous les territoires sont inondés”
Pour ce gendarme*, en poste depuis trois ans en Bretagne, trois axes expliquent cela « une évolution majeure. Aujourd’hui, tous les territoires sont inondés de drogue. Premièrement, les réseaux d’approvisionnement ont changé et diversifiés. Avant, nous achetions notre produit dans une agglomération comme Lorient ou Brest. Désormais, les grands fournisseurs de Rennes, Nantes et Lille s’implantent avec leurs équipes, leurs structures et leurs acolytes.
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« Aggravation des violences »
Le deuxième axe est l’augmentation et l’aggravation de la violence : « On a vu émerger des modes opératoires des trafiquants de drogue comme les « barbecues marseillais » [technique criminelle qui consiste à brûler des corps, souvent dans une voiture, pour faire disparaître des preuves NDLR]. » Les règlements de compte avec une recrudescence des violences se multiplient : tentatives de narchomicides à Quimper en avril dernier et entre Quimperlé et Auray en janvier.
Des traversées de l’Atlantique très fréquentées
Dernier axe : le secteur maritime, » avec des dossiers actuellement en cours d’investigation comme à Brest, impliquant jusqu’à 300 kg de drogue. Il peut s’agir de cargos, de petits voiliers ou de gars traversant l’Atlantique en solo, mais chargés. LE dépôt ça marche bien aussi : vous abandonnez le bundle en mer et il est récupéré avec un code, comme un colis Amazon ! »
En prison aussi
Une Source pénitentiaire* confirme que les trafics se sont également intensifiés en prison, comme à la maison d’arrêt de Brest (Finistère) : « Cela a vraiment changé après Covid. Les quantités ont augmenté : auparavant, la drogue passait principalement par les parloirs. Aujourd’hui, les gros colis sont livrés par drones, même en plein jour. Nous ne les suivons pas : ils ont toujours une longueur d’avance sur nous. Cette augmentation du trafic génère davantage de tensions et de violences. Avant, les trafiquants avaient des accords commerciaux. Pas plus. »
Nouveaux comportements
Lors d’un procès en mars 2024 au tribunal de Quimper, plusieurs gendarmes, dont un blessé lors d’une course-poursuite de 30 kilomètres dans le Finistère, ont décrit de nouveaux comportements, à l’image de ce conducteur qui se faisait préparer un rail. cocaïne par son passager. « La lutte contre la drogue est désespérée, conclut un policier du Bac (brigade anticriminalité). Vous éradiquez un trafic, cela en repousse deux le lendemain, à côté. »
« Prendre en charge les quartiers »
De son côté, ce procureur breton en charge de la lutte contre les stupéfiants a vu le contexte changer ces dernières années avec « une augmentation du trafic et de la consommation de cocaïne, des moyens policiers insuffisants pour s’attaquer véritablement au problème et la prise de quartiers par certains, en silence et avec des armes à feu.
* Pour des raisons de sécurité, les personnes citées dans cet article préfèrent rester anonymes.