« Il y aura des dégâts. Certains vont abandonner», s’alarme Michel Busquet, producteur de canard à Castelnau-Chalosse. Mardi 29 octobre 2024, sous l’impulsion du Mouvement Paysan Landais, une quarantaine de petits producteurs de canards se sont retrouvés à la Maison Arts et Loisirs, à Montfort-en-Chalosse.
Pour eux, la situation est grave. Du 1est Avril 2025, entre autres mesures, l’abattoir Delpeyrat-Maïsadour de Gibret ne recevra plus de lots de moins de 400 canards, un seuil ramené à 250 pour les producteurs « historiques » et interdira les tracteurs sur leur site.
Dans le même esprit, la Maison Lafitte a informé ses producteurs qu’en plus d’une augmentation générale des prix des différentes prestations, un forfait de 150 euros par lot abattu, quelle que soit sa taille, serait appliqué. Après discussion avec les producteurs, ce forfait a finalement été réduit à 120 euros. Cette tarification est applicable depuis le 21 octobre 2024. « La baisse de 150 à 120 euros a été assez largement compensée par d’autres augmentations », complète Richard Violle, de la Coopérative du foie gras de Chalosse.
« Une augmentation de 25 % »
Si ces mesures ont un impact direct sur les producteurs, elles fragilisent également les entreprises qui produisent des conserves de canard. La Coopérative du Foie Gras de Chalosse regroupe environ 35 producteurs. “Concrètement, on se retrouve avec une augmentation du coût d’abattage pour Maison Lafitte de l’ordre de 25%, puisque nous abattons les canards à la maison, nous les faisons éviscérer, plus le traitement des gésiers”, témoigne Richard Violle.
Face à cette situation, la Coopérative du Foie Gras de Chalosse avait deux options : imposer cette augmentation au producteur ou au consommateur. Le choix s’est porté sur la deuxième solution. « D’ici Noël, je pense que nous pourrons répercuter cette augmentation sur le consommateur. Alors je ne suis pas sûr. »
La résilience comme mot d’ordre
Une fois le contexte établi, pas question pour ces producteurs de « se laisser vaincre ». Le but de la réunion était de construire des solutions alternatives. Trouver un lieu créatif pour ouvrir un nouvel abattoir ? Réhabiliter un ancien site ? Telles étaient les questions de cette soirée. « L’abattage est un métier. C’est physique. Si nous voulons faciliter le travail, il faudra investir dans du matériel extrêmement performant et trouver de la main d’œuvre », souligne un éleveur.
« Je pense que nous avons des politiques au niveau local qui nous soutiendront. Maintenant, y a-t-il des gens prêts à s’engager ? », demande Julien Mora, responsable des filières avicoles du Modef des Landes. Les producteurs ont convenu de se retrouver dans un mois pour un nouveau point.
Frais supplémentaires pour la Maison Lafitte
Fabien Chevalier, directeur général de la Maison Lafitte, explique ces nouvelles conditions d’utilisation : « Afin qu’il n’y ait pas de malentendu, je précise que je réponds au nom de la Maison Lafitte. Nous n’avons jamais été les moins chers du marché, car nous disposons d’un outil qui fonctionne lentement et la nuit. Notre outil d’abattage démarre à 22h le soir afin que nos clients transformateurs reçoivent la marchandise tôt le matin. La Maison Lafitte est depuis toujours au service des petits producteurs. Parfois, les producteurs et les consommateurs ont tendance à l’oublier. La plupart du temps, nous réduisons davantage pour les autres que pour nous-mêmes. Cependant, nous ne sommes pas une entreprise philanthropique. Parfois, nous devons revoir nos prix. La dernière fois que nous avons fait cela, c’était en septembre 2022. Depuis cette année-là, nous avons beaucoup de difficulté à trouver de la main d’œuvre. Nous avons eu recours à du travail temporaire, ce qui nous a coûté beaucoup d’argent. Nous sommes de plus en plus confrontés à une fragmentation très importante de nos lots. Assurer leur traçabilité entraîne des coûts supplémentaires. Nous ne souhaitons surtout pas nous séparer de petits lots. Nous mettons simplement en place une tarification pour pouvoir les préserver. »