La carrière de Christian Leyrit dans l’équipement et la préfecture était déjà bien remplie lorsque, le 1est Janvier 2019, le président du Conseil départemental de la Charente-Maritime Dominique Bussereau lui confie la mission de créer le poste de médiateur du Département.
Durant les six années d’un mandat auquel il a choisi de mettre fin, l’ancien président de la Commission nationale du débat public n’a pas chômé. Elle aura traité environ 2 220 saisines, avec un taux de résolution partielle ou totale de 90 % pour celles relatives au logement, émises majoritairement par des particuliers (97 %), dont une « surreprésentation » des plus de 50 ans. Le médiateur a été appelé sur son téléphone portable pour des situations d’urgence.
« L’autre jour, raconte-t-il, une dame m’a contacté en me disant : la CAF m’a retiré 330 euros, j’ai un découvert de 700 euros, j’ai des enfants, je ne sais pas. pas comment je vais terminer le mois. »
Les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), locataires de logements sociaux, mais aussi privés, constituent la grande majorité des appelants. Christian Leyrit peut ainsi témoigner d’une situation de « honte », après avoir vu de nombreuses photos d’habitations « indécentes », « insalubres ». Il cite aussi l’exemple d’une personne lourdement handicapée qui attend depuis dix ans un appartement plus grand tout en devant partager ses 18 mètres carrés avec les soignants qui l’accompagnent jour et nuit…
Les exemples d’inéquité, ou tout simplement d’absence d’empathie de la part de l’administration dans la stricte application de la loi, sont légion. Cela est vrai en Charente-Maritime comme au niveau national. Comme le partage du RSA au sein d’un couple séparé dans le cadre d’une garde alternée, qui n’est pas toujours appliqué même si le Conseil d’État l’a validé en 2017.
Droit de faire des erreurs
Surtout, Christian Leyrit, également requis à l’initiative du tribunal administratif de Poitiers, s’est efforcé de faire valoir l’équité, « la première égalité » selon Victor Hugo, qu’il aime citer.
« Il y a un énorme besoin d’écoute, insiste le médiateur, pour pouvoir exposer ses problèmes à de vraies personnes, et non à des répondeurs automatiques. Il faut également prendre en compte le droit à l’erreur face à la complexité réglementaire. »
D’où la nécessité, selon l’ancien préfet, de développer une médiation « indépendante » en France. Le Rais continuera à travailler au sein du Conseil national de médiation. En Charente-Maritime, le Département a lancé un appel à candidatures pour trouver un successeur, sur la base du volontariat et non plus en tant qu’intérimaire.
(1) Adresse postale : Monsieur Médiateur départemental de la Charente-Maritime, 85 boulevard de la République, CS 60003, 17 076 La Rochelle Cedex 9. Tél. 05 17 83 43 00 (9h-12h et 14h-17h) ou 06 33 90 53 42. Email : [email protected]; [email protected]. Site web: www.charente-maritime.fr/mediateur