Marine de Gugliemo Weber et Rémi Noyon publient ensemble «The Great Reversal, comment la géo-ingénierie infiltre les politiques climatiques» aux liens qui libèrent.
“Face à l’inadéquation de notre système économique avec le système Terre, certains envisagent de réformer ce dernier plutôt que le premier. Le réchauffement climatique est alors présenté comme une simple question de recalibrage thermique ou de gestion des déchets gazeux. Cette méthode de légitimation de la géo-ingénierie, sur fond d’éternel retour au statu quo, est d’autant plus redoutable qu’elle suit la pente de nos renoncements, elle est la tentation du dernier recours.“
Inspirez-vous du Pinatubo, ce volcan qui a refroidi la planète au passage
L’éruption du mont Pinatubo a eu un effet de refroidissement inattendu sur la planète, diminuant la température mondiale de 0,4 degré. Cet événement a incité les scientifiques à explorer la possibilité de reproduire cet effet en créant des « volcans artificiels ». L’idée, bien que pas encore concrétisée, consiste à injecter du sulfate de soufre dans la stratosphère pour bloquer le rayonnement solaire.
La géo-ingénierie consiste à réduire les émissions de gaz à effet de serre
La géo-ingénierie regroupe des techniques visant à modifier l’environnement à l’échelle régionale, continentale, voire planétaire. Il s’agit de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais de poursuivre ses activités tout en imaginant des techniques qui permettraient encore d’en atténuer les effets. Elle se divise en deux familles : la modification du bilan radiatif (volcans artificiels) et le captage du carbone déjà présent dans l’atmosphère. “L’idée est de le supprimer par la suite. Non pas pour réduire les émissions en amont, mais bien pour les supprimer pour réduire leurs effets» explique Marine de Guglielmo Weber.
Une solution miracle ?
La géo-ingénierie soulève un débat crucial : permet-elle de continuer à émettre des gaz à effet de serre tout en en atténuant les conséquences ? Rémi Noyon souligne que «les promoteurs actuels de ces techniques savent bien qu’il faut sortir des énergies fossiles, mais nous considérons que globalement, on ne peut pas le faire assez vite.» Certains craignent que la standardisation de ces techniques ne retarde la transition énergétique.
Qu’en pense le GIEC : entre nécessité, prudence et incertitudes
Le GIEC inclut le captage du carbone dans ses rapports, le considérant comme une technologie nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques. “Aujourd’hui, il n’existe pas un seul scénario du GIEC qui imagine respecter l’objectif fixé par les accords de Paris sans ces technologies, aussi appelées technologies à émissions négatives.» déclare Marine de Guglielmo Weber. En revanche, le GIEC reste prudent quant à la modification du bilan radiatif, soulignant les risques et les incertitudes.
La suite à écouter… Les différentes méthodes envisagées autour de la géoingénierie ; Comment ces techniques influencent-elles la gouvernance aujourd’hui ? Quand avons-nous commencé à disposer de financements massifs dans ce domaine ?
Terre au carré Écoute plus tard
Conférence écouter 54 minutes
Avec :
- Marine par Guglielmo Weber : Docteur en sciences de l’information, chercheur en environnement à l’IRSEM.
- Rémi Noyon: Journaliste, chef adjoint du service des idées au Nouvel Obs.