pourquoi le Département a revu sa politique d’aide à l’accès aux soins

pourquoi le Département a revu sa politique d’aide à l’accès aux soins
pourquoi le Département a revu sa politique d’aide à l’accès aux soins

Pour tenter de lutter contre la désertification médicale, le département de l’Aude a revu sa réglementation pour améliorer l’accès aux soins. Adopté en 2021, il a nécessité des modifications en fonction des évolutions territoriales. Explications.

Fin avril, la commission permanente du conseil départemental a validé la révision de son règlement pour améliorer l’accès aux soins. Une évolution pour tenter de mieux répondre à la problématique de la désertification médicale, dans un territoire qui a perdu 54 médecins généralistes entre 2010 et 2022 et où 134 des 333 praticiens recensés ont plus de 60 ans.

Démographie médicale, où en est-on ?

Une densité de médecins généralistes (généralistes) actifs de 115,6 pour 100 000 habitants en 2023, en baisse de 24,3 % depuis 2010. Les médecins, toutes spécialités confondues, âgés en moyenne de près de 52 ans en 2010, et de 54 ans et demi en 2023. Sans oublier un augmentation de 107 % entre 2010 et 2023 de la proportion de praticiens de plus de 60 ans. Trois données extraites de l’Atlas annuel 2023 de la démographie médicale en France publié par le Conseil national de l’Ordre des médecins. Trois chiffres qui illustrent une réalité vécue au quotidien par les Audois : la pénurie de médecins, notamment généralistes, et la désertification médicale dont souffrent de plus en plus de territoires. Le constat est connu, établi depuis des années. Pas encore de solution miracle.

Qui essaie de s’en sortir ?

En septembre 2023, l’agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie a publié 74 offres d’emploi de médecins généralistes ville/hôpital et de médecins généralistes ambulatoires salariés : parmi les offres, cinq dans l’Aude (2 à Tuchan, 2 à Limoux-Quillan, 1 à Chalabre). De leur côté, les professionnels tentent, notamment à travers les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), d’améliorer les parcours de soins. Quant aux collectivités, elles tentent elles aussi d’apporter leur contribution : en recrutant et rémunérant 200 professionnels de santé d’ici 2026, à l’instar de la Région ; en lançant en 2023 le dispositif innovant libéral ambulatoire d’accès aux soins (DALIA), à l’instar de Carcassonne Agglo, pour assurer le suivi médical des patients souffrant d’une maladie chronique ou d’une maladie de longue durée (ALD), et sans médecins traitants ; en adoptant, en 2021, un règlement départemental pour améliorer l’accès aux soins, à l’image du Département.

Chloé Danillon, vice-présidente du Département de l’enfance et de l’action sociale.
Indépendant – NATHALIE AMEN VALS

Une communauté qui, pas plus que les autres, n’a aucune compétence en matière de santé. Mais qui, dès 2011, avait lancé des aides aux centres de santé pluridisciplinaires (MSP). Et a dû se positionner face “l’urgence”rappelle Chloé Danillon, vice-présidente : « Ce n’est pas notre responsabilité, oui, mais la santé, nous y arrivons avec la protection maternelle et infantile (PMI). Et l’Aude cumule difficultés d’accès aux soins, entre ruralité et précarité.»

Quel était le système départemental ?

Pas de solution miracle bien sûr. Mais l’aide à la première installation, avec des subventions allant jusqu’à 10 000 € en contrepartie d’un engagement d’exercer pendant cinq ans sur le territoire, a pu payer: en 2023, deux médecins généralistes, un à Saint-Laurent de la Cabrerisse, l’autre à Salles-sur-L’Hers, a profité du système, tout comme une sage-femme à Cuxac-Cabardès. En 2024, c’est à Pennautier et Limoux que deux nouveaux médecins ont bénéficié de l’aide, à hauteur de 8 800 € et 7 200 €. Accompagnement étendu aux infirmières en pratique avancée (IPA) en 2022 : trois exercent désormais à Espéraza, à Carcassonne-Est et dans le bassin de Carcassonne. Quant aux aides au logement et aux déplacements dédiées aux internes de médecine générale, les 200 € et 400 € respectivement proposés ont trouvé preneur auprès des “une quarantaine de stagiaires”a évalué Chloé Danillon.

C’est aussi en contractualisant avec d’autres collectivités qu’agit le Département : en février 2024, en accordant 13 800 € de subvention à Carcassonne Agglo, et finançant ainsi un chariot et deux dossiers de téléconsultation assistée, destinés aux CPTS du bassin de Carcassonne. Un outil pour pallier la difficulté d’un territoire où le nombre de médecins généralistes est passé de 118 à 106 entre 2010 et 2022, avec 53 praticiens de plus de 60 ans. Même contrat de solidarité avec la CdC des Pyrénées audoises en avril 2024 : cette fois avec 31 600 € pour acquérir une télécabine coûtée 39 500 € HT. Un outil destiné à Chalabre, et mis à disposition de l’équipe de soins primaires de Kercorb. Pas suffisant, bien entendu, pour résoudre la question de la désertification. Mais un palliatif précieux, dans un secteur où sept des 18 médecins généralistes recensés en 2010 ont disparu en 2022. Il en reste 11 praticiens, dont six âgés de plus de 60 ans.

Pourquoi modifier les aides ?

“Il y avait des projets que nous ne pouvions pas soutenir avec la réglementation telle qu’elle était”, précise Chloé Danillon. Ce qui rappelle le problème auquel Aude doit faire face : « Nous avons 50 % de médecins généralistes âgés de plus de 60 ans, contre 40 % en Occitanie. Et nous savons, avec l’évolution des pratiques et des modes de vie, qu’il nous faut deux jeunes médecins pour remplacer un médecin. qui prend sa retraite Mais si on veut un métier qui a envie de se sédentariser, qui se féminise aussi. (38,8% de femmes médecins en 2023 contre 33,3% en 2010, NDLR)nous devons aider et créer les conditions de l’installation. Une volonté qui passe donc par la réglementation modifiée, en instaurant le financement des « des projets de territoire innovants en matière d’offre de soins » : il en résulte des subventions de 5 000 €, 10 000 € ou 15 000 € selon les zones et les difficultés d’accès aux soins, versées à une association de professionnels de santé ou à une collectivité.

De nouvelles aides, donc. Mais aussi une suppression des fonds pour le logement : logique, puisque les CHU de Montpellier et de Toulouse ont désormais mis en place des indemnisations supérieures à celle proposée par le Département (300 € contre 200 €). Clap de fin, également, de la bourse mensuelle de 1 000 € attribuée lors du stage de six mois de dernière année des stagiaires, en contrepartie d’une installation pendant cinq ans : “L’appareil n’a été utilisé que quatre fois depuis 2019, précise Chloé Danillon. Et les bénéficiaires ont déclaré qu’ils avaient déjà décidé de s’installer dans l’Aude, et que la subvention n’avait pas été déterminante. Une illustration de la nécessité d’évoluer pour s’adapter aux besoins locaux : «C’est de là que doivent venir les initiatives», estime Chloé Danillon. « La coordination avec l’ARS, les intercos, les communes, ça marche. La volonté politique est là, les professionnels de santé doivent pouvoir travailler ensemble.

 
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