Un militant et un prédicateur ont été placés sous mandat d’arrêt après avoir pris pour cible le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko et ses récents propos sur l’homosexualité, a indiqué jeudi à l’AFP l’un de leurs avocats.
Les deux hommes ont été inculpés de « diffusion de fausses nouvelles » et d’« outrage » au chef du gouvernement, a indiqué l’un de leurs avocats, Me Amadou Sall. Ils seront jugés lundi devant le tribunal des flagrants délits de Dakar, a-t-il précisé.
“Il s’agit d’une tentative de museler toute voix dissidente”, a-t-il réagi.
Le militant Bah Diakhaté, arrêté lundi par la Division de Recherche Criminelle (Dic, police judiciaire), s’est livré dans une vidéo à des attaques contre M. Sonko après une déclaration de ce dernier sur le thème de l’homosexualité à l’occasion de la visite du radical français L’opposant de gauche Jean-Luc Mélenchon.
Le prédicateur Cheikh Ahmed Tidiane Ndao, placé en garde à vue mardi par les mêmes services, a critiqué le Premier ministre dans une autre vidéo pour ce qu’il dénonce comme une complaisance à l’égard de l’homosexualité.
M. Sonko, champion d’un souverainisme et d’un panafricanisme imprégné de préoccupations sociales et de valeurs traditionnelles, a critiqué ce qu’il considère comme des tentatives des pays occidentaux d’imposer leur mode de vie aux pays africains et de pousser à la légalisation de l’homosexualité. Il a parlé de « casus belli ».
L’homosexualité est largement considérée comme une déviance au Sénégal où la loi punit les « actes contre nature avec une personne du même sexe » d’une peine d’emprisonnement d’un à cinq ans.
M. Sonko a réclamé le respect des pays occidentaux pour les spécificités des sociétés africaines pour lesquelles, selon lui, « la question du genre n’est pas nouvelle » et qui « les gèrent à leur manière ».
“Depuis la nuit des temps jusqu’à aujourd’hui, les sociétés ont vécu avec ces phénomènes et il n’y a jamais eu de persécution, ni ici au Sénégal ni nulle part en Afrique”, a-t-il déclaré. Si le fait « n’est pas accepté, il est toléré », a-t-il déclaré.
Des milieux proches des religieux, des opposants et des militants ont critiqué M. Sonko pour avoir défendu la tolérance envers l’homosexualité et pour avoir offert à M. Mélenchon une tribune pour plaider la cause des minorités sexuelles.