sur 67 pharmacies du Lot, 63 seront fermées jeudi prochain

sur 67 pharmacies du Lot, 63 seront fermées jeudi prochain
sur 67 pharmacies du Lot, 63 seront fermées jeudi prochain

l’essentiel
Dans le Lot, près de 95 % des pharmacies garderont leurs portes fermées jeudi 30 mai. Dans quel but ? Une journée de mobilisation pour tirer la sonnette d’alarme. Un pharmacien cadurcien témoigne.

Près de 95 % des pharmacies du Lot garderont rideaux fermés jeudi 30 mai. Sur 67 entreprises recensées à l’annuaire des pharmacies, 63 d’entre elles observeront le mouvement de grève. Un événement inédit pour une profession qui mobilise peu, mais qui est à bout de souffle. A Cahors, Isabelle Delporte dirige la pharmacie de quartier, rue du Portal Alban. Ces derniers n’ont pas attendu une minute pour rejoindre le mouvement de grève.

Lire aussi :
Grève des pharmaciens du Lot : “il y a de l’exaspération”, pharmacies fermées le 30 mai

« Nous avons atteint le point de rupture. Ce qui m’épuise, ce sont les pénuries de médicaments et les risques pour la santé publique », annonce-t-elle. Pour le pharmacien, cette situation est « insupportable ». Isabelle Delporte constate une nette dégradation depuis le covid. « Après, il y a eu la guerre en Ukraine… Mais aujourd’hui, c’est pire. Les concitoyens n’en ont conscience que lorsqu’ils sont personnellement concernés », souffle-t-elle.

Pénurie de médicaments pour les maladies chroniques

Un élément inquiétant : les ruptures commencent à toucher des maladies chroniques, pour lesquelles il n’existe pas forcément de substitut. « Les médecins modifient les prescriptions, mais cela peut mettre les patients en danger. Il existe par exemple des ruptures cycliques dans les traitements antidiabétiques. Nous avons des alternatives mais ce n’est pas exactement le même traitement. Le diabétique, lui, est mal équilibré, cela peut nécessiter davantage de traitements voire une hospitalisation. Tout cela est un surcoût», regrette le pharmacien. Les traitements antiépileptiques sont également mis à rude épreuve. « Nous passons environ huit heures par semaine à chercher des alternatives », souffle Isabelle Delporte, qui relie ces ruptures au prix de remboursement des médicaments.

Lire aussi :
Pénurie de médicaments : « J’ai été obligé de donner du sirop pour enfants à un homme de 45 ans, c’est vraiment du bricolage »

Autre élément qui pousse Isabelle Delporte à se mobiliser : « Les gens sont insuffisamment informés. En pharmacie, au comptoir, il est possible de trouver une affiche avec un QR code. Au-dessus, on peut lire : « Hier, vous alliez chercher votre traitement. Aujourd’hui, vous chercherez toujours votre traitement. Et demain… Vous chercherez toujours votre traitement. Votre santé ne peut pas attendre ! Le patient peut flasher le QR code et cela alerte directement les parlementaires, Huguette Tiegna et Aurélien Pradié. « Nous essayons de sensibiliser les patients, notamment les mères qui recherchent des médicaments pour leurs enfants. On leur dit d’envoyer des courriers à l’ARS mais ils ne le font pas », regrette le pharmacien.

« Une vraie préoccupation »

Isabelle Delporte pointe d’autres facteurs dans cette mobilisation. « La baisse des rémunérations. Nous avons de très petites structures, la trésorerie est serrée. Nous sommes une pharmacie de quartier. Nous faisons le travail ici mais nous ne sommes pas riches. Nous sommes une équipe de 5 personnes et nous aimerions pouvoir vivre de notre métier. Nous avons autant de mérite qu’une plus grande pharmacie », dit-elle. La pression sur les pharmacies rurales est aussi au cœur de cette grève. « Ils sont en difficulté. Ce n’est pas facile de tenir, et c’est très difficile de trouver des repreneurs », poursuit le pharmacien.

Isabelle Delporte conclut : « quel modèle voulons-nous pour demain ? Que souhaitons-nous pour notre santé ? Je ne pense pas que le modèle pharmaceutique soit si mauvais qu’il doive être autant réformé. Il y a un ras-le-bol et surtout une réelle inquiétude quant à l’accès aux soins pour tous et partout.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Hélène Laporte estime que « l’association » RN-LR est demandée sur le terrain
NEXT l’Agglo propose cette année deux programmes d’été