Le canton de Genève vote la baisse du salaire minimum dans les crèches privées – rts.ch – .

Le canton de Genève vote la baisse du salaire minimum dans les crèches privées – rts.ch – .
Le canton de Genève vote la baisse du salaire minimum dans les crèches privées – rts.ch – .

Les crèches privées pourront-elles embaucher une partie de leur personnel au Smic ? La population genevoise est appelée à répondre à cette question le 9 juin prochain. En payant moins, les crèches privées espèrent créer des places dans un contexte tendu.

Depuis 2020, les institutions de la petite enfance sont tenues soit de respecter une convention collective de travail, soit de s’aligner sur les conditions de la Ville de Genève, toutes deux plus généreuses. La droite veut changer cette situation et permettre aux crèches privées d’embaucher à 24 francs de l’heure, le salaire minimum. Indignés, la gauche et les syndicats lancent un référendum.

Actuellement, le système d’accueil de la petite enfance du canton de Genève est une mosaïque explosive. Il existe des crèches publiques, des crèches subventionnées et des crèches entièrement privées. Ceux-ci représentent environ 700 places.

Cela se produit dans un contexte de pénurie. Environ 3 200 enfants ne bénéficient pas de solutions de garde collective. Il existe également une pénurie d’éducateurs : selon les projections, d’ici 2029, il faudra environ 2 500 professionnels supplémentaires. Pour les parents, cette situation entraîne de longs délais d’attente et un prix qui peut doubler jusqu’à près de 4’000 francs par mois pour un enfant gardé à 100% dans le privé.

Peur de la faillite

Ce vote est ensuite scruté avec attention, notamment par les acteurs de terrain. Magali Chaffard est la patronne de la crèche Lolilola, au Grand Saconnex, l’une des quelque 30 crèches 100% privées du canton. Elle explique dans La Matinale que sans subventions, s’aligner sur le public et payer des salaires plus élevés conduirait son établissement à la faillite.

«Nous avons fermé deux crèches de 40 places et licencié 20 personnes en l’espace de deux ans pour répondre aux normes genevoises. Nous avons vu notre masse salariale augmenter de 30 %, avec un treizième salaire et des conditions dans lesquelles nous pouvons difficilement le respecter.

Elle poursuit : « Nous essayons de continuer du mieux que nous pouvons par respect pour les parents et les enfants accueillis et les salariés. Mais si le vote aboutit à un non, nous devrons inévitablement clôturer. Nous sommes les seuls à respecter toutes les normes, et ce n’est pas durable.»

Nous avons des conditions très agréables au quotidien. Cela ne me dérange pas de renoncer à une partie du salaire

Célia, salariée de la crèche Lolilola au Grand Saconnex

Selon Magali Chaffard, une baisse de salaire n’entraînerait pas forcément une diminution de l’attractivité de sa crèche. Et ce, malgré la pénurie de personnel qui touche le canton. Son employée depuis cinq ans, Célia, le confirme.

« Ce que j’aime, c’est le côté familial, où je suis totalement pris en compte dans toute l’institution. Nous avons une équipe soudée, nous avons donc un taux d’absentéisme très faible. Et nous avons des conditions très agréables au quotidien. Cela ne me dérange pas de renoncer à une partie du salaire, sachant qu’avant le CCT, il n’était pas non plus très bas.»

« Un projet rétrograde »

A la crèche publique des Ouches, à Châtelaine, Matteo, assistant socio-éducatif depuis trois ans, prend également son travail très au sérieux. Mais il explique que son salaire n’est pas non plus une panacée. «Sur mon compte, il y a environ 4’000 francs qui rentrent par mois à 100%. Je ne vais pas m’en plaindre, je peux en vivre, mais je ne peux pas partir en vacances chaque année.

Pour sa collègue éducatrice Maria Barela Maguy, ce vote est le signe d’un manque de reconnaissance de la profession. « On peut dire que c’est presque un camouflet. On a le sentiment de remonter le temps, cela semble très rétrograde, dans le sens où la petite enfance a eu du mal à obtenir une reconnaissance, une revalorisation.

On a le sentiment de faire un pas en avant et deux pas en arrière, de devoir se justifier à tout moment, alors que c’est vraiment quelque chose qui relève du domaine de la société.

Maria Barela Maguy, éducatrice à la crèche publique des Ouches, à Châtelaine

« En termes de connaissances sur le développement de l’enfant, de psychologie de l’enfant, on sait à quel point c’est un être particulier, on sait qu’il a besoin de soins collectifs spécialisés. On a le sentiment de faire un pas en avant et deux pas en arrière, de devoir se justifier à tout moment, alors que c’est vraiment quelque chose qui relève du domaine de la société.»

A Genève, la situation est complexe et les disparités sont nombreuses. Le vote du 9 juin ne devrait pas être le dernier sur le sujet. Tous les partis envisagent de résoudre l’épineuse question de l’accueil préscolaire au bout du lac Léman.

Mohamed Musadak/asch

 
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