En Gironde, les tribunaux de commerce sont toujours pleins

En Gironde, les tribunaux de commerce sont toujours pleins
En Gironde, les tribunaux de commerce sont toujours pleins

De nombreuses entreprises du BTP poussent en ce moment la porte du tribunal de commerce. Photo d’illustration : Adobe Stock

La Chambre de Commerce et d’Industrie Bordeaux Gironde dévoile son dernier baromètre économique. Si des difficultés passagères se font sentir pour certains secteurs comme le commerce ou les services, d’autres sont plus gravement touchés. C’est le cas des CHR et du BTP dont beaucoup d’entreprises sont à la tête du tribunal de commerce.

« Morosité ambiante ». Voilà comment résumer sobrement l’économie girondine au premier trimestre 2024 selon Patrick Seguin, président de la CCI Bordeaux Gironde. « La situation économique est plutôt décevante, les entreprises sont confrontées à des problèmes de trésorerie, de carnets de commandes et de marges », il continue. Selon le dernier baromètre du CCIBG, ces trois indicateurs se dégradent de huit points. Et dans le détail, plusieurs secteurs d’activité sont concernés. Les CHR (cafés-hôtels-restaurants) d’abord, qui “marquer le pas” après un second semestre 2023 « plutôt positif ». Raison invoquée : une forte baisse de fréquentation, mais aussi des tensions récurrentes sur les marges. Les détaillants, également touchés par cette baisse de fréquentation, voient leur chiffre d’affaires baisser ; tout comme les services. « L’industrie maintient son activité malgré des carnets de commandes décevants »déroule la chambre consulaire, qui se termine par le dossier de la construction, particulièrement touché par la crise immobilière, « avec des marges dégradées et moins de chantiers ».

Les CHR et le bâtiment dans le rouge

Au-delà de ces difficultés, qui peuvent être temporaires pour certaines activités, ce sont surtout leurs conséquences qui inquiètent aujourd’hui Patrick Seguin. Selon le président de la Chambre de commerce et d’industrie Bordeaux Gironde, le nombre de dossiers traités par les deux tribunaux de commerce du département (Bordeaux et Libourne) explose. « Sur l’ensemble de l’année 2023, nous avons eu 1 668 dossiers. Rien que sur les trois premiers mois de 2024, nous en sommes à 745, soit une augmentation de 55 % entre les deux derniers trimestres. » Et pour alerter : « Les courts commencent à être surbookés ici à Bordeaux, il y a désormais des séances supplémentaires le vendredi. Les juges sont bénévoles, on arrive à la limite et on est inquiet. »

Comment expliquer cette augmentation ? En remboursant les dettes impayées auprès de l’URSSAF ou les impôts notamment, ainsi que les échéances des Prêts Garantis par l’Etat (PGE). « Certains managers avaient souscrit des PGE en se disant : « de toute façon, on ne remboursera jamais ». Tout cela combiné, ajouté à l’inflation et au resserrement d’un certain nombre de domaines, explique la situation actuelle. », analyse Patrick Seguin. Sans surprise, les deux secteurs d’activité les plus touchés semblent être l’hôtellerie et la construction. « Il y a plus de 700 restaurants à Bordeaux. Si l’on compte 30 couverts en moyenne par établissement, cela fait 21 000 personnes qui mangeraient au restaurant midi et soir, esquisse le président de la Chambre consulaire. Y a-t-il trop de restaurants à Bordeaux ? » Malgré ce contexte compliqué, les dirigeants girondins anticipent un second semestre plus favorable, comptant sur la baisse de l’inflation pour voir la clientèle revenir et les carnets de commandes se remplir. « L’amélioration de la situation économique des entreprises devrait automatiquement entraîner une réduction des pressions sur la trésorerie », note la CCI. Lequel précise que les chefs d’entreprise, dans l’attentisme, envisagent d’investir moins qu’au premier semestre 2024, craignant « devoir composer avec des marges encore réduites ».

Départ de Ryanair : « dont l’acte »
Rappelant d’abord que la CCI Bordeaux Gironde est le deuxième actionnaire de la société aéroportuaire, Patrick Seguin revient également sur la récente annonce de Ryanair de fermer sa base de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, supprimant 90 emplois locaux. « Ce départ n’était pas souhaité par l’aéroport. Ryanair est une compagnie qui a des pratiques commerciales un peu inhabituelles, avec laquelle nous sommes en conflit depuis six ans. La compagnie est retournée à l’aéroport pour trouver un compromis et sortir de cette situation, une médiation a eu lieu et ils sont parvenus à un accord qui a mis fin à la procédure judiciaire. Il a ensuite fallu renégocier les conditions tarifaires […], et dès la clôture de la procédure judiciaire, Ryanair, qui avait dit « oui » aux accords commerciaux, a dit « non », arguant qu’elle avait besoin d’une remise substantielle. Ce que nous avons appris, c’est qu’ils sont habitués à faire cela dans de nombreux aéroports. […]. Nous n’avons pas apprécié le chantage au travail qu’ils ont fait, Ryanair s’en va, quel acte. » Et de souligner qu’une quarantaine de compagnies aériennes sont déjà en lice pour reprendre les créneaux horaires de la compagnie low-cost.

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