Adel Fugazi, un rire sans queue ni tête – Seine-Saint-Denis

Adel Fugazi, un rire sans queue ni tête – Seine-Saint-Denis
Adel Fugazi, un rire sans queue ni tête – Seine-Saint-Denis

Pourquoi ce titre « Pause » ?

Parce que l’émission est un peu en rupture avec tout ce qu’on entend dehors : tout le brouhaha extérieur, l’actualité, les prises de position, tout ça. C’est un moment où je m’autorise et on s’autorise à parler d’autre chose… Rien de clivant. On se retrouve et on trouve une manière de rire ensemble, de choses triviales peut-être, mais qui peuvent nous rapprocher. C’est un spectacle fédérateur.

Vous définiriez-vous comme un comédien absurde ?

Ce que j’aime, c’est faire des blagues qui n’ont ni queue ni tête.

Vous décortiquez des jeux d’enfants, des phrases du quotidien, des mots à double sens, pour en révéler des absurdités…

J’aime parler de choses qui ne parlent pas : les fruits de mer, les gâteaux… Si c’est ça l’absurde. Alors oui, je le fais. C’est un peu le nerf du spectacle !

Écrivez-vous seul ?

Oui, j’ai écrit la série moi-même. Je confronte ensuite mes idées à des amis, amis comédiens, amis. Après, seul le public peut dire si c’est drôle ou pas. C’est le juge.

Sur scène, utilisez-vous l’improvisation ?

Non, non, tout ce qui est absurde est réellement écrit. Il y a un peu ce côté enfantin, candide, mais c’est travaillé. Je m’inquiète même un peu à propos de ce genre de choses. Mais oui, il y a bien un texte que j’ai soumis à la SACD. Il y a vraiment un document !

Enfant, vous aimiez déjà faire rire les gens ?

Avec ma sœur, on faisait souvent des spectacles, des tours de magie lors des repas de famille. J’ai toujours aimé un peu les spectacles, le théâtre… Je l’ai fait dans ma ville à La Courneuve. J’étais un gars plutôt drôle, mais toujours timide avec les gens que je ne connaissais pas. Je n’étais pas très extravagant mais je faisais rire mes amis et ma famille. J’ai toujours été comme ça, mais je ne me suis jamais dit que c’était une carrière.

Quel métier voulais-tu faire quand tu étais petite ?

Footballeur comme tout le monde. J’ai joué dix ans au football au Redstar, Bobigny et Saint-Ouen. Lorsqu’on m’a demandé de choisir entre le théâtre et le football, j’ai même arrêté le théâtre. Ensuite, j’ai voulu devenir directeur d’hôpital, j’ai même passé les examens de la fonction publique, je suis allé jusqu’en master 1, puis j’ai abandonné le métier.

Quel est le déclic pour monter sur scène ? où as-tu trouvé le courage ?

Je me suis lancé sur scène lorsque j’ai abandonné mes études, lorsque j’ai arrêté mes études. A la fin de mon deuxième Master 1 que je n’ai toujours pas eu. Ces études, même si j’étais allée loin, n’étaient pas pour moi. Alors, qu’est-ce que tu aimes faire ? que peux-tu faire ? Comédien? Peut-être y a-t-il une possibilité ? Même si ce n’est pas énorme… Je me suis dit : « Essaie ». C’était ma dernière chance, je ne me voyais pas faire autre chose.

De nombreux comédiens viennent de Seine-Saint-Denis : Yacine Belhousse, Kheiron, le comte de Bouderbala, Vérino ou encore Pierre Desproges…

Vous verrez que dans les années à venir il y en aura de plus en plus. Nous sommes beaucoup en Seine-Saint-Denis.

Il y a même un Comedy club à Aulnay

Oui, ce sont des gens que je connais qui l’ont ouvert. J’ai joué chez eux au tout début de l’ouverture du lieu. Il y a désormais des clubs de comédie partout, même dans les chichas. Le public qui vient à Aulnay n’est pas le même que le public parisien ou celui des chichas du 92. L’enjeu est de parler à beaucoup de monde et de ne pas se cantonner à plaire à un type de public. Il y a beaucoup de monde. Il faut essayer de parler à tout le monde. A nous de voir plus loin, d’aller partout en . Parce que le stand-up, ce n’est pas Paris qui parle de Paris à Paris… l’idée est d’essayer de parler au plus grand nombre.

Waly Dia y a créé le premier festival d’humour. Que pensez-vous de la scène comique en Seine-Saint-Denis ?

Waly m’a invité à son festival, c’était tellement bien, vraiment génial de pouvoir jouer à Saint-Denis dans une grande salle aussi. Les prix des billets très attractifs permettaient d’accéder à une culture folle ! Les comédiens qui se produisent à Paris sont venus à Saint-Denis, avec un bon cachet. Waly a très bien fait les choses. En Seine-Saint-Denis, il y a un vrai public. Il y a une demande. Alors finalement, pourquoi aller à Paris pour voir des spectacles, quand il y a des infrastructures en Seine-Saint-Denis pour accueillir de bons spectacles. Et c’est ce qu’il a réussi à faire.

Riez-vous facilement au quotidien ?

J’ai plus de mal à faire rire aujourd’hui. En étant dans cet environnement, j’ai l’impression que cela m’a rendu un peu insensible. Et en même temps, quand on est entre comédiens, on rit comme des fous. Et parfois, c’est juste nous qui rions. On est mort de rire mais pas le public. Certains comédiens ont la reconnaissance de leurs confrères mais pas encore du public.

Vous travaillez parfois avec Julien Santini. Comment est né votre duo ?

Avec Julien, nous nous sommes rencontrés pour la première fois sur le tournage de Don K – un club de comédie dirigé par le légendaire Don Camillo. Je l’ai trouvé hilarant à Montreux. J’étais fan de lui avant de devenir son ami. Je me souviens de sa blague dans les vestiaires de Don K. Il y avait une petite fenêtre entre la cuisine et le dressing et Julien frappa à la porte : « Fugazi au salon !! » Cela m’a tellement fait rire que quelques jours plus tard, nous avons commencé nos vidéos ensemble. Nous n’avons pas abandonné. Son spectacle est vraiment génial. Cela me fait pleurer de rire. Je l’ai vu 7-8 fois, je le connais par cœur… Hilarant.

Dans votre spectacle à la Nouvelle Seine, invitez-vous d’autres comédiens sur scène ?

Mes premiers jeux changent beaucoup. Il y a bien sûr mon ami Félix Junier qui réussit bien sur les réseaux. Nous avons commencé le stand-up le même jour, il y a 6 ans dans un cours de stand-up. Il est originaire de Melun. Il y a aussi mon ami Markouch. Et mon ami Patrick Douglas. C’est lui qui m’a fait débuter dans le stand-up. Nous nous sommes rencontrés à l’université, en troisième année de licence, à Paris 13 Villetaneuse, il était déjà sur scène. Je ne l’avais jamais fait, mais je l’aimais tellement, j’étais un si bon public. Alban Ivanov, Bun Hay Mean, il les connaissait. Du coup, je l’ai suivi sur scène pendant deux ans sur tous les plateaux. Avec la voiture je l’ai déposé, je l’ai ramené, il vivait comme moi en banlieue, à Noisy-le-Sec. Après deux ans à le suivre, je me lance enfin. Avant, je n’avais pas le courage. Pendant six mois j’ai suivi des cours de stand-up chez Sonart à Pigalle. Il y avait Félix, Rodrigue qui est un comédien qui travaille aussi très bien.

Est-ce qu’écrire est douloureux ou un plaisir ?

J’aime le processus créatif. J’écris beaucoup sur mon téléphone, sur mon PC, des notes et j’y reviens quand j’ai le temps. Je n’ai jamais écrit dans la douleur, dans la difficulté. Je ne suis pas le plus assidu des auteurs. C’est bon. Mais je m’oblige à faire preuve d’une certaine rigueur pour ma production sur les réseaux sociaux. Je me force à n’inclure que des passages nouveaux qui ne sont pas dans l’émission. Le meilleur que je garde pour le spectacle.

La Nouvelle Seine Theater, 3 Quai de Montebello
Paris 5.

 
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