La première usine de compostage officiellement inaugurée à Montréal

La première usine de compostage de Montréal ouvre officiellement ses portes lundi, même si elle est en activité depuis plusieurs mois. Radio-Canada a eu accès aux installations de pointe attendues depuis 15 ans, qui valorisent les restes de table des citoyens en un « or brun » aux mille vertus.

Près de 25 % de la population montréalaise verra ses matières organiques traitées localement.explique Marie-Andrée Mauger, responsable de la transition écologique et de l’environnement à la Ville de Montréal.

Nous pourrons redistribuer [le compost] aux Montréalais, la ville pourra l’utiliser dans ses parcs et il sera utilisé en vente pour l’agricultureénumère celui qui est également maire de Verdun.

Le tout nouveau centre de compostage, construit par la multinationale française Veolia au coût de 169 millions de dollars, est situé sur le boulevard Henri-Bourassa Ouest dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Elle dessert les districts et communes rattachées de l’ouest de l’île, avec une capacité de traitement annuelle de 50 000 tonnes de matières organiques, aussi bien des restes alimentaires que des déchets de jardin.

Pour illustrer, c’est l’équivalent de 12 piscines olympiques remplies de trognons de pommes, de feuilles mortes et même de pelures de bananes.

Les matières organiques sont broyées, nettoyées de leurs contaminants et mélangées selon des paramètres bien précis.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Avec cette matière, l’usine produira jusqu’à 20 000 tonnes de compost de catégorie A chaque année. Le taux de contamination étant inférieur à 1%, cela ou brun peut se propager sans risque dans les champs.

Actuellement, la plus grande partie des matières résiduelles des Montréalais est transportée par camion vers l’Ontario ou à Joliette, dans Lanaudière, parcourant jusqu’à environ 190 kilomètres avant d’être traitée. Grâce à cette nouvelle usine, la distance parcourue descend à six kilomètres, se réjouit l’ingénieur Alexis Caron-Dionne, chef de section au service de l’environnement de la Ville.

Et les odeurs ? Le quartier n’a rien à craindre, assure-t-il. L’usine est entièrement étancheun fait rare pour ce type d’installation au Québec, dotée de plus d’un système de ventilation à la fine pointe de la technologie.

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Un tracteur brasse des matières organiques dans l’un des tunnels du centre de traitement de l’arrondissement Saint-Laurent, à Montréal.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Semaines de travail

Le centre de compostage fonctionne à toute heure du jour et de la nuit grâce à des installations automatisées. La vingtaine d’employés qui y travaillent se chargent notamment de réceptionner les camions bennes qui sillonnent l’ouest de la ville pour récupérer le contenu des bacs bruns.

A leur arrivée, ces camions sont pesés puis redirigés vers l’une des quatre grandes portes du centre prévues à cet effet. Celles-ci mènent à un passage fermé dans lequel la deuxième porte ne peut s’ouvrir que si la première est fermée. Nous voulons vraiment garder l’air à l’intérieur du bâtimentexplique Alexis Caron-Dionne.

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Le nouveau centre de traitement des matières organiques de Montréal ne dégage aucune odeur à l’extérieur de ses installations.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Les camions déchargeront ensuite les matières résiduelles dans l’usine, où elles seront collectées pour être transportées vers un convoyeur. Les matériaux seront broyés, nettoyés de leurs contaminants et mélangés selon des paramètres très précis.

L’une des caractéristiques du centre est que nous pouvons éliminer les petites particules de plastique pour garantir que nous disposons d’un compost dont l’utilisation sera illimitée.se félicite l’ingénieur, appelant toujours les citoyens à utiliser des sacs en carton pour disposer de leurs restes de table.

La matière organique sera ensuite transférée pendant trois semaines dans des tunnels en béton, afin qu’elle puisse se décomposer en étant aérée, et perdre son odeur putride. Vient enfin la dernière étape : celle de la maturation, durant laquelle le mélange est transféré dans une autre zone du centre où il reposera pendant quatre semaines.

On obtient pratiquement un compost, avec une certaine humidité et une odeur agréableindique l’ingénieur Alexis Caron-Dionne. Durée totale du parcours d’un trognon de pomme entre les murs du centre Saint-Laurent ? Huit à neuf semaines.

>>Un homme portant un casque blanc et un gilet de sécurité réfléchissant tient du compost dans ses mains.>>

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Ingénieur Alexis Caron-Dionne, chef de section du service de l’environnement de la Ville de Montréal.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Les Montréalais boudent le bac brun

Avec ce centre de compostage inauguré en grande pompe lundi, l’administration Plante espère motiver la population à participer davantage au compostage. Bien que huit résidences sur dix soient desservies par une collecte municipale de compostage, seulement le tiers des Montréalais (35 %) ayant accès à un bac brun ou à un sac de compostage l’utilisent régulièrement, selon les données de la Ville.

Nous devons stimuler la participationreconnaît Marie-Andrée Mauger, alors que la Ville vise un taux de 60 % d’ici 2025. Nos décharges se remplissent à grande vitessenote-t-elle, faisant notamment référence au seul centre d’enfouissement de la région de Montréal qui aura atteint sa pleine capacité d’ici 2029.

La moitié de notre sac poubelle est constituée de matières organiques. Lorsque cette matière organique finit dans les décharges, elle crée beaucoup de gaz à effet de serre. Il génère du méthane et du lixiviat, qui est un liquide toxique.

Une citation de Marie-Andrée Mauger, responsable de la transition écologique et de l’environnement à la Ville de Montréal

Cela rappelle que la collecte des matières organiques – tout comme le recyclage – n’est pas facultative, mais obligatoire à Montréal, même si la Ville prend très peu de mesures contre les contrevenants. Des amendes maximales de 2 000 $ pour une première infraction et de 4 000 $ pour une récidive sont prévues.

Une facture plus élevée

Cette usine de compostage à Saint-Laurent est dans les cartons de la Ville depuis une quinzaine d’années. L’annonce de sa construction remonte à l’administration de Gérald Tremblay, qui souhaitait construire cinq usines de transformation de matières compostables pour un coût total estimé en 2013 à 237 millions de dollars.

En 2019, la Ville a décidé de retenir deux projets, soit l’usine de Saint-Laurent et l’usine de biométhanisation de Montréal-Est, qui devraient voir le jour dans les prochains mois. Les imprévus et les retards ont fait passer la facture de 163,8 millions de dollars à 169 millions de dollars dans le cas du centre de traitement de Saint-Laurent.

Quant à l’usine de l’Est, le montant définitif n’est pas encore connu. La vérificatrice générale de Montréal, Michèle Galipeau, s’inquiétait toutefois en 2021 d’une explosion des coûts, critiquant l’administration Plante pour son manque de rigueur dans la gestion du dossier.

La facture du projet pourrait être presque le double de ce qui avait été prévu six ans plus tôt pour les cinq infrastructures, alors que seulement deux seront achevées» pouvait-on lire dans son rapport.

En mai 2023, la Ville de Montréal a conclu une entente avec l’entreprise Veolia après avoir prolongé 40 millions supplémentaires pour les deux projets et accepté de ne pas lui facturer 5,4 millions de frais de retard. Les chantiers sont alors paralysés en raison d’un conflit commercial.

Partout au Québec, 16 projets de traitement de matières organiques par biométhanisation ou compostage ont reçu de l’argent du gouvernement pour aller de l’avant. De ce nombre, 11 sont en activité.

With information from Marie-Josée Paquette-Comeau

 
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