Mais on voit aussi émerger quatre « projets stratégiques de grande envergure » dont le financement à moyen terme reste très incertain. Tellement incertain que bien qu’ils se retrouvent au sein du programme quinquennal d’investissements (PQI) couvrant les années 2025 à 2029, les montants associés à ces projets ne figurent tout simplement pas dans le document étudié vendredi à la cité hôtelière.
Les investissements municipaux totaux de ce PQI, à 530 millions de dollars sur cinq ans, demeurent donc très théoriques en raison de ces quatre inconnues majeures. Cela implique le déménagement du garage municipal, l’augmentation de la capacité de l’usine de traitement des eaux usées, l’installation de compteurs intelligents sur le réseau d’Hydro-Sherbrooke et l’ajout d’un cinquième poste de contrôle. distribution d’électricité.
Tous les projets comprenaient, tenez, entre 50 et 75 millions de dollars, selon des estimations encore élevées. La Ville espère évidemment un soutien gouvernemental important pour les atteindre, mais en l’absence de garanties, ils apparaissent pour l’instant insignifiants.
Interrogée sur l’exactitude de cet outil de planification, la mairesse Évelyne Beaudin a mentionné qu’il y a toujours eu une liste de projets exclus dans les anciens programmes d’immobilisations, que ce soit sur trois ou cinq ans, et qu’ils n’apparaissaient tout simplement pas dans les documents.
« On s’est dit ‘on sait qu’il faut faire ça, mais on va le faire plus tard’. Une chose en a entraîné une autre et cela signifiait que nous n’y avons jamais travaillé. La différence cette année, c’est que nous les mettons dans le budget [d’immobilisations]. Même si la ligne est à 0, cela signifie qu’il faut commencer à réfléchir à des stratégies de financement », explique-t-elle.
On comprend aisément que leur impact pourrait néanmoins être vertigineux lorsque la Ville est confrontée à leur mise en œuvre, d’autant que ces quatre projets ont été priorisés car ils ne peuvent être reportés indéfiniment.
« Chaque année, on se demande si on ne va pas connaître à nouveau une inondation [au garage municipal]», donne en exemple Mme Beaudin, alors que pour les compteurs intelligents, Sherbrooke est déjà à la traîne d’Hydro-Québec qui a pris le virage.
Alerte : la dette à l’horizon
Les projections présentées un peu plus tôt en mairie par la directrice financière Nathalie Lapierre révélaient tout de même un constat inquiétant. Ces projets d’envergure pourraient faire la différence entre l’atteinte ou non des objectifs financiers tels que le taux d’endettement de la Ville. Les calculs prenant en compte ces grands projets montrent que le ratio maximum établi pourrait être dépassé dès 2027. Tout cela dans un contexte où les taux d’intérêt ont grimpé à un niveau plus élevé ces dernières années et ne devraient pas baisser aussi rapidement.
Mme Lapierre a donc livré quelques propositions qui pourraient potentiellement parvenir à la Ville, certaines à plus court terme que d’autres. Le directeur des Finances recommande donc d’utiliser, dès 2025, les revenus du point de croissance de la TVQ payés par Québec pour payer les immobilisations en espèces. La réserve foncière que tente de constituer la Ville pourrait aussi être utile, mais il sera impossible d’y puiser au moins avant 2027, a-t-elle rappelé.
Mme Lapierre a également présenté des hypothèses telles que l’augmentation graduelle de la taxe d’assainissement pour financer le projet d’usine de traitement des eaux usées ou encore l’imposition de redevances sur la promotion immobilière aux promoteurs.
De quoi le contribuable doit-il s’inquiéter ? « Générer de nouveaux revenus est difficile. Voulez-vous, ne voulez-vous pas, c’est dans la poche du citoyen qu’on va regarder», a prévenu la conseillère Annie Godbout.
«Nous ne sommes pas prêts en 2025 à arriver avec une nouvelle ligne sur le compte de taxes ou quelque chose comme ça. C’est trop rapide. Ces projets [stratégiques] ne sont pas encore suffisamment définis», a toutefois indiqué le maire.
Pour l’avenir, rien n’est moins sûr, ajoute-t-elle. “Les candidats à l’élection de 2025 devront être profondément conscients de ce dilemme”, a-t-elle déclaré, parlant notamment de ces quatre projets et mettant également en garde contre des coupes qui pourraient mettre à mal le maintien des actifs. .
Elle plaide au contraire pour de nouvelles recettes pour la Ville, alors que des élus comme Hélène Dauphinais ont plutôt appelé à « sortir la loupe et supprimer les entreprises ». [du PQI]même si cela nous fait mal.
Défi accepté, répond Mme Beaudin. « Le comité exécutif a fait son travail, a coupé le plus possible tout ce qu’il était capable de couper, ligne par ligne. Si les gens voient d’autres choses que nous pouvons couper, nous restons ouverts aux suggestions », a déclaré le maire.
A suivre cet automne
Le PQI préliminaire, qui doit être adopté officiellement plus tard cet automne, prévoit des dépenses en immobilisations de près de 104 millions de dollars par la Ville en 2025, soit une augmentation de 13 % par rapport aux investissements municipaux de l’an dernier. Les immobilisations 2025 correspondent cependant pratiquement à celles prévues dans le dernier PQI pour cette année, soit 102 millions.
A titre informatif, on retrouve entre autres le projet de bibliothèque Fleurimont. Même si la version la plus récente du projet n’a pas été adoptée par le conseil municipal, le projet n’est pas exclu, mais repart plutôt de zéro.
À court terme, les besoins seront évalués en commission, a récemment convenu le conseil municipal. Au PQI, il y a aussi 750 000 $ pour planifier le projet en 2026, puis 22,5 millions de dollars sont prévus pour 2028-2029, avec l’espoir que la Ville en obtienne la moitié en subventions.
Le document reste préliminaire. Les discussions sur le PQI se poursuivront la semaine prochaine à l’hôtel de ville de Sherbrooke et l’adoption du budget de fonctionnement et du PQI aura lieu en décembre prochain.