Le Cantal n’est plus complètement un désert médical

Le Cantal n’est plus complètement un désert médical
Le Cantal n’est plus complètement un désert médical

Un peu plus de 30 % de la population française vit dans un désert médical, selon un rapport sénatorial déposé en 2022. Cela se traduit par des difficultés à trouver un médecin traitant ou à obtenir un rendez-vous avec son praticien. Cette désertification médicale et les inégalités d’accès aux soins sur le territoire national se sont même accentuées ces dernières années.

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Dans ce contexte, c’est une annonce qui ne passe pas inaperçue. L’Ordre des médecins du Cantal vient de révéler que le département comptait 63 médecins de plus par rapport à 2020. Cela inclut toutes les spécialités et tous les modes d’exercice, privés ou hospitaliers. Cela signifie que le département compte aujourd’hui 570 médecins.

« C’est un bon résultat qui nous place non loin de la moyenne nationale en termes de nombre de médecins par habitant. On peut dire que nous ne sommes plus un désert médical. Il y a une bonne dynamique», affirme Jean-François Collin, président de l’Ordre des médecins du Cantal.

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Un bilan positif dû, en partie, à une politique incitative menée ces dernières années dans ce département rural de 145 000 habitants, au sud de l’Auvergne. L’aide fiscale facilite l’installation. Cela peut passer par la prime de 50 000 euros accordée par l’ARS (Agence régionale de santé, ndlr) ou par des exonérations d’impôt sur le revenu ou de charges sociales.

“Mais nous ne sommes pas le seul territoire à bénéficier de ce geste, il touche 13 000 communes situées en zone de revitalisation rurale”, souligne Bruno Faure, le président du Conseil départemental du Cantal.

Médecins salariés de la Région

Il a donc fallu actionner d’autres leviers pour se démarquer. Le Département facilite ainsi l’hébergement des internes et stagiaires en médecine et organise des « journées découvertes » pour ces jeunes afin de les inciter à rester dans la région.

« Nous les invitons par exemple à un match de rugby au Stade Aurillacois ou à s’initier au ski dans notre station du Lioran. Nous organisons des soirées bowling… Nous avons également mis en place un service de conciergerie pour accompagner toutes les personnes qui s’installent sur notre territoire, les médecins peuvent en bénéficier. Nous les accompagnons dans la recherche d’un logement, d’un emploi pour leur conjoint… », énumère Bruno Faure.

Une meilleure organisation des gardes, notamment une bonne régulation des gardes, facilite également le travail des praticiens. Ce qui nuit à l’attractivité du territoire. Surtout, pour attirer les candidats, le Département, avec la Région, a dû opter pour le salariat.

Les deux collectivités ont embauché l’an dernier deux médecins à Rouget-Pers, commune du Cantal de 1 300 habitants, via un Groupement d’intérêt public (GIP). Les deux médecins précédents, partis à la retraite, n’ont pas pu trouver de remplaçant et la situation était devenue critique pour les résidents.

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Ce sont donc les services de la Région et du Département qui ont installé le matériel technique et médical, pour un montant de 20 000 euros. Le GIP a également versé l’an dernier (d’août à décembre) 80 000 euros pour la rémunération des médecins et du secrétariat médical.

« Ce n’est pas ‘la’ solution mais ça peut faire démarrer les jeunes, c’est une corde de plus à notre arc pour compenser ce manque de médecins. Mais ça ne marche pas à chaque fois. Nous avons lancé la même opération à Chaudes-Aigues, une autre commune du département. Nous avons publié les offres il y a quatre mois et nous n’avons aucun candidat pour le moment”, déplore le président du Conseil départemental.

« Si nous ne sommes plus un désert, nous ne sommes pas non plus une prairie verte »

Il faut aussi relativiser ce bilan positif, souligne l’élu. Car bien sûr le département compte 63 médecins supplémentaires, mais tous ne sont pas à temps plein et des disparités territoriales subsistent. Le sud du département, notamment, manque cruellement de praticiens. Sans compter que certaines spécialités sont encore en difficulté.

« Il reste encore un point noir du côté des spécialistes. Si nous ne sommes plus un désert, nous ne sommes pas non plus une prairie verte. Nous avons 6 ophtalmologistes dans le service alors qu’il nous en faut 12. Les délais d’attente pour un rendez-vous peuvent atteindre un an. Nous avons aussi une pénurie en psychiatrie, en gynécologie-obstétrique… Nous avons dû demander des renforts au CHU de Clermont pour ce service”, explique Jean-François Collin.

Pénurie de dentistes

Aux urgences, le problème est également important. « À Aurillac, les urgences ont du mal à rester ouvertes 24h/24. Et je suis obligé de mobiliser des pompiers volontaires pour transporter les malades. C’est une réparation mais nous ne pouvons pas imaginer que cela continue.note Bruno Faure, également président du conseil d’administration du Sdis.

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Du côté des dentistes, ce n’est guère mieux. Le Cantal compte moins de 50 professionnels pour 100 000 habitants, soit le ratio le plus bas de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Face à ce manque de moyens, Chaude-Aigues bénéficie, jusqu’à cet automne, d’un service de cabinet dentaire itinérant, financé à hauteur de 240 000 euros par la Région et le Syndicat régional des professionnels de santé. Ce « conteneur » est installé en fonction des besoins de la population.

Zones d’amélioration

Il faut donc poursuivre nos efforts, reconnaître les acteurs du secteur. Pour Jean-François Collin, de l’Ordre des médecins du Cantal, il faut proposer davantage de contrats à la carte en fonction des choix de vie ou d’installation des praticiens.

« Il faut être très ouvert. L’hôpital l’a bien compris. Nous devons rapprocher encore davantage le public et le privé. Quelques pLes raticiens doublent leur activité en cabinet en ville et en milieu hospitalier », constate le chirurgien plasticien qui rejette l’idée de contraindre les médecins à exercer là où il y a une pénurie flagrante de médecins.

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« Il faut aussi mobiliser des professionnels pour être agréés comme maîtres de stage et ensuite, continuer à aller dans les universités, tisser davantage de liens avec les présidents de chaire. Il faut avoir des références, des « influenceurs » qui puissent vanter le Cantal.conclut Bruno Faure.

 
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