La double aventure des mères entrepreneuses

La double aventure des mères entrepreneuses
La double aventure des mères entrepreneuses

A l’occasion de la fête des mères, Le soleil est allée à la rencontre de quatre mamans entrepreneuses pour échanger sur leurs enjeux et leurs réalités.

La rencontre était fixée mercredi en milieu d’après-midi, dans les bureaux de La Pièce, l’entreprise d’Azélie Pilon. Déjà, l’une d’elles annonce qu’elle devra s’absenter. «J’ai plusieurs clients et fournisseurs au salon», explique Michelle Carrier, propriétaire de M Coupe Beauté depuis 12 ans. Peu importe, nous irons la rencontrer sur son lieu de travail.

Cet imprévu illustre bien le premier défi évoqué par ces quatre entrepreneurs : il est impossible d’être partout à la fois.

« Mon activité demande du temps et de l’énergie. Je ne compte pas mes heures et je peux répondre aux emails jusque tard dans la nuit.

— Myranie Tremblay, propriétaire de l’agence Théo, spécialisée en relations publiques.

Mère de deux jeunes garçons âgés de 2 et 4 ans, Myranie Tremblay a racheté il y a deux ans l’agence qui l’employait. « Avec un bébé de six mois dans les bras, c’était tout un début !

À ses côtés, Azélie Pilon, cofondatrice de la plateforme de design La Pièce, affirme s’absenter régulièrement de chez elle, une semaine par mois, pour des obligations professionnelles à Montréal. « Je me sens toujours coupable, mais je sais que mes enfants ne manquent de rien. Je me sens en confiance”, dit-elle.

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Bien qu’elles œuvrent dans des domaines différents, Azélie Pilon, Andréanne Simard et Myranie Tremblay ont trouvé qu’elles avaient plusieurs points communs, dont la résilience, le sens de l’organisation et… la débrouillardise ! (Jocelyn Riendeau/Le Soleil)

La famille d’abord

Pourtant, la culpabilité est souvent évoquée lors des échanges avec ces femmes d’affaires.

Michelle Carrier manquait souvent les tournois de hockey de ses garçons alors qu’elle travaillait le samedi. «Mais je les reconduisais et les récupérais à l’école tous les jours. Cela a compensé », se souvient-elle.

Aujourd’hui, ses trois adolescents âgés de 14 à 17 ans sont plus indépendants, mais la famille reste la priorité.

« Être entrepreneur me donne plus de flexibilité. Il faut quelques années pour trouver son rythme, mais ça marche.

— Michelle Carrier, propriétaire de M Coupe Beauté

Même constat pour Andréanne Simard, propriétaire du détaillant de produits pour enfants Charlotte et Charlie. « Mes filles peuvent marcher seules jusqu’à l’école, mais j’aime prendre le temps de marcher avec elles. »

Ces moments en famille sont précieux et prioritaires pour celle qui a fondé le magasin lors de son premier congé maternité.

« Les premières années, je faisais tout : les achats, les ventes, même la conciergerie et les réseaux sociaux. Un jour, ma fille m’a demandé de poser mon téléphone alors que j’étais au parc avec elle. C’est ça qui a déclenché », dit-elle.

« Aujourd’hui, je suis bien entouré et j’ai une équipe formidable qui me permet d’être plus présente pour ma famille.

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Michelle Carrier a ouvert son salon M Coupe Beauté, situé sur la route de l’Église, lorsque ses trois enfants étaient jeunes. (Caroline Grégoire/Le Soleil)

Être là ou ne pas être là, telle est la question. Pour Michelle Carrier, la réponse est d’être présente au salon le plus souvent possible. « Je suis toujours coiffeuse, c’est ma passion. J’aime être là et mes employés l’apprécient.

Tandis que Myranie Tremblay privilégie les appels par vidéoconférence qui lui permettent de travailler à domicile.

Il lui est déjà arrivé de faire un pas des ventes sur Zoom avec un bébé fiévreux dans les bras. « C’est une réalité qui est meilleure aujourd’hui, c’est sûr. Mais cela doit rester un cas exceptionnel, à mon avis. Même si j’ai obtenu le contrat, j’étais vraiment moins concentré.

Pas mamans entrepreneurs

Ne les appelle pas mamans entrepreneursni la version française de mamans entrepreneursun néologisme apparu aux États-Unis à la fin des années 1990.

« Nous sommes des femmes d’affaires qui ont des enfants. On ne dirait pas ça des hommes, un papapreneur. »

— Andréanne Simard. propriétaire de Charlotte et Charlie

Ses voisins de table approuvent. « Dans une discussion d’affaires, je ne parle pas de mes enfants à moins qu’on me le demande. Je parle de travail», ajoute Myranie Tremblay.

Des femmes pleines d’ambition

La maternité n’a pas ralenti leurs ambitions. C’est ce qu’elles aimeraient transmettre aux jeunes femmes qui hésitent à se lancer dans l’entrepreneuriat.

« Tout projet d’entreprise, même s’il s’agit d’une petite entreprise à taille humaine, est valable. Pendant longtemps, j’ai pensé que je n’étais pas un entrepreneur, que j’étais juste propriétaire d’un salon de coiffure. Mais c’est de l’entrepreneuriat», illustre Michelle Carrier.

Son salon situé sur la route de l’Église a doublé de superficie il y a trois ans. L’équipe compte désormais entre 25 et 30 collaborateurs, selon les saisons.

Quel est le plus grand défi ? Cela dépend des secteurs d’activité. Pour la coiffure et le commerce de détail, la pénurie de main d’œuvre se fait encore sentir. Sinon, ils nomment tous la direction des employés.

« Être mère m’a donné des compétences en gestion des ressources humaines : en planification d’horaires, en résilience, en patience et en gestion de crise », compare Myranie Tremblay, dont l’agence compte quatre employés.

Entourez-vous

Que faut-il pour concilier entreprise et famille ? S’entourer est le mot qui revient le plus souvent. Un conjoint qui prend la relève en cas de besoin, dit Azélie Pilon, et des proches qui peuvent venir à la rescousse lorsque le plus jeune a de la fièvre ou que l’école est fermée.

Mais surtout un lâcher prise. « Cela s’apprend au fil des années. Aujourd’hui, après 12 ans, je peux prendre du temps pour moi», note Andréanne Simard.

Même constat de Michelle Carrier, qui revenait tout juste de vacances entre amis, « les premières sans sa famille ».

Cela demande aussi de l’énergie. Pour cela, Azélie Pilon en a à revendre. Mère de trois garçons âgés de 3 à 14 ans, elle aime se laisser motiver par son travail. « Cela me nourrit et je sens que je suis une meilleure mère lorsque je suis stimulée par mes projets. Je ne changerais pas de place !

 
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