“Je vends de la drogue pour survivre”, confie un dealer en quête de régularisation

“Je vends de la drogue pour survivre”, confie un dealer en quête de régularisation
“Je vends de la drogue pour survivre”, confie un dealer en quête de régularisation

Le trafic de rue, en plein essor, mobilise les autorités et met sous pression le système de santé et de sécurité. Alors que les villes réclament des mesures contre les trafiquants de drogue, la RTS s’est entretenue avec l’un d’entre eux à Genève pour tenter de comprendre son quotidien.

Inu a quitté le Nigeria en 2016 pour fuir les conflits armés qui font rage dans son pays. Après avoir demandé l’asile en Italie, puis en France, il arrive en Suisse. Sans statut légal et vivant dans la rue à Genève, il a lancé le deal « pour survivre ».

Vendre de la drogue lui permet d’avoir “un peu d’argent pour manger”, explique le jeune homme d’une vingtaine d’années au micro de la RTS. Mais il reconnaît les craintes et le mécontentement qui surgissent parmi les riverains face aux dealers de rue.

«Faites profil bas»

“On se dit qu’il faut y aller doucement, faire profil bas”, souligne Inu dans La Matinale. “Nous leur devons cela, il ne faut pas les déranger.” Il estime toutefois que les concessionnaires ne sont pas les seuls à être blâmés. Selon lui, ce sont aussi les interventions parfois musclées de la police dans les quartiers qui causent des troubles.

Certains « vous frappent, prenez tout ce que vous avez », mais tous les policiers ne sont pas mauvais, précise le dealer. « Si c’est une bonne personne, il aura pitié de vous », estime-t-il.

Le titre de séjour comme évasion

Pour Inu, la solution réside dans l’obtention d’un titre de séjour. Il envisage de demander l’asile en Suisse pour se sortir de « ce genre de marasme ». Ne pas avoir de statut légal fait de lui un « prisonnier ».

«Je souffre pour ça, pour avoir des documents. Sinon, pourquoi devrais-je vendre de la drogue ? » fait valoir le concessionnaire. Mais Inu garde l’espoir d’être régularisé et de pouvoir contribuer financièrement à la société.

Un système de pliage

A Lausanne, Mike (pseudonyme) se décrit comme un consommateur refusant de « voler, mendier ou se prostituer ». Ainsi, il dit référer les « bons clients » aux revendeurs, qui le paient en « matériel » ou en « argent ». “C’est comme ça que j’arrive à consommer toute la journée”, explique-t-il dans La Matinale.

L’homme “facilite la tâche” aux dealers, surtout quand “les policiers sont beaucoup en déplacement”, notamment en jouant les intermédiaires pour percevoir une “commission”, comme il l’explique au micro de la RTS.

Mike dit également qu’il comprend l’agacement du quartier concernant le trafic de rue. Selon lui, « un bon rabatteur est quelqu’un qui évitera de faire ça sous un appartement » ou « devant des enfants » : « on essaiera d’être le plus discret possible ».

>> Mike’s interview in La Matinale:

Marché de rue : témoignage d’un rabatteur / La Matinale / 1 min. / aujourd’hui à 06:21

Radio subjects: Charlotte Frossard, Mehdi Piccand and Grégoire Molle

Adaptation web : Mérande Gutfreund

 
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