Augmentation de la violence contre le personnel hospitalier du Québec

Augmentation de la violence contre le personnel hospitalier du Québec
Augmentation de la violence contre le personnel hospitalier du Québec

Les événements de violence contre le personnel hospitalier du CHU de Québec-Université Laval se sont multipliés au cours de la dernière année. Même si l’establishment affirme faire davantage pour prévenir la violence, un expert estime que le problème est plus profondément enraciné dans le système de santé.

Le nombre total d’événements violents signalés est passé de 325 à 367 entre 2022-2023 et 2023-2024. Le nombre d’accidents nécessitant un arrêt de travail a toutefois diminué, passant de 29 à 27. Cette augmentation n’est pas unique à la région du Québec. En mars, le CIUSSS of Mauricie and Centre-du-Québec made a similar observation.

C’est la pointe de l’iceberg car plusieurs travailleurs que j’ai interviewés depuis au moins 2008, ne cessent de me répéter que s’ils remplissaient à chaque fois des formulaires pour signaler des événements de violence, ils ne le feraient quenote Angelo Dos Santos-Soares, professeur au Département d’organisation et de ressources humaines duUQAM. Il existe de nombreux cas qui ne sont même pas signalés.

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Les rapports d’événements violents incluent une variété d’événements. Voici quelques exemples : se faire jeter un objet, mordre, insulte gestuelle comme le doigt, le poing en l’air, violences verbales, blessure liée au contrôle physique d’un utilisateur, etc.détaille le CHU par écrit.

L’établissement n’est pas en mesure de fournir les données des exercices précédant celui de 2021-2022 puisqu’il a modifié sa manière de les compiler. Cela pourrait affecter la comparaison des donnéesindique-t-il.

Il est inévitable que cela ait un impact sur le moral et la charge de travail.

Une citation de Pascale-Alison Lachance, infirmière clinicienne

L’augmentation des dernières années semble tout de même conforme à ce qu’observe l’Association des infirmières et infirmiers d’urgence du Québec. La fréquence des interventions ne cesse d’augmenter au fil des années. Dans plusieurs situations d’urgence, nous avons constaté une augmentation de plus de 20 % des interventionsraconte la présidente de l’Association, Josiane Arsenault.

Sans pouvoir dire si la situation s’est dégradée, une infirmière québécoise atteste que la violence fait partie du quotidien. Je ne pourrais pas comparer, mais je peux dire que, malheureusement, nous le vivons tous les jours. C’est quelque chose que nous devons apprendre à conciliertémoigne Pascale-Alison Lachance, infirmière clinicienne en neurologie.

Elle nuance son témoignage en ajoutant que la fréquence des événements violents dépend aussi du service de soins. Dans certains cas, vous serez plus susceptible de côtoyer des personnes violentes, que ce soit aux urgences ou avec des patients plus confus.raconte l’infirmière.

Plus de prévention

Le CHU et l’Association affirment que les mesures se sont multipliées ces dernières années pour s’attaquer à ce problème. Depuis plusieurs années, les établissements commencent à mettre en place des plans beaucoup plus structurés pour faire face à la montée des violences. observe Josiane Arsenault.

Les employés du CIUSSS de l’Estrie-CHUS suivent une formation pour les outiller face à d’éventuels actes de violence, qu’ils soient verbaux ou physiques. (Photo d’archives)

Photo: Radio-Canada / Arianne Béland

De son côté, le CHU fournit par écrit une liste des différentes formations mises en place pour outiller le personnel et l’aider à se protéger des comportements violents ainsi que les différentes approches de prévention pour mieux adapter les interventions et prévenir les comportements réactifs de la clientèle.

Pour l’exercice 2022-2023, 1 302 travailleurs ont suivi une formation en prévention des violences. Pour l’exercice financier 2023-2024, 1 785 travailleurs ont suivi une formation en prévention de la violence et 378 travailleurs ont participé à des simulations cliniques

Une citation de CHU de Québec-Université Laval

Même avec les différentes mesures mises en place par les établissements, Pascale-Alison Lachance aimerait avoir plus de soutien. Il y a un grand manque de personnel quant à l’aide que nous pouvons recevoir lorsqu’il y a des patients qui sont violents.maintient-elle.

De par son expérience, Angelo Dos Santos-Soares ne croit pas que les moyens mis en place par les institutions portent réellement leurs fruits. Je suis profondément désolé de voir que l’employeur ne prend pas de mesures efficaces de prévention de la violence, car cette réalité existe depuis au moins 20 ans.il plaide.

La Source des violences

Pour le professeur, il faut aller plus loin que la prévention et la sensibilisation. Les problèmes majeurs se situent dans le contexte organisationnel, dans la pénurie de main-d’œuvre et dans la surcharge de travail que vivent les gens.il résume. La logique du gouvernement depuis plusieurs années est de faire plus avec moins.

C’est bien souvent dans ces contextes que la frustration finit par apparaître. Inévitablement, il y a des enjeux liés à l’agressivité qui augmente en fonction du temps d’attente puis en fonction de l’insatisfaction. Malheureusement, nos salles d’urgence restent bondées. Ce n’est pas un phénomène qui date d’hier, donc cela a évidemment un impact sur les tensions.note également Josiane Arsenault.

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De par son expérience, Angelo Dos Santos-Soares ne croit pas que les moyens mis en place par les institutions portent réellement leurs fruits. (Photo d’archives).

Photo: Radio-Canada / André Vuillemin

Les utilisateurs et leurs proches tournent plus souvent cette frustration vers les collaborateurs de première ligne. Monsieur et Madame Tout-le-monde, lorsqu’ils se sentent bousculés parce que les soins vont être plus longs, ils ne penseront pas au fait que ce sont des choix de gestion et que c’est l’organisation du travail qui construit cette relation de pression pour les personnels soignants.souligne le professeur.

Il suggère de revoir le système plus en profondeur pour endiguer le phénomène de violence dû à cette pression. À mon avis, il est fondamental de changer l’organisation du travail et les philosophies de gestion. Il faut écouter les gens qui font le travail et qui connaissent mieux que quiconque les ressources dont ils ont besoinla défense Angelo Dos Santos-Soares.

With information from Marie-Claire Giffard and Jérémie Camirand

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