« Dire que Diomaye et Sonko n’ont pas de programme est une insuffisance… », Mayacine Camara à Madiambal

« Dire que Diomaye et Sonko n’ont pas de programme est une insuffisance… », Mayacine Camara à Madiambal
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« Dire que les nouvelles autorités n’ont pas de programme démontre un manque de compréhension des mécanismes de planification… »

C’est le cœur meurtri que je réagis à l’apport mitigé de M. Madiambal Diagne, qui estime dans ses propos que « C’est désormais assumé publiquement, au regard de l’opinion publique sénégalaise et auprès des partenaires techniques et techniques. financier! La gouvernance du tandem Diomaye-Sonko s’appuiera en quelque sorte sur le Plan Sénégal émergent (PSE). Suite à cette contribution de Monsieur DIAGNE, ma conviction est que la politique ne doit jamais obéir à aucune forme d’influence et de trafic d’intérêts. Dans ces moments de changement institutionnel, mon profil de doyen des planificateurs, ayant contribué quoique modestement à l’élaboration de plusieurs générations de documents de politique économique, m’oblige à intervenir dans ce débat actuel.

Comme un chat échaudé craignant l’eau froide, il est crucial d’éviter le piège dans lequel est tombé l’ancien régime, par manque d’encadrement ou plutôt par manque d’entêtement. La planification et la gestion de l’économie ont été détournées du contrôle des technocrates et jetées entre les mains de politiciens qui ont plongé le pays dans une mauvaise gouvernance. Au début de son poste, M. Diagne oublie déjà que le PSE est une politique publique qui a été élaborée sur une base inclusive, avec l’apport citoyen, et la participation de différents acteurs de la société civile, du secteur privé, etc.

C’est dans l’intérêt de pérenniser les options stratégiques censées transcender les régimes qu’a été préconisée l’approche participative qui aiderait le Président de la République à faire des choix techniques et consensuels qui doivent résister au changement de régime. Par ailleurs, la vision prospective qui sous-tend le PSE remonte bien avant l’élection du Président Macky SALL (voir étude prospective Sénégal 2035). Le mérite de ce dernier réside dans son élan républicain au début de son premier mandat qui l’aurait motivé à s’appuyer sur des réflexions inclusives et participatives, et à respecter les produits du système de planification.

A l’époque, nous étions tous déterminés à soutenir le nouveau régime de l’époque, bien engagé à mettre en avant la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA) actualisée, la Stratégie Nationale de Développement Economique et Social (SNDES) et l’étude prospective Sénégal 2035, trois documents dont la synthèse s’appelait PSE.M. Diagne doit comprendre que ce qu’on attend des acteurs de cette nouvelle alternance est moins un soutien politique qu’un engagement ferme à changer le mode de gouvernance économique. Vouloir dire que les autorités actuelles n’ont pas de programme traduit un manque de compréhension des mécanismes de planification, voire une mauvaise foi.

Une politique publique n’est pas un programme d’un parti politique, d’une association ou d’une ONG. Pour preuve, au même titre que tous les documents de programme politique des candidats de l’époque, le YONNU YOKKUTE s’est rapidement vidé de sa substance pour contribuer au renforcement des documents de politique publique qui étaient déjà là en 2012, et bien avant le élection du président Sall.

Le Président WADE n’a pas validé le dixième plan, mais a autorisé la formulation du DSRP de première génération en 2001, en continuité avec un document intérimaire de lutte contre la pauvreté qui était en place. Alors que nous vivons dans un pays où le trafic d’influence et d’intérêts est le meilleur raccourci pour accéder à des fonctions supérieures ou pour avoir une proximité avec les plus hautes autorités dont nous n’avons pas les moyens intellectuels pour assumer les missions, il est normal de penser que le PSE appartient à Amadou Ba et, ou pire, émane exclusivement de ses pensées.

M. Amadou BA, que je connais bien, ne se vanterait jamais d’avoir rédigé le PSE. Je n’ai pas soutenu sa candidature lors des dernières élections, mais de mon point de vue, Monsieur BA avec qui j’ai travaillé pendant cinq ans, ne souffre pas de malhonnêteté intellectuelle. Je ne peux pas souscrire à une affirmation qui qualifie le PSE de leurre et qui l’éjecte des plans d’émergence, même si les arguments des critiques sont justifiés dans un contexte de campagne électorale.

Il faut cependant accepter que la tromperie, l’endettement aveugle et la gouvernance économique et politique ont fini par dénaturer les fondamentaux du PSE et ouvert la voie à des critiques, parfois fondées. Pour la défense d’Amadou BA, les choses ont vraiment commencé à se dégrader à partir de 2019 (voir tous les indicateurs de gouvernance et la rupture dans la trajectoire de croissance économique), avec un nouvel élan politique d’une génération d’hommes politiques à la tête des principaux départements ministériels, qui semblaient ne rien comprendre à la situation. le PSE et son esprit.

Pire encore, ils ont refusé de prendre la peine d’écouter et d’apprendre, déconcertés par une gouvernance politique qui cherchait dans tous les cas à « récompenser » les dirigeants politiques qui gagnent chez eux. Et c’était la dérive ! Tout est permis, pourvu que vous gagniez. En l’absence d’une stratégie sérieuse d’endettement et d’une allocation des investissements publics adossée à un processus soutenu de maturation et de sélection objective des projets, les investissements qui prétendent s’inscrire dans le PSE ne sont que des mécanismes qui ne profitent qu’aux entreprises qui exploitent les ouvrages. et aux hommes politiques qui les approchent et les supervisent.

On ne peut pas se targuer d’avoir mis en œuvre une politique publique si le budget exécuté ne correspond jamais à la quantité de biens et services effectivement délivrés. L’économie est en perpétuelle distorsion, alimentée par des excès et des transactions irrégulières générant des inégalités et des frustrations qui augmentent les risques de soulèvement démographique.

A travers cette élection présidentielle remportée dès le premier tour, on voit une expression claire des populations qui veulent rejeter les vieilles pratiques et la mauvaise gouvernance coutumière. Par ailleurs, il faut considérer cette élection présidentielle comme une forme d’évaluation du PSE. Que ce soit avec Macky SALL ou avec DIOMAYE, aucun document ne dépassera la problématique de la croissance, du capital humain et de la gouvernance. Je vous renvoie aux documents du Plan des années 1990 et même bien avant, qui prévoyaient l’augmentation durable de la production.

Les changements se situent à la marge et dans les réformes visant à améliorer la gouvernance et l’environnement technique, institutionnel et juridique des affaires. Le PROJET doit être traduit pour respecter les canons de la planification du développement économique et social tant du point de vue de la participation que de son contenu. La vision qui constitue la matière première de tout document de politique économique reste valable. Celui-ci est axé sur la bonne gouvernance, qui, pour nous tous, est l’un des enjeux majeurs de notre développement.

C’est la cause profonde de la croissance, pour citer Douglas North, prix Nobel d’économie et grande théorie du développement. Je voudrais rappeler à ce propos que le PSE avait consacré l’axe 3 de sa stratégie à la gouvernance, mais la réalité dans la mise en œuvre était bien différente. Vous dites Monsieur DIAGNE que « la politique au Sénégal est le lieu où l’on peut poser nos fantasmes de certitude » ! Avec le régime sortant, les fantasmes politiques ont été pris pour des certitudes, au mépris de la conscience de la majorité du peuple sénégalais.

A titre personnel, étant l’un des derniers concepteurs mohicans du Plan d’Orientation du Développement Economique et Social (PODES), des Documents de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), de la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA), de la Stratégie Nationale de Développement Economique et Social (SNDES) et plus récemment le PSE, je soutiens fermement la nécessité d’élaborer un nouveau document de planification, qui sera soutenu par la collectivité.

D’ailleurs, la loi d’orientation du Système National de Planification l’exige. Ce document doit partir du bilan de la première phase décennale du PSE, apporter les éléments de relance et d’accélération vers l’atteinte des objectifs d’émergence en 2035 et au-delà. Les successions de documents de planification depuis 1960 ont eu des résultats mitigés.

Le Président LS SENGHOR avait une vision, mais sa stratégie n’était pas bien définie et n’était pas très résiliente aux chocs exogènes. Ses véritables convictions n’ont pas été traduites pour irriguer la réflexion intellectuelle. Les difficiles périodes d’ajustement qu’a connues le régime DIOUF ont prouvé que les politiques publiques, quel que soit leur contenu intellectuel, pouvaient échouer faute de participation.

Jusqu’à présent, le Sénégal se souviendra longtemps des performances managériales de Mamadou TOURÉ et Pape Ousmane SAKHO et plus récemment de Makhtar DIOP, malgré son court séjour. Le démarrage de la première véritable alternance aurait commencé avec Abdoulaye DIOP, qui a bien piloté les DSRP avec des techniciens bienveillants comme Sogué DIARISSO, Thierno NIANE, Aliou FAYE.

Malgré le rejet systématique du Président WADE, le premier DSRP a été sauvé. Bonne participation, élégance dans l’approche, contenu ciblé. Le deuxième mandat de WADE, à quelques milliards près, est comparable au deuxième quinquennat de SALL. Ce dernier a quitté le pouvoir en laissant une situation similaire à l’héritage du Président WADE. Monsieur DIAGNE, soyez encore plus indulgent avec plus d’humilité !

Les relations avec le FMI n’appartiennent pas au président Macky SALL, qui les a trouvées ici et les a laissées ici. Le président FAYE a le libre choix, sans prendre le risque de donner l’impression d’abandonner la rupture. Tout le monde est censé comprendre que le FMI est bel et bien un oeil avisé pour les partenaires privés étrangers qui souhaitent collaborer avec le Sénégal qui se veut souverain.

Loin de moi l’idée de me lancer dans la dénonciation, je voudrais dire que les missions du FMI ont été des moments de gymnastique intellectuelle pour déplacer et cacher les travers et les erreurs de régimes qui méprisent les pratiques orthodoxes.

Ce qui prime, c’est d’accroître la transparence et la sincérité budgétaires afin de permettre à chaque Sénégalais d’accéder régulièrement à l’information bien avant le FMI, d’aider la société civile à accéder aux données-cadres, du TOFE, de la balance des paiements, en réunissant universitaires et d’autres centres de recherche qui alimenteront les débats radiophoniques et télévisés pour les contribuables que nous sommes.

Votre combat, en tant que journaliste, est effectivement à ce niveau et je vous en serais reconnaissant. Je le répète, le PSE est sans aucun doute un bon programme ! mais n’a pas été mis en œuvre. Sa réécriture est nécessaire, car c’est ce principe même qui la sous-tend. Il s’agit d’abord d’une vision prospective sur vingt ans avec deux programmes décennaux exécutés en quatre plans d’actions prioritaires glissants sur cinq ans. Le nom n’a pas d’importance.

Qu’il s’agisse de PROJET, PSE, PND ou DOS (Document d’orientation stratégique, bon pour le sigle DIOMAYE Ousmane SONKO, mdr), ce qui intéresse les Sénégalais c’est la vision, et le moyen, long et court terme qui l’opérationnalisent pour améliorer significativement leur conditions de vie. De par ma modeste expérience, je lèverai mon chapeau au PR s’il veille au respect des principes de planification, de programmation, de budgétisation, de suivi et d’évaluation des projets et programmes que nous avons identifiés ensemble.

Que Dieu fasse en sorte que ce qui est prévu soit programmé, ce qui est prévu soit documenté et budgétisé, ce qui est budgétisé soit exécuté, ce qui est exécuté soit suivi et évalué. Les conclusions des évaluations alimentent les décisions ! Enfin, je voudrais vous inviter à encourager davantage les discussions par rapport aux médias pour clarifier le débat économique avec d’éminents universitaires et anciens professionnels de l’économie publique, afin de soutenir ce nouveau régime qu’il faut accompagner pour échapper aux pièges de ces ” loups masqués » – « bouki you sango deru bey ».
Suivez mon regard…
Mayacine CAMARA,
Citoyen sénégalais
Économiste-Statisticien

 
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