Itinérance, précarité et toxicomanie animent l’assemblée citoyenne annuelle de Pierre-Luc Lachance

Itinérance, précarité et toxicomanie animent l’assemblée citoyenne annuelle de Pierre-Luc Lachance
Itinérance, précarité et toxicomanie animent l’assemblée citoyenne annuelle de Pierre-Luc Lachance

Lors de sa séance d’information annuelle, le conseiller municipal de Saint-Roch-Saint-Sauveur, Pierre-Luc Lachance, a été confronté à plusieurs citoyens et commerçants à bout de souffle face aux conséquences de l’itinérance et de la toxicomanie dans le quartier. Saint-Roch.

Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées lundi soir à la Maison de la coopération et de l’économie solidaire du Québec, sur le boulevard Charest Est, à Saint-Roch. Après une rencontre à Saint-Sauveur en 2023, c’était au tour de Saint-Roch d’accueillir la rencontre annuelle d’information de Pierre-Luc Lachance.

Après une première heure consacrée à la présentation des réalisations de la dernière année et des projets à venir, M. Lachance était présent pour répondre aux questions du public.

Les premières questions portaient sur les problèmes causés par différents chantiers, principalement celui de la rue Saint-Vallier Ouest, dans le quartier Saint-Sauveur, mais aussi celui du prochain îlot Dorchester.

Mais très vite, le sujet de la soirée a émergé à travers une multitude de questions. Celles-ci portaient principalement sur l’itinérance, la consommation de drogues et le sentiment d’insécurité dans le quartier Saint-Roch.

Les commerçants n’excluent pas de partir

Le 17 septembre dernier, plusieurs commerçants ont tiré la sonnette d’alarme par l’intermédiaire de la Société de développement commercial (SDC) du St-Roch. On déplorait alors des vols, des vandalismes, des désordres, mais aussi des problèmes d’insalubrité et d’incivilités.

Plusieurs propriétaires de commerces, de restaurants ou d’établissements d’hébergement étaient conviés à la rencontre animée par leur conseiller municipal. Et le constat semble clair.

« En tant qu’entrepreneur dans le quartier Saint-Roch, je me sens un peu laissé pour compte. Je me sens abandonné par la municipalité, car en ce moment, c’est un peu un spectacle de merde dans le quartier. UN spectacle de merde des sans-abri, des personnes qui s’injectent. C’est maintenant qu’on peut prendre de la drogue et du crack dans la rue, et c’est […] normal…», a d’abord dénoncé Pénélope Lachapelle, copropriétaire de Nina Pizza.

Mme Lachapelle, qui souhaite continuer à investir dans le quartier, admet qu’elle n’exclut pas une relocalisation ailleurs dans les années à venir, si la situation persiste.

Pour Pierre-Luc Lachance, « la Ville ne dispose pas de tout le portefeuille de solutions ».

« La dynamique de l’itinérance, la dynamique de la consommation de drogues, c’est une dynamique de santé publique. La Ville vit des choses. Cela signifie-t-il que nous devons rester les bras croisés ? La preuve, c’est qu’on va ajouter 1 million de dollars de plus pour s’assurer qu’il y ait plus de travailleurs sur le terrain, qu’il y ait plus d’interventions, qu’il y ait plus de surveillance qui soit faite», répond le conseiller municipal.

Il réitère qu’il ne « trouve pas normal et acceptable » que des gens fument du crack en présence d’autres personnes ou que des produits de consommation traînent dans les rues et les parcs. Il ajoute qu’une annonce prochaine concernant une initiative de nettoyage du quartier sera faite prochainement par l’administration municipale.

M. Lachance précise également que le prochain budget accordera un financement accru au Service de police de la ville de Québec (SPVQ), afin de mieux outiller les policiers pour faire face à cet enjeu. Plusieurs commerçants déplorent que, lorsqu’ils appellent le 911, les policiers n’arrivent pas ou arrivent plusieurs heures après la demande.

Peur de laisser sortir votre enfant

Les parents du quartier Saint-Roch ont également exprimé leur inquiétude pour leurs enfants ou adolescents. Les pères et les mères disaient avoir peur de laisser leurs enfants sortir dans le quartier sans les accompagner.

Habitant de Saint-Roch, Louis Campagna dénonce une situation vécue par sa fille, alors âgée de 13 ans, l’an dernier.

«[Elle] m’a demandé d’aller seule acheter du pain à la boulangerie, car elle souhaite développer son autonomie. A l’heure du déjeuner, avec hésitation, parce que je connais mon quartier, je dis « OK, vas-y ». Effectivement, elle revient en larmes, car quelqu’un complètement ivre, deux fois et demie son âge, l’a approchée de manière sexuelle. […] Je tremble en en parlant. Ce n’est pas la première fois que cela arrive », déclare M. Campagna.

Pour lui, un adolescent qui va acheter du pain sur l’avenue Maguire ou l’avenue Cartier n’aurait pas à vivre cette situation. Il dénonce une inégalité du sentiment de sécurité pour Saint-Roch par rapport aux autres quartiers du Québec.

Propriétaire de la boutique Cœur de Loup et père de trois adolescents, Vincent Poitras habite la rue Saint-Vallier Est, à proximité du centre d’injection supervisée L’Interzone.

« Nous sommes arrivés là-bas avec beaucoup de bonne volonté et de confiance envers nos institutions, notre CIUSSS, notre Ville de Québec. […] Chaque jour, nous avons peur de sortir de chez nous. Chaque jour, nous sommes confrontés à une urgence. […] Quand il y a une inondation, on envoie les routes, la santé publique, on n’épargne pas la dépense. En ce moment, c’est une urgence. […] J’ai une fille de 17 ans qui me demande de sortir avec elle pour qu’elle aille au coin de la rue, parce qu’elle a peur de sortir de chez elle», regrette M. Poitras, qui dénonce une situation «invivable».

M. Poitras souhaite que Pierre-Luc Lachance soit le « porte-parole » du quartier auprès de la Ville et des autres paliers de gouvernement.

« Je fais partie de ceux qui en demandent le plus. Je fais partie de ceux qui apportent, dans le discours du maire au ministre [responsable des Services sociaux Lionel] Carmant, du CIUSSS, cette volonté d’être agressif envers [la façon d’aborder] résoudre le problème et ne pas simplement essayer de le contenir», répond M. Lachance.

Il a néanmoins rappelé, à quelques reprises, qu’il ne pouvait « remplacer le processus opérationnel » de la police et que la politique ne devait pas s’immiscer dans les décisions ou les orientations de la police.

Une cinquantaine de personnes étaient présentes lors de la soirée d’information de Pierre-Luc Lachance.
Photo credit: Simon Bélanger

Des solutions remises en question

En plus de vouloir augmenter le budget consacré au SPVQ, Pierre-Luc Lachance affirme que les fonds doivent également être dirigés vers les organismes communautaires du quartier.

Pour Simon Gauthier, qui habite près de Lauberivière, « les organismes communautaires […] font partie du problème », à cause de « leur idéologie ».

« Il y a une personne qui travaille pour le RAIIQ (Regroupement pour l’aide aux itinérants et itinantes de Québec) qui, lors d’une soirée à l’Engrenage, a déclaré : « Lorsqu’il y a du vandalisme, des méfaits ou autre, qu’elle exprime eux-mêmes.” […] Ce sont souvent des gens d’extrême gauche […] et bon nombre de ces personnes travaillent pour des organismes communautaires. Ainsi, en accordant davantage de financement aux organismes communautaires, […] nous donnons le pouvoir aux gens […] qui sont contre le soutien», fait valoir M. Gauthier, reconnaissant lui-même que sa position n’est pas nécessairement populaire.

Un homme s’est d’ailleurs levé juste après l’intervention pour exprimer son objection. Pierre-Luc Lachance a également affirmé qu’il n’endossait pas ce qui venait d’être dit.

Centre d’injection

De son côté, Catherine Bowen Gouin, propriétaire du 77 St-Vallier Appart Hôtel, a toujours en tête l’ouverture du centre d’injection supervisée en 2021. Et elle estime que la Ville ne comprend pas le désarroi des commerçants.

« Je vous entends, mais je ne pense pas que vous nous entendiez. Nous avons tous des droits en tant qu’entrepreneurs, propriétaires, résidents. Même nos clients ont des droits. Et c’est le droit à la sécurité. En ce moment, j’ai la chair de poule quand je vous parle, car c’est la même chose que lorsque je vais au travail le matin ou lorsque je quitte mon hôtel le soir, ou lorsque je reçois des appels au milieu de la nuit, parce que J’ai des clients qui ne se sentent pas en sécurité et qui n’arrivent pas à dormir dans leur appartement. « Ce n’était pas comme ça avant l’ouverture d’une pharmacie, en face de mon commerce », déplore-t-elle.

Mme Bowen Gouin ajoute que plusieurs personnes sont présentes lors de la rencontre parce qu’elles sont « à cran » et n’en peuvent plus.

« Je pense que nous devons rester ensemble ce soir et c’est l’unité qui fera la force. Si M. Lachance n’est pas capable de l’entendre et de faire respecter nos droits, nous chercherons ce dont nous avons besoin ailleurs », a conclu le jeune entrepreneur.

L’élu de Saint-Roch-Saint-Sauveur avait alors répondu que les élections auraient lieu en novembre 2025.

La soirée a également été marquée par des échanges plus tendus et plus durs entre Pierre-Luc Lachance et certaines personnes présentes dans la salle.

Solutions

Le conseiller municipal a demandé, à quelques reprises, si les gens avaient des solutions à proposer. M. Lachance a lui-même rappelé qu’un projet de mini-maison dans un autre quartier du Québec sera déployé.

De son côté, Alain Saint-Ours a proposé de privilégier l’intervention des pompiers plutôt que celle des policiers.

« Pourquoi les pompiers ? Parce que les pompiers, en tant que ressource, sont ceux qui reçoivent le moins d’appels en un an. […] Parce qu’ils traitent les sans-abri comme des victimes d’une catastrophe. […] Ce sont des spécialistes des sinistres, les pompiers», illustre M. Saint-Ours.

Il semble avoir été inspiré par un projet démarré à Saskatoon en 2021 et expliqué dans un article de La presse à partir du 18 août.

Enfin, alors que plusieurs personnes ont exprimé ne savoir vers qui se tourner lorsqu’elles vivent des situations difficiles, Pierre-Luc Lachance a invité les personnes présentes à écrire à [email protected] ou de contacter le 311 et de mentionner « Info Carré Lépine » dès le départ, même si la situation n’a pas lieu dans le secteur Carré Lépine.

Il précise toutefois que si vous vivez une situation où vous vous sentez en danger, vous devez toujours contacter le 911.

 
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