L’urologie demeure le talon d’Achille du CIUSSS de l’Estrie-CHUS

Dans le monde de la chirurgie, un patient en retard est un utilisateur qui attend une opération depuis plus d’un an.

Au lendemain de la crise qui a secoué le bloc opératoire de l’hôpital Fleurimont, La Tribune rapporte que le CIUSSS de l’Estrie-CHUS s’est fixé comme objectif de « programmer en priorité les [patients] « grands délais » pour réduire leur nombre et s’attaquer ensuite aux patients qui attendent depuis moins longtemps.

La stratégie semble fonctionner. Entre août 2023 et août 2024, le nombre de patients chirurgicaux tardifs a diminué de 30 % au CIUSSS de l’Estrie-CHUS, passant de 1 676 à 1 163. L’établissement a également pu stabiliser le nombre de patients en attente. , enregistrant une hausse d’à peine 1 %.

La situation est tout autre en urologie : non seulement le nombre de patients en retard n’a pas diminué pour cette spécialité, mais il a augmenté, quoique marginalement.

Ainsi, toujours entre août 2023 et août 2024, le nombre de patients hors délai en urologie a enregistré une augmentation de 3% (169 à 174) et le nombre de patients en attente a augmenté de 7% (850 à 911).

C’est la seule spécialité répertoriée dans le tableau de bord du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) à se retrouver dans une telle situation. A noter qu’il existe une catégorie « Autres » pour laquelle le nombre de retards a également augmenté, mais nous ne détaillons pas quelles spécialités y sont incluses.

On constate également que le nombre de patients non conformes aux interventions chirurgicales oncologiques en urologie, donc pour les usagers souffrant d’un cancer, a diminué de 43% sur cette même période. En revanche, il a augmenté de 189 % pour ceux qui souffrent d’un cancer de la prostate, un organe qui relève de l’urologie.

Le CIUSSS de l’Estrie-CHUS a refusé notre demande d’entrevue à ce sujet. L’Association des urologues du Québec et le département d’urologie de l’Université de Sherbrooke n’ont tout simplement jamais répondu à nos demandes.

Ce n’est pas la première fois que des retards en urologie font les manchettes en Estrie. En mai 2023, La Tribune a rapporté l’histoire de deux hommes locaux qui ont souffert de retards dans cette spécialité, l’un attendant plus de deux ans pour voir un médecin et l’autre ayant connu des complications dues à des retards chirurgicaux.

Le nombre de patients attendant depuis plus d’un an une chirurgie oncologique de la prostate a augmenté de 189 %. (Jessica Garneau/Archives La Tribune)

Quelques réponses

Dans une réponse écrite envoyée par courriel, le service des communications du CIUSSS de l’Estrie-CHUS propose tout de même quelques suggestions pour expliquer les retards en chirurgie urologique.

« La chirurgie urologique est une spécialité et certaines interventions chirurgicales doivent être réalisées dans des blocs opératoires plus complets, comme celui de l’hôpital Fleurimont. De plus, ce sont des chirurgies qui sont généralement plus longues », écrit-on.

“Le service d’urologie, ajoutons-nous, a également dû jongler avec l’absence de certains médecins spécialistes depuis un an.”

Selon le plan d’effectif médical du MSSS, l’Estrie compte actuellement onze postes d’urologue et aucun n’est vacant.

Pour remédier à la situation observée avec les patients en retard, le CIUSSS précise qu’« à compter de ce mois-ci, le temps alloué au bloc opératoire sera augmenté jusqu’à la fin de 2024 ».

L’accès à la salle d’opération sera amélioré pour l’urologie, mentionne le CIUSSS. (Jocelyn Riendeau/Archives La Tribune)

Tout n’est pas rose

Malgré la diminution du nombre absolu de patients chirurgicaux tardifs, il ne faut pas croire que tout est rose dans ce service du CIUSSS de l’Estrie-CHUS.

En obstétrique-gynécologie par exemple, le nombre de patients en attente de plus d’un an a diminué de 64 % entre août 2023 et août 2024. Cette réalité en cache cependant une autre, selon un spécialiste interrogé par La Tribune.

« Il faut faire attention aux chiffres absolus. Au cours des dernières années, notre spécialité a enregistré une des plus fortes hausses de patients hors-horaire en Estrie. Il est donc normal et souhaitable qu’il diminue», indique la Dre Dominique Tremblay, médecin au CHUS et présidente de l’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec.

La Dre Dominique Tremblay est présidente de l’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec. (Université de Sherbrooke)

Selon les chiffres du MSSS, le nombre de patients hors délai pour cette spécialité n’a pas retrouvé les niveaux observés en 2021.

« L’accès au bloc opératoire en Estrie est problématique. Nous manquons de plateaux techniques», constate-t-il.

Le Dr Tremblay explique que la diminution pour sa spécialité est en partie liée au fait que des médecins ont accepté d’opérer des patients ailleurs qu’à Sherbrooke, ce qui à ses yeux n’est pas sans défis pour les professionnels et les patients.

 
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