Je voulais me lancer avant de mourir jeudi prochain

Je voulais me lancer avant de mourir jeudi prochain
Je voulais me lancer avant de mourir jeudi prochain

La seule fois où j’ai vu Claude Tremblay lancer, c’était lors du tournoi de fin d’année de la ligue de balle molle du Club de balle Les Oiseaux de Pointe-aux-Trembles.

J’ai été invité à regarder le dernier lancer de Claude avant un match de softball. Père de trois enfants et de cinq petits-enfants, il a décidé que deux semaines après le tournoi, le jeudi 10 octobre, il recevrait l’aide médicale à mourir. Je lui ai parlé mercredi dernier, huit jours avant sa mort.

Il s’apprêtait à aller faire du shopping avec sa femme Johanne une fois notre entretien terminé. J’étais intrigué de savoir ce que lui et sa femme ressentaient à l’approche du rendez-vous. Et pourtant, c’était tellement évident. Tous deux apprécient les choses simples de la vie et profitent de chaque instant passé ensemble, avec les membres de leur famille ou avec leurs amis. Ils m’ont souvent dit de profiter de la vie et de ne pas être bouleversé par des choses que nous ne pouvons pas contrôler.

Après un séjour de deux mois à l’hôpital et deux autres dans un centre de Joliette, il a passé les deux derniers mois de sa vie à la maison avec son épouse Johanne. Avec son humour et son dynamisme habituels, il m’a dit qu’il ne cesserait de signer des autographes après la publication de cette interview.

Aide médicale à mourir.

J’ai 72 ans et jeudi prochain, le 10 octobre, j’ai fait le choix de l’aide médicale à mourir.

Avez-vous une liste de choses à faire ?

Sans aucun doute, voir ma famille est en tête de liste. Cependant, j’ai aussi une passion pour le softball. J’ai lancé pendant de nombreuses années dans la ligue de balle molle du Club de balle Les Oiseaux de Pointe-aux-Trembles. J’avais envie de lancer une dernière fois !

Vous avez joué avec vos deux fils.

Quel privilège de pouvoir jouer contre mes deux fils ! Je les éliminais occasionnellement sur trois prises lorsque je les affrontais.

Tu voulais jeter une dernière fois avant de mourir.

C’était mon septième match des World Series. Je voulais lancer depuis le monticule pour que mes enfants, petits-enfants et amis puissent me voir lancer mon dernier lancer.

« Tout le monde pleurait sauf lui. » (paroles de son épouse, Johanne)

Chaque année, la ligue organise un week-end de festivités durant lequel a lieu un tournoi de softball. J’ai été invité à faire le lancer de cérémonie avant l’un des matchs. Tous les joueurs, la direction de l’équipe et les membres de la famille étaient sur le terrain pour m’encourager. Ils m’ont applaudi pendant plusieurs minutes.

Quelle influence laisserez-vous sur vos enfants ?

Ma femme et moi n’avons jamais envisagé de leur donner une formation militaire, même si j’ai passé cinq ans dans les Forces armées canadiennes. Nous voulions que nos enfants soient responsables de leurs actes.

Votre qualité de vie a-t-elle diminué ? (Sa femme Johanne parle.)

En avril dernier, il a été victime d’un accident vasculaire cérébral. Depuis, il n’a plus de mémoire à court terme. Il ne se souvient pas que nous sommes mariés depuis 38 ans. (Soudain, j’entends au loin la voix de son mari : « Je ne me souviens plus depuis combien d’années, mais je sais que je l’aime toujours. »)

La fin de la vie vous fait mal.

Bien sûr, parce que je n’avais jamais prévu de partir de cette façon. Cependant, je me suis réconcilié avec cette situation, car elle m’a apporté tellement d’amour avec ma femme, mes enfants et mes petits-enfants.

Vendredi (hier) sera la dernière fois que la photo de famille sera prise.

Nous serons réunis pour partager ce moment en famille pleine d’amour l’un pour l’autre. Cette semaine, avant de prendre notre photo de famille, nous aurons pris un repas dans chacun des foyers de nos enfants avec leurs familles.

« Ma vie aurait eu un sens. »

Hier (mardi), j’ai dû subir un examen médical pour savoir si je pouvais faire don de mes organes, ce qui pourrait sauver jusqu’à huit vies et améliorer la vie de jusqu’à 75 personnes.

Jeudi prochain, vous avez accepté l’aide médicale à mourir.

Pour certains, cela semble horrible. Au début, ma fille, qui est infirmière, a eu du mal à l’accepter, mais maintenant, comme mes fils, elle réalise que c’est dans mon intérêt.

Où aura lieu la cérémonie ?

Ce sera à Joliette, mais on ne sait pas encore quel est l’emplacement dans l’édifice. Si je peux donner mes organes, ce sera en salle d’opération. Ma famille sera présente en tenue médicale lors de nos adieux. Immédiatement après mon décès, ils partiront pour que le corps médical puisse procéder au don d’organes. Sinon, tout se passera ailleurs.

Avez-vous un message à transmettre ?

(Une courte pause suit ma question…) Merci à ma femme, mes enfants, mes petits-enfants et mes amis de m’avoir permis de vivre une vie si merveilleuse et remplie d’amour avec eux. Surtout, profitez de chaque instant de la vie.

« L’amour est dans l’air »

Avez-vous fait un choix musical ? Mais on n’y a pas pensé, en même temps sans se consulter ils ont choisi la chanson L’amour est dans l’air. (À la fin de l’interview, je les ai entendus fredonner « Love is in the air ».

 
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