pour une gouvernance apaisée et un Sénégal uni (Par Aboubakr Khalifa KEBE)

pour une gouvernance apaisée et un Sénégal uni (Par Aboubakr Khalifa KEBE)
pour une gouvernance apaisée et un Sénégal uni (Par Aboubakr Khalifa KEBE)

Depuis sept mois, le Sénégal a changé de régime. Avec ce changement, une promesse forte : celle d’une rupture systémique, une aspiration à transformer en profondeur les structures du pays. Cependant, les enjeux sont nombreux et certains défis, tels que l’immigration clandestine, le chômage ou encore la cohésion sociale, restent non résolus. Dans ce contexte, le rôle de Premier Ministre requiert plus que jamais un leadership capable de rassembler et de proposer des solutions inclusives.

Une culture sénégalaise basée sur le dialogue et la conciliation

Le Sénégal est une société profondément marquée par une tradition de dialogue et de conciliation. Pendant des siècles, nos structures sociales ont toujours favorisé la résolution des conflits par la médiation plutôt que par des moyens judiciaires ou punitifs. Dans nos Penc (assemblées villageoises), les conflits se résolvaient par la parole, sous l’autorité des Imams et des anciens, figures de sagesse et de respect. Même à l’époque des tribunaux musulmans, beaucoup de nos compatriotes préféraient soumettre leurs différends à l’Imam local plutôt qu’au Cadi. Ceci s’explique par le fait que l’Imam, par ses conseils, cherchait à réconcilier les parties sans imposer de décision, là où le Cadi, représentant d’une autorité judiciaire, rendait un verdict susceptible de faire des gagnants et des perdants. .
Cette tradition de dialogue pacifique est au cœur de notre ADN culturel. Le recours systématique aux décisions judiciaires dans le domaine politique, où l’un est jugé coupable et l’autre innocent, n’est pas en phase avec cette identité sénégalaise. C’est pourquoi le Premier ministre, garant de l’unité nationale, doit être le champion de cette conciliation, modèle dans la recherche de solutions qui, loin de diviser, rassemblent toutes les composantes de la société.

Communication non violente : un impératif pour un leadership fédérateur

En tant que leader, le Premier ministre doit adopter une communication non violente, qui constitue une base essentielle pour une gouvernance apaisée. Le Sénégal est un pays où la parole des dirigeants joue un rôle fondamental. Le recours à une pédagogie d’écoute et de dialogue est donc une condition sine qua non pour rassurer les citoyens, leur donner le cap et les accompagner dans la réalisation des réformes.
Marshall Rosenberg, théoricien de la communication non violente, nous enseigne que la façon dont nous communiquons peut désamorcer les situations conflictuelles, tout en renforçant la compréhension et la coopération. Une approche inspirée de la médiation et de l’écoute active permet de mieux comprendre les besoins des différentes parties et d’éviter les réactions brutales ou conflictuelles.
Dans le contexte sénégalais, le Premier ministre pourrait s’inspirer de nos personnalités religieuses, qui ont su s’unir autour de messages d’espoir et de tolérance. Ces figures emblématiques ont souvent adopté des discours de résilience et de non-violence, même en période de grande adversité, en se concentrant sur la transformation à long terme de la société, plutôt que de rechercher des victoires immédiates à travers des discours populistes. . Un leadership qui met l’accent sur une communication inclusive et éducative est celui qui apporte de véritables réformes à long terme.

L’exemple des guides religieux : une stratégie de long terme dans un contexte difficile

L’histoire des guides religieux sénégalais offre de précieux enseignements sur la manière de naviguer dans des contextes de haute tension. À l’époque de la colonisation, les personnalités religieuses sénégalaises ont dû cohabiter avec une autorité coloniale qui représentait une force oppressive. Ils auraient pu opter pour une confrontation directe, suscitant à court terme un sentiment de rébellion parmi leurs partisans. Cependant, ces dirigeants ont choisi une autre voie : celle de la résilience spirituelle et de la diplomatie silencieuse.
Ils ont réussi à construire une résistance pacifique qui a transcendé leur époque. Cette stratégie a permis de préserver l’intégrité de leur message et de poursuivre leur agenda spirituel à long terme, tout en évitant les écueils d’un affrontement immédiat et stérile.
Cette sagesse historique offre une leçon importante aux dirigeants politiques d’aujourd’hui. Les discours passionnés et mobilisateurs peuvent séduire une base militante à court terme, mais ils sapent souvent les actions à long terme en fragmentant la société et en créant de profondes divisions. Ce risque consiste à diviser le peuple en deux catégories : les « bons » et les « mauvais », les « justes » et les « méchants ».
Le Premier Ministre, s’il veut vraiment être le leader rassembleur dont le Sénégal a besoin, doit éviter ces écueils et choisir la voie de la communication qui rassemble, propose des solutions durables et crée une véritable unité nationale.

Un patriotisme sincère au service du bien commun

Si l’objectif du Premier ministre est de construire un Sénégal nouveau, il doit démontrer que son patriotisme sincère ne consiste pas à dénoncer ses opposants, mais à proposer des solutions qui incluent tous les Sénégalais, quelle que soit leur appartenance politique ou sociale. Le véritable patriotisme est celui qui rassemble autour d’un projet commun, en prenant soin de ne pas opposer une partie de la population à l’autre.
En conclusion, le Sénégal traverse une période critique, où la tentation de division et les discours clivants peuvent paraître séduisants à certaines couches de la population. Il appartient cependant au Premier ministre de démontrer que la force de l’unité et la pédagogie de l’inclusion sont les seules voies viables vers une transformation durable. Les citoyens sénégalais ont soif de changement, mais aussi de stabilité et de cohésion. Le Premier ministre a donc une occasion unique de montrer la voie en s’inspirant des leçons de notre histoire et de notre culture du dialogue, pour construire un avenir commun, fondé sur le respect mutuel et l’unité nationale.

Aboubakr Khalifa EXCLUSIF

 
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