Environ 150 personnes se sont rassemblées mercredi à Nancy pour réclamer le retrait d’une clause de neutralité imposée à deux salariées de l’association Accueil et Réinsertion Sociale (ARS), qui risquent d’être licenciées si elles refusent de retirer leur voile. Alors qu’un conseil d’administration se tenait dans les locaux de l’association, volets fermés, la foule maintenait la pression à coup de slogans, de sifflets et d’applaudissements. « Nous sommes là », scandaient-ils régulièrement pour signifier leur présence et leur détermination aux membres du bureau, enfermés à l’intérieur.
La manifestation s’est déroulée dans le calme, sans présence policière. « Laïcité, diversité, fierté », « Honte », ou encore « Non à la dissolution des valeurs », pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les salariés de l’entreprise ainsi que les militants et syndicalistes venus apporter leur soutien. Au bout d’une heure et demie, une partie de l’assemblée s’est dissoute mais une trentaine de personnes ont attendu la fin du conseil d’administration, dans le froid et sous la pluie.
Malgré le soutien apporté par leurs collègues, les deux salariés n’étaient pas présents. « Les conséquences de la médiatisation et tous les commentaires désagréables constatés sous les articles de presse sont, j’imagine, très mal vécus par ces deux femmes », a constaté Philippe Blouet, éducateur spécialisé et délégué syndical Sud au sein de l’association ARS. Toujours en arrêt maladie, aucun d’eux ne s’est exprimé à ce jour sur les trois choix que leur propose le président de l’association, à savoir retirer son voile, quitter l’entreprise via un licenciement conventionnel ou être licencié.
Aucune procédure de licenciement engagée
La clause de neutralité du nouveau règlement intérieur, validé fin décembre et mis en place le 10 août, ne sera ni suspendue ni retirée, selon l’association. Les deux salariés ont demandé une estimation de l’indemnité en cas de rupture de leur contrat ou de licenciement tandis que le conseil d’administration a souligné qu’il n’avait engagé, à ce stade, aucune procédure de licenciement. “Nous allons lancer un plan Marshall pour discuter des notions, redéfinir un certain nombre de choses, voir comment la laïcité et la neutralité imprègnent le travail social”, a déclaré à l’AFP la présidente de l’association, Valérie Jurin. “Il me semble que ce sont deux principes piliers et nous pensons arriver à l’élaboration d’une charte sur la laïcité au sein de notre association.”
Adoum Djibrine, délégué syndical chez Sud, connaît bien les deux salariés avec lesquels il travaille depuis plusieurs années au sein du centre d’asile. « Je les connais très bien. Ils font un travail formidable. Ils ont mis en œuvre des projets d’émancipation des femmes et des actions en direction des femmes », note-t-il.