M.Michel Barnier a donc annoncé des hausses d’impôts ciblées pour les grandes entreprises et les contribuables les plus riches. Approuvez-vous ?
Je ne vais pas désapprouver ce que je préconise depuis des années. Il est nécessaire que les plus riches d’entre nous et les entreprises qui font des super profits contribuent à l’effort collectif pour répondre à la gravité de la situation budgétaire, à l’explosion des inégalités et à ces années d’injustice fiscale qui caractérisent le quinquennat de Macron. terme. Le problème est que ce n’est pas suffisant. La suite du discours est extrêmement vague, car ce Premier ministre est retenu de tous côtés. Par les macronistes, par son propre parti, LR, et par le Rassemblement national sans lequel le gouvernement s’effondre.
Les deux tiers de l’effort de relance proviendront d’une réduction des dépenses publiques. Est-ce que cela vous inquiète ?
Mais où vont-ils couper ? Dans l’éducation, la santé, la défense, la sécurité ? Ce qui s’en vient, en fait, c’est une politique d’austérité.
« Face au risque du RN au pouvoir, il a fallu faire des choses douloureuses mais nécessaires »
Quel regard portez-vous sur ce gouvernement Barnier avec ces chiffres de la droite conservatrice ?
Je vous donne celle de mes collègues du Parlement européen : ils ne comprennent pas comment on a pu passer d’un front républicain à ce gouvernement le plus à droite depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Certes, le 7 juillet, aucune formation n’a gagné. Mais il y a un gagnant : le front républicain. Or, ce gouvernement est dirigé par le parti qui s’y opposait, LR, et il est dépendant du parti contre lequel il s’est formé, le RN. Nous sommes ici face au renversement des résultats du 7 juillet. C’est très grave. Alors comment reproduire un tel élan de mobilisation ? Le premier responsable est Emmanuel Macron, mais toute la classe politique doit aussi se poser des questions. Ce fiasco est une coproduction des différents partis qui n’ont pas été à la hauteur du geste difficile des Français.
Quel bilan faites-vous de l’expérience NFP dans laquelle vous vous êtes avancé sur la pointe des pieds, voire à reculons ?
Je m’y suis engagé sans fanfare. Mais je me suis impliqué pour contrer le risque de victoire du RN. Face à cela, nous avons dû faire des choses qui, certes, étaient douloureuses, mais nécessaires. En revanche, le 7 juillet à 20h01, nous aurions dû tendre la main et mettre sur la table nos priorités pour gouverner : augmentation du Smic, retour de l’ISF, retraites, transition écologique… Mais à 8h02 Après midi, Jean -Luc Mélenchon, en déclarant que le PFN ne ferait qu’appliquer « son programme », a fait exactement le contraire. Et les appareils politiques ont emboîté le pas, de peur d’être accusés de trahison par l’appareil mélenchoniste. C’est de cette peur dont il faut se libérer. Cela fait deux fois de suite que les Français élisent une Assemblée sans majorité absolue. Il faut donc changer de culture politique, apprendre à construire des coalitions.
« Ces oppositions profondes que nous avons affrontées avec LFI lors des élections européennes, nous continuerons à les affronter »
Aux européennes, vous n’avez cessé de pointer du doigt tout ce qui vous différencie de LFI. En rejoignant le NFP, avez-vous eu le sentiment de vous renier, de trahir vos électeurs ?
Je n’ai absolument aucun sentiment de trahison. En revanche, je comprends les doutes, je les ai partagés. Le RN pourrait avoir le pouvoir. J’ai priorisé les périls. Ce moment était une unité d’action contre l’extrême droite, ce n’était pas celui d’une vision commune du monde. Ces oppositions profondes que nous avons assumées avec LFI lors des élections européennes, nous continuerons à les assumer.
Justement, vous qui défendez la social-démocratie, quelle en est votre définition ?
Je ne prône pas le soutien à la mondialisation. La social-démocratie est une transformation sociale dans le respect de la démocratie. C’est une méthode qui s’émancipe du robespierrisme et du jupitérisme. C’est une méthode basée sur le dialogue pour que les transformations s’effectuent en accord avec la société. La France meurt de ce manque de dialogue.
Après les législatives, une option sociale-démocrate s’est dessinée pour Matignon avec Bernard Cazeneuve. Pourquoi ne pas le soutenir ?
Le 7 juillet au soir, j’ai dit qu’il fallait former une coalition, telle était la réponse démocratique. Ensuite, je n’ai pas voulu commenter chaque étape d’un processus qui, dès le départ, était vicié puisqu’il s’agissait d’un face-à-face entre un président et des partis qui votaient. D’autres noms sont sortis : Laurence Tubiana était un excellent choix. Mais ni Macron ni les quatre partis de gauche ne souhaitaient ce processus de coalition. Il n’y avait aucune chance que ça marche.
Alors, comment comptez-vous donner vie à vos idées ?
Les Insoumis ont développé leur vision du monde, ils l’embrassent. Le problème, ce n’est pas eux, c’est le reste de la gauche. Qui est-elle ? Savons-nous comment répondre à cette question de manière claire et convaincante ? Nous allons passer les prochains mois à développer un projet totalement indépendant de LFI, un projet cohérent pour la France. La question est qui sommes-nous ? Nous devons procéder par étapes et la première est celle qui devrait nous amener à produire d’ici un an une offre politique claire et passionnante.
“Un projet, ce n’est pas des punchlines sur les plateaux télé”
Vous ne voyez donc pas le gouvernement Barnier aller plus loin ?
Ce que je sais, c’est qu’Emmanuel Macron ne pourra pas se dissoudre à nouveau avant juin-juillet 2025. Après cela, il y aura peut-être une nouvelle échéance. Mais nous n’aurons pas le droit de nous laisser surprendre. On comprend que nous l’ayons été le 9 juin lorsqu’il a dissous l’Assemblée. Maintenant, ce n’est plus possible. C’est le travail que nous allons lancer avec Place publique.
Pour mettre le cap vers 2027 ?
Aux européennes, je n’ai parlé que de l’Europe. Maintenant, développons le projet car, comme je l’ai dit, nous ne savons pas ce qui peut arriver avant. Nous sommes dans une période pleine d’incertitude.
This weekend, at La Réole, Carole Delga, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Cécile Duflot are announced… What will the message be?
Il y a de la place pour une gauche sociale, démocratique, écologique, humaniste et pro-européenne. Il faut le construire, y travailler. Et ce travail ne concerne pas les punchlines sur les plateaux télé.