Le ciblage ethnique, ou du moins communautaire, reste une pratique bien ancrée dans certaines campagnes.
Des lettres écrites en albanais et en français, dont l’enveloppe représente un aigle aux ailes ouvertes (NDLR : présent sur le drapeau albanais), ont été envoyées par Amet Gjanaj lors de la campagne électorale régionale. L’échevin de Molenbeek indique étape par étape comment voter pour lui une fois dans l’isoloir et se présente comme le défenseur « la promotion de sa culture d’origine ».
Contacté, Amet Ganaj assure « n’ayant envoyé qu’une dizaine de lettres, et uniquement à des personnes qui en ont fait la demande à l’avance« .
Fouad Ahidar se rêve en faiseur de roi de ces élections municipales : « À Bruxelles, Anderlecht, Molenbeek et Schaerbeek, nous allons cartonner »
Ciblage ethnique
D’autres électeurs d’origine turque ont reçu des lettres directement dans leur langue maternelle. “Cela me paraissait étrange qu’ils puissent accéder à mes informations personnelles et à mes origines sans ma permission”» a dénoncé Mehmet (prénom d’emprunt).
Simon R nous raconte cet autre fait : «J’habite à Schaerbeek, avec mon conjoint, qui porte un nom à consonance marocaine. Il a reçu une lettre du PS lui demandant de voter pour Jamal Ikazban, Hasan Koyuncu, Ahmed Laaouej et Ridouane Chahid. Je n’ai rien reçu. Cependant, j’habite à la même adresse.
Ces pratiques soulèvent des questions sur la manière dont ces informations personnelles sont obtenues et utilisées. En théorie, les partis politiques ont accès aux listes électorales municipales, mais ces fichiers ne contiennent aucune information sur l’origine ethnique ou la langue maternelle des électeurs.
guillement“Tous les partis ont des fichiers électoraux et ont des approches communautaires ou communautaires, que tout le monde appréciera. Évidemment, ils savent lire le nom des gens et en déduire leurs origines. Les écuries du parti sont bien huilées pour ça.»
“Tous les partis ont des fichiers électoraux et ont des approches communautaires ou communautaires, que tout le monde appréciera. Évidemment, ils savent lire le nom des gens et en déduire leurs origines. Les écuries du parti sont bien huilées pour ça », décrypte un bourgmestre bruxellois.
« Si je fais l’inventaire de tous les Mehmet de Saint-Josse ou de Schaerbeek dans le registre, je suis sûr de m’adresser presque exclusivement aux Turcs. C’est une vieille pratique“
“Si je fais l’inventaire de tous les Mehmet de Saint-Josse ou de Schaerbeek dans le registre, je suis sûr de m’adresser presque exclusivement aux Turcs. C’est une vieille pratique », confie une autre Source.
« Tout le monde cible les électeurs. Écolo envoie des lettres aux nouveaux électeurs. Dans d’autres partis, on cible sur la base du carnet social, souligne un ténor socialiste. Et oui, les équipes de campagne peuvent, avec du temps et de la méthode, cibler les personnes à contacter en fonction de leur nom.
Toutefois, au sein du PS bruxellois, certains responsables tempèrent cette approche, affirmant que le profilage communautaire est une pratique crépusculaire. Désormais, c’est surtout sur Tik Tok et WhatsApp que les partis tentent de faire la différence.
Notre enquête -> Plongez-vous dans l’inquiétante campagne souterraine bruxelloise