Le nouveau Premier ministre français Michel Barnier prononcera ce mardi 1er octobre à 15 heures son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, un exercice à haut risque dans un contexte de fragmentation politique et de pénurie budgétaire.
Hausse des impôts, économies à outrance alors que le déficit public pourrait atteindre 6% du produit intérieur brut (PIB) cette année, immigration sur fond de pressions de l’extrême droite font partie des dossiers brûlants sur lesquels l’ancien envoyé européen, âgé de 20 ans, est attendu. 73 ans, dont les capacités de négociateur sont plus que jamais mises à rude épreuve.
«Je veux que l’effort soit juste. Maîtriser les dépenses publiques signifie que l’État doit dépenser moins, dépenser mieux »a déclaré Michel Barnier dans un entretien publié samedi au Journal de Saône-et-Loire avant une visite à Mâcon.
En matière de fiscalité, « Je protégerai de toute hausse d’impôts ceux qui sont sur le terrain, qui travaillent, qui produisent. Nous ferons appel de manière exceptionnelle à ceux qui peuvent contribuer », a ajouté le Premier ministre, dont le propos sera nourri des idées présentées lors du séminaire gouvernemental organisé vendredi à Matignon.
Selon les informations de plusieurs médias dont Le Monde, il envisage, entre autres, de lever huit milliards d’euros auprès des grands groupes et de taxer les rachats d’actions.
Le camp présidentiel, allié à Michel Barnier au sein du gouvernement, s’oppose à toute hausse d’impôts, qui était la marque du parti. « le macronisme » au cours des sept dernières années.
En lançant dimanche son mouvement politique « Populaire » à Tourcoing (Nord), l’ancien ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a rappelé son opposition à cette hypothèse, également rejetée par l’ancien Premier ministre devenu patron des députés de la Renaissance, Gabriel Attal. .
Politique de sécurité et de migration
Outre les finances publiques, Michel Barnier devrait évoquer la politique de sécurité et de migration, thèmes sur lesquels le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a prononcé un discours très ferme, approuvé par l’extrême droite.
Chantre de « rétablissement de l’ordre », le sénateur vendéen veut augmenter la durée de détention des personnes soumises à une obligation de quitter le territoire français, revoir l’aide médicale d’État ouverte aux étrangers en situation irrégulière et il se dit favorable à un référendum sur l’immigration.
C’est à 15 heures, heure de Paris, que Michel Barnier s’adressera aux 577 députés issus des élections anticipées décidées par le chef de l’Etat, désormais axé sur la politique étrangère, au moment où le Moyen-Orient est en feu. -Est. Ce qui ne l’a pas empêché de prendre connaissance des intentions du chef du gouvernement lors d’une réunion lundi matin à l’Elysée.
La coalition de gauche Nouveau Front populaire (NFP) envisage d’élaborer immédiatement une motion de censure qui a peu de chance d’être votée, là où le Rassemblement national n’envisage aucun veto “a priori” tout en brandissant la menace de renverser le gouvernement si sa politique ne lui convient pas.
Avec 142 députés, alliés compris, ce qui lui permet de jouer le rôle d’arbitre au Palais-Bourbon, l’extrême droite entre dans une période trouble avec le procès pour détournement de fonds européens qui s’est ouvert lundi devant le tribunal correctionnel de Paris.
Marine Le Pen, qui fait partie des prévenus, risque une peine d’inéligibilité. Michel Barnier s’exprimera mercredi au Sénat où la droite républicaine, sa famille politique, est majoritaire.