Ce sculpteur lotois qui donne vie à la pierre et a créé le désormais mythique « Petit Montcuquois »

Ce sculpteur lotois qui donne vie à la pierre et a créé le désormais mythique « Petit Montcuquois »
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Par Éditorial Cahors
Publié le

28 avril 24 à 17h00

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Au coeur de village de Montcuq il y a une rue au nom mythique : rue du petit rapporteur, dans lequel on peut admirer un statue désormais légendaire aux fesses rebondies et qui porte chance : « Petit Montcuqois ».

Dans cette rue se trouve un atelier d’artiste où, aux côtés du peintre Pier D’Huparlac, il travaille le sculpteur Hugo. En franchissant la porte de cet atelier, vous pourrez découvrir les créations exposées. Et si l’on regarde ses sculptures et que l’on écoute attentivement, on entend battre un cœur : peut-être celui de la pierre, ou celui de l’artiste, ou de son village, ou de sa passion.

Car c’est une véritable fascination pour la pierre qui habite cet homme, aussi loin que remontent ses souvenirs d’enfance.

Son itinéraire de Cahors à Montcuq

Hugues Thomas est né le 19 mars 1964 à Cahors de parents agriculteurs du Lot à Cabrerets. Son père est ami avec André David, célèbre spéléologue qui a découvert la grotte du Pech Merle. Grâce à cet homme, son enfance est remplie d’histoires de découvertes, d’art rupestre, de spéléologie et d’archéologie. Il est également captivé par la peinture qui ouvre son imaginaire à sa propre créativité. Lorsqu’il arrive à Lebreil avec sa famille à l’âge de 9 ans, il explore les nombreuses grottes des environs. Il découvre la spéléologie grâce à un club cadurcien, et entre en contact avec un monde souterrain qui le fascine.


Sculpture et archéologie

Sa passion pour la sculpture s’empare très vite de lui, dès l’âge de 12 ans il crée ses propres pièces, en bois ou en pierre. Il est également passionné d’archéologie, dépensant son argent de poche dans le magazine « Les dossiers de l’archéologie ». Il apprend tout sur la céramique et les trouvailles préhistoriques, de l’Antiquité au Moyen Âge.

Hugues n’est pas fait pour les études, c’est un manuel qui aime le contact avec la matière. Il entame une carrière de maçon, ce qui lui permet de maîtriser une autre approche de la pierre : la taille, mais aussi le béton, le ciment, le sable. Il est dans son élément, même si le métier est dur. Il part travailler à Toulouse dans une grande entreprise de maçonnerie.

À l’âge de 19 ans, il découvre une grotte sépulcrale sur une falaise à Lebreil, un ossuaire presque intact contenant 17 squelettes, des bijoux, des poignards en silex, des colliers de perles et des calottes crâniennes. Après avoir contacté le musée pour l’alerter de cette découverte, il poursuit les fouilles avec un archéologue professionnel du CNRS, avec lequel il travaille pendant près de vingt ans sur différents sites archéologiques. « Même sans avoir étudié, j’ai réussi à allier ma passion pour la sculpture sur pierre avec l’archéologie, ce sont les deux domaines qui me fascinent. »

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Professionnellement, il travaille pour des artisans dans la restauration de maisons, églises, châteaux, monuments et également dans la taille de pierre.

À l’âge de 27 ans, un grave accident de voiture l’arrête net ; il lui a fallu deux ans pour retrouver la motricité de ses bras et de ses mains. Il retourne toujours travailler à temps partiel.

Parallèlement à son métier de maçon, il ne cesse de créer. Il expose localement et est inscrit en 2004 à la Maison des Artistes de Paris, ce qui lui confère statut, reconnaissance d’artiste et visibilité. Il expose entre autres à la galerie St Martin.

Ses sources d’inspiration

Autodidacte, curieux, un peu rêveur, il lit beaucoup et s’inspire de différents créateurs comme Aristide Maillol. Beaucoup de ses créations s’inspirent également de références à l’art roman.

C’est un contemplateur de la nature. Terre, bois, minéraux, plantes, tout est Source d’inspiration.

« Il y a beaucoup de travail en amont qui précède la sculpture, on ne part pas d’une supposition, il y a une inspiration qui se reflète, un projet qu’on monte. Et puis mes connaissances géologiques issues de mon métier de maçon sont précieuses. J’ai beaucoup appris grâce aux carriéristes qui m’ont partagé leurs connaissances ancestrales sur certains marbres par exemple. »

A 47 ans, son corps disait stop. « Physiquement j’étais épuisé, en tant que tailleur de pierre, je portais des blocs de plus d’une centaine de kilos, je passais mes journées à déplacer ou à porter des monolithes. Même si on applique des techniques ou utilise du matériel spécifique pour prendre soin du corps, au bout d’un moment c’est dur, on est brisé. Les ostéopathes et kinés m’ont clairement dit qu’il fallait que j’arrête. »

Après une année passée à travailler pour Quercy Contact sur des petits projets de bricolage, il reprend son statut d’artiste en tant que sculpteur-graveur. Bénévole, il travaille avec la Maison d’Enfants de Montcuq pour former des jeunes à la sculpture, leur ouvrant les yeux sur le monde de l’art. C’est une mission de transmission qui lui tient à cœur.

« Cela fait partie du métier d’artiste. Transmettre, propager la technique et la passion. Les tendances artistiques depuis des millénaires se sont formées grâce à des références, des influences, des inspirations. Vous ne devriez pas vivre de manière égoïste. Nous devons donner un coup de main à ceux qui veulent apprendre. »

Le Petit Montcuquois

A Montcuq, le maire Alain Lalabarde lui a demandé en 2014 de créer un ouvrage pour remplacer l’ancien Manneken-Pis disparu rue du Petit Rapporteur. Sa disparition inquiétante et encore inexpliquée a laissé un vide non seulement dans son lieu de résidence, mais aussi dans le cœur des Montcuquois. Cependant, Hugo ne souhaite pas créer une copie d’une copie. Après plus de six mois, il a dévoilé son travail terminé : « Le Petit Montcuquois »une statue en pierre calcaire de 94 centimètres qui, en clin d’œil au nom du village et à la sculpture antique, montre ses fesses rebondies.

Hugo en a fait don à la ville.

C’est une réussite qui scelle à jamais le travail de l’artiste dans ce village. La statue devient une attraction touristique incontournable, une légende urbaine naît et promet le bonheur aux passants qui toucheront les fameuses fesses. En 2022, La Monnaie de Paris éditera une médaille à l’effigie de la désormais célèbre statue.

Un artiste « habité »

Lorsqu’il crée, Hugo se sent imprégné de quelque chose de presque divin. « Ils pourraient me bander les yeux, ça fonctionnerait tout seul. C’est une sorte de méditation, je me sens habité. Il a un côté insoupçonné : un don de magnétisme qu’il possède depuis l’enfance. Il coupe le feu, il trouve l’eau. Cela se sait de bouche à oreille. Il ne monétise pas ce don, il est impensable pour lui de gagner de l’argent grâce à cela. Dans sa conception de l’humain, il s’agit d’un équilibre fondamental entre le corps et l’esprit. « L’art est comme un sacerdoce. Quand tu entres, c’est pour la vie.

Dans ses projets, Hugo souhaite poursuivre la sculpture, et reste curieux de faire évoluer davantage son style et ses techniques.

Chaque dimanche matin, il travaille dans la rue devant son atelier. Une manière d’entrer en contact avec le public et aussi de susciter des vocations. Il n’hésite pas à remettre son burin, son marteau et son burin entre les mains d’enfants curieux.

Il apprécie au quotidien la richesse de la nature, et le bonheur d’une vie simple à la campagne. Il ne comprend pas l’avidité, l’étalage de richesse et la consommation excessive. Ce qu’il aime à Montcuq, c’est la tranquillité de ce village où tout le monde se connaît. Et puis il apprécie la relation directe avec les autres, il n’est pas fait pour la virtualité. Bon vivant qui aime le bon vin, « je suis un peu brouillon » avoue-t-il.

Dans l’atelier de la rue du Petit Rapporteur, une passante entre pour acheter un bracelet en pierre qu’elle porte immédiatement à son poignet.

Un acte qui montre combien l’art de Hugo est intemporel et vivant, à la fois lié aux origines primitives par ses matériaux, ancré dans le présent par sa conception, et tourné vers le futur grâce à l’héritage qu’il léguera au public de demain.

Cécile INGALLS

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