France Travail (anciennement Pôle Emploi) vient de publier son enquête annuelle sur les besoins en main d’œuvre (BMO) réalisée auprès des entreprises, entre octobre et décembre 2023, avec le concours du Centre de recherche d’étude et d’observation des conditions de vie (Crédoc). Dans l’Aude, on constate une baisse des projets d’embauche chez les employeurs et toujours les mêmes difficultés de recrutement dans un contexte de saisonnalité marquée.
La tendance, déjà bien amorcée l’année dernière, se confirme. Les projets de recrutement chez les employeurs audois dessinent une courbe descendante pour l’année 2024 par rapport aux années précédentes. 17 400 embauches prévues en 2024 contre 19 010 en 2023 et 20 560 en 2022, ce qui constitue un pic. C’est un retour au même niveau qu’avant Covid. Pour rappel, les progrès étaient constants depuis 2018 (16 380 projets en 2018, 17 540 en 2019, 18 360 en 2020, 19 160 en 2021). Cette baisse de 8,4 % entre 2023 et 2024 dessine un contexte compliqué pour le tissu économique audois. Comme au niveau national où la baisse des intentions d’embauche est de 8,5%. Dans l’Aude, deux territoires souffrent particulièrement. « Ceux de l’hôtellerie-restauration (HCR) et du bâtiment », constate Murielle Henry, la directrice de France Travail pour l’Aude et l’Ariège. En l’espace d’un an, les projets de recrutement ont chuté de 15 % au HCR et de 32 % dans le bâtiment. Les raisons : « Difficulté à recruter, inflation, coût des matières premières pour le HCR. Et pour la construction, la construction de nouveaux bâtiments diminue.»
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Quatre bassins d’emploi scrutés à la loupe
Quatre bassins d’emploi, Narbonne, Carcassonne, Limoux, Castelnaudary sont répertoriés et analysés pour cette enquête. Avec 8 960 recrutements prévus, le bassin narbonnais est de loin le plus dynamique, suivi de ceux de Carcassonne (5 320), Limoux (1 640) et Castelnaudary (1 480). En revanche, la part des recrutements jugés difficiles est la plus élevée à Narbonne (56%), suivie de près par Carcassonne (55%). C’est moins tendu près de Limoux (44%) et de Castelnaudary (40%).
Cette enquête BMO met en lumière les caractéristiques du marché du travail audois. Les services restent le premier recruteur de la région avec 60% des projets formulés en 2024 (64% pour la région). L’agriculture, y compris l’industrie agroalimentaire, représente 22 % des intentions d’embauche, le commerce 12 %, la construction 4 % et l’industrie 2 %. Les employeurs recherchent principalement des aides de cuisine et des employés polyvalents de la restauration, des aides à domicile et des aides-soignants et des agriculteurs.
Plus d’un recrutement sur deux jugé difficile
La forte saisonnalité des emplois (58 % contre 39 % pour la région Occitanie) reste très marquée en raison de l’importance de la part de l’hôtellerie-restauration (23 % des 17 400 embauches prévues) et de l’agriculture. Le pourcentage de projets saisonniers atteint 83% dans l’agriculture et 75% dans l’hébergement-restauration.
Source France Travail – Source France Travail
En nombre de projets de recrutement prévus pour 2024, les métiers du HCR (3 830) et de l’agriculture et de la viticulture (3 680) arrivent en tête. « Pour beaucoup de gens, il y a une alternance entre périodes de travail et périodes de chômage », remarque Murielle Henry en tentant d’établir le profil de l’ouvrier audois. A noter également que le secteur de la santé cherche à recruter : notamment des services d’aide à domicile, des aides-soignants, des infirmiers. « C’est un phénomène national. Il existe une silver économie. À cause de l’allongement de la vie et du fait que les gens restent à la maison. Au sortir de la crise sanitaire, on aurait pu aussi penser que les métiers d’infirmier et d’aide-soignant allaient susciter des vocations. Cela n’a pas été le cas, car les démissions ont été nombreuses.
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En revanche, les difficultés de recrutement restent importantes. 53,3% des projets d’embauche sont jugés difficiles par les entreprises audoises. Certes, en baisse par rapport à 2023, où ce chiffre s’élevait à 58 % alors qu’en 2021 il n’atteignait que 36 %. « On voit que dans la restauration, il y a des difficultés à stabiliser les effectifs, à les garder. Cela pose la question des conditions de travail et de salaire.», poursuit Murielle Henry. Outre la restauration, d’autres professions sont soumises à de fortes pressions. Conducteurs de transports en commun (97 % des projets de recrutement jugés difficiles), assistants et aide-soignants (89 %) ou encore mécaniciens automobiles (94 %). Lorsqu’on lui demande quelles sont les raisons des difficultés rencontrées en matière de recrutement, « 99 % des employeurs évoquent le manque de candidats »confie le directeur de France Travail. “Et 79% parlent de comportements inappropriés au travail.”
10,5% de chômage dans l’Aude
Comme les années précédentes, on constate donc une offre qui ne correspond pas à la demande, sachant que 35 000 personnes sont au chômage dans l’Aude (10,5% contre 7,3% en France). « Nous devons travailler sur les causes qui font qu’il est difficile pour les entreprises de trouver du personnel. Il y a un changement dans la façon d’aborder le travail, le CDI n’est plus le Saint Graal, il faut préparer les travailleurs à développer leur carrière en changeant de métier dans les secteurs qui recrutent. Les pratiques managériales doivent également évoluer.conclut Murielle Henry.
Source France Travail – Source France Travail
2 864 entreprises ont répondu à l’enquête
L’Enquête sur les besoins en main-d’œuvre (BMO) mesure les intentions de recrutement des employeurs pour l’année à venir, que ce soit pour la création ou le remplacement d’emplois. L’enquête BMO 2024 a été réalisée entre octobre et décembre 2023 sur l’ensemble du territoire national. Dans l’Aude, 10 911 entreprises ont été interrogées fin 2023. Au total, 2 864 établissements ont répondu au questionnaire, soit un taux de retour de 26,2 %. « C’est un bon retour, qui nous permet d’être représentatifs. Nous considérons qu’à partir de 20%, c’est très bien”explique Murielle Henry, la directrice de France Travail pour l’Aude et l’Ariège.
