cette étrange nuit de 1726 où une aurore boréale terrorisait le Tarn

Dans la nuit du 19 au 20 octobre 1726, un phénomène extraordinaire fut observé dans de nombreux pays européens qui « occupaient toute l’étendue du ciel étoilé… »

« Il y a eu une consternation générale », décrit le curé de Lempaut, qui a noirci deux feuilles de ses registres paroissiaux pour documenter l’événement. « Le bruit des cloches qu’on entendait partout, les passions dont on parlait, le silence de la nuit augmentaient les peurs. Les églises étaient pleines de gens qui fondaient en larmes. Les prêtres montaient à la chaire et, les larmes aux yeux, annonçaient que le Grand Jugement était arrivé ; les femmes enceintes mouraient subitement, les malades faisaient des rechutes mortelles.

Mais quel est ce phénomène extraordinaire ? Tout simplement la plus grande aurore boréale de l’histoire visible sous nos latitudes. Il faut imaginer l’étonnement de nos ancêtres à la vue de ce spectacle exceptionnel.

Deux heures à l’observer

Au sud du Tarn, Fedou, curé de Lempaut raconte : « Hier soir, 19 octobre, nous avons vu ici un phénomène extraordinaire vers sept ou huit heures du soir, le soleil… s’étant couché avec un ciel parfaitement serein et sans nuages. , on me demanda de sortir : je remarquai d’abord que le ciel était éclairé par une lumière blanche et très vive dont les rayons tombant obliquement sur la terre, rendaient visible notre montagne (la Montagne noire) avec distinction des objets et reflétaient les parois du maisons, une lumière plus vive et moins confuse que celle de la Lune dans les nuits les plus claires. La lumière semblait chargée d’une vapeur rare et très haute, colorée d’un rouge assez vif… Ce qui me fit le plus d’admiration fut de voir deux colonnes spirales de cette vapeur, s’élevant jusqu’à notre zénith. , j’ai remarqué des ondulations de cette vapeur avec différentes modifications de lumière, presque comme un arc-en-ciel. Il ne semblait presque aucun changement dans tout cela pendant plus de deux heures que j’étais occupé à l’observer… ».

Quelques jours plus tard, le curé Fédou ajoutait : « Nous avons depuis appris par l’information publique que ce phénomène a été constaté dans toute l’Europe, à Saint-Pétersbourg, Stockholm, Londres, Bruxelles, Amsterdam, Paris, à Madrid, à Lisbonne, à Rome, à Naples. . Les bons Suisses furent tellement alarmés que, craignant quelque surprise, le magistrat de Berne passa la nuit à cheval avec la bonne bourgeoisie.

Le prêtre a lu la presse et constate que l’Europe entière a été témoin de ce phénomène extraordinaire. À une époque où les croyances et les superstitions étaient très fortes, on imagine aisément la terreur qu’a dû provoquer cette aurore boréale sans précédent. Ne les jugeons pas, et regardons aujourd’hui comment nous réagissons à la vue des satellites Starlink, qui, dans un balai de lumières, intriguent beaucoup d’entre nous.