“Bien sûr, c’est du gaspillage!” – .

Depuis 2018 et la volonté des voisins du château de Brisis de bloquer le chemin d’accès au château, le maire de la commune, Pierre De La Rue Du Can, s’est peu dit sur le sujet. Le propriétaire et l’association des Amis du Château de Brisis lui reprochent un manque d’engagement dans ce que le président de la fédération archéologique et historique du Gard et maire de Moussac, Frédéroic Salle-lagarde a qualifié d’« agression ». Pour Objectif Gard, il revient sur ce qui a motivé ses différents choix, notamment celui de demander un jugement au fond, ou encore la récente décision du conseil municipal de refuser que la famille propriétaire aménage le chemin pour réaliser les travaux. Entretien.

Le maire de Ponteils-et-Brésis, Pierre De La Rue Du Can • François Desmeures

Objectif Gard : En septembre 2018, la famille Bouschet, dont la propriété jouxte le Château de Brisis, a décidé de fermer le chemin d’accès lors des Journées du Patrimoine. A l’époque, le sous-préfet avait suggéré que le chemin pourrait être rouvert, tout en vous conseillant de créer une limite… Votre prédécesseur, Roger Bacon, soulignait que le chemin existait déjà au cadastre napoléonien, etc. Malgré ces avis, pourquoi pas le chemin est-il rouvert immédiatement ?

Pierre De La Rue Du Can: Parce que vu la durée de ce conflit, je voulais que les décisions soient prises à l’extérieur.

Car, de votre côté, à quand remontez-vous le conflit de quartier ?

1997. Dès le début de la procédure entre les Bouschet et M. de Brésis. Depuis, les conflits sont constants. Lors de mon premier mandat, j’ai écouté tout le monde, j’ai essayé de comprendre ce qui se passait. Et j’ai vu que je n’avais pas beaucoup de clés pour résoudre le problème.

Le clocher de Ponteils, face au Mont Lozère • François Desmeures

N’avez-vous pas vu de terrain d’entente possible ?

Non, les gens disent qu’ils veulent se parler, mais en réalité, ils ne le peuvent pas. Nous avons donc tergiversé. Mais quand le chemin était barré, on s’est retrouvé un peu coincé et on s’est dit “on ne peut pas rester comme ça”. Lors de mon premier mandat, je me suis rendu à la cellule technique de Bessèges car, lors de la modification du carrefour routier, il y avait eu des échanges de terrains à cette occasion. Sur ces documents, le tracé figurait sur le relevé qui avait été effectué lors de la modification de l’intersection. Donc, pour moi, le chemin était communautaire. Mais je voulais que cela apparaisse de manière juridique, pour demander à un juge de pouvoir résoudre le problème.

“Quand je vois toute cette situation, je me dis qu’on va se concentrer sur notre sujet, c’est à dire le chemin”

Afin de pouvoir opposer le jugement à un éventuel manifestant ?

Oui, pour pouvoir s’y opposer. Nous, la municipalité, nous trouvons entre les injonctions de l’État, qui nous dit « ce serait bien de régler ce problème » ; nous avons M. de Brésis qui souhaite accéder à sa propriété mais la municipalité n’est pas responsable du fait que ce terrain soit enclavé ; et les Bouschet, qui ne veulent pas être dérangés par les passants. Quand je vois toute cette situation, je me dis qu’on va se concentrer sur notre sujet, c’est-à-dire le chemin. Indiquer. Il y a ce château, c’est dommage, c’est clair que ça pourrait être intéressant d’aider M. de Brésis. Mais, en aucun cas, il n’est la propriété de la commune. Alors, on se concentre sur ce qui nous concerne.

Depuis le blocage, avez-vous eu l’occasion de discuter avec les collègues Bouschet ?

Non.

N’avez-vous jamais eu de contact autre que juridique ?

Je sais qu’un des membres de la famille est venu à la mairie la semaine dernière. Mon premier assistant l’a rencontré. Et on a bien compris que les choses restaient compliquées avec les de Brésis. Mon adjoint leur a proposé que la mairie puisse être un « médiateur », s’ils le voulaient. Au moins, ils peuvent se rencontrer . Mais je ne suis pas sûr que cela réussira.

Le château de Brisis, dont l’accès a été validé par la justice, dans l’attente de l’appel… • François Desmeures

Quel était votre objectif en délivrant un ordre de danger ordonnant au propriétaire d’effectuer des travaux, alors que vous saviez que le bâtiment restait inaccessible ?

Il est inaccessible mais, dès que les Bouschet ne sont pas là, on se rend au château. La responsabilité de la commune étant engagée lorsqu’un monument menace de s’effondrer, j’ai pris cet arrêté. Et puis, le château reste accessible via le chemin supérieur. Il y a un danger.

“Mon rêve est que la situation soit résolue”

Il s’agissait donc selon vous plus d’un signal de danger pour d’éventuels promeneurs que d’un ordre de travaux au propriétaire ?

Ce ne peut pas être un ordre de travail au propriétaire, je connais très bien la situation dans laquelle il se trouve… Je ne vais pas réussir à le forcer, d’autant plus qu’il est coincé pour y arriver par le bas. Nous avons reçu les conseils de notre avocat. Mon rêve est que la situation soit résolue. La situation ne nous amuse pas, nous ne prenons aucun plaisir. Mais vu le niveau de tension atteint, nous avons décidé de passer par la voie judiciaire. Malheureusement, c’est un peu long.

L’accès actuel au château, à une centaine de mètres du bâtiment • François Desmeures

Lorsqu’une partie de la façade du château s’est effondrée en octobre (lire ici), quel sentiment avez-vous ressenti ?

Je le regrette, je ne suis absolument pas content de cette situation. Tout le patrimoine de la commune, qu’il soit privé ou public, est regardé avec curiosité et attention. Quand nous le pouvons, nous aidons. Quand on ne peut pas… Ici, il ne nous reste plus qu’à entretenir le chemin. Et régler cette question de propriété du chemin.

Le dernier épisode de cette longue série est le refus voté au conseil municipal en février de laisser M. de Brésis élaborer le chemin pour commencer les travaux, au motif que l’appel n’a pas été jugé et qu’il reste donc un doute sur l’issue des travaux. mérites. Si l’appel était en faveur de la municipalité, entreprendriez-vous les travaux au nom de la municipalité ou laisseriez-vous M. de Brésis les entreprendre?

C’est à nous de le faire. Parce que la responsabilité de l’usage du bien appartient au propriétaire. C’est donc à nous de le faire. D’ailleurs, je l’ai dit à M. de Brésis. Peut-être que, dans un deuxième temps, s’il a besoin d’apporter du matériel et que l’aménagement que nous avons fait ne lui convient pas, il faudra probablement faire un aménagement temporaire qui lui permettra d’utiliser le chemin selon ses besoins.

Mais le coût du développement ne serait-il pas trop élevé pour la municipalité ? Parce que l’accès n’est vraiment pas évident à organiser…

Ce qu’on nous a proposé pour les travaux n’était que temporaire, juste un échafaudage. On le voit sous la forme d’un escalier. Ou – si nous avons l’autorisation – une rampe. Mais de toute façon, une route n’est pas possible. Le bornage judiciaire, rendu suite au jugement, permettra de prendre les dispositions appropriées.

« Je vois que tout le monde me regarde, la patate chaude à la main »

En tant que maire, n’avez-vous pas l’impression – depuis 1997 – d’assister à un gaspillage énorme ?

Bien sûr, c’est du gaspillage ! Sur une propriété comme ça, il y a du potentiel touristique, patrimonial, architectural… Il y avait des choses à faire. Et malheureusement, en cas de désaccord entre propriétaires, nous ne pouvons rien faire. C’est triste. Et je vois que tout le monde me regarde, la patate chaude à la main, en se disant : « Comment va-t-il s’en sortir ? Eh bien, au bout d’un moment, j’ai fini par me concentrer sur ce qui me préoccupait. C’est un message que beaucoup de gens ne peuvent pas entendre. Mais que veux-tu que je fasse ? Je suis coincé.

Avez-vous une idée de la date du jugement ?

On nous a dit « pas avant le printemps 2025 ». Si nous nous amusions à travailler aujourd’hui et que nous perdions l’appel, nous devrions tout défaire. Et c’est de l’argent public que nous gaspillons.

Ponteils-et-Brésis, une photographie humaine du village dans un livre

Mardi 23 avril est sorti chez Atelier Baie, un livre, édité à 1 000 exemplaires, sur le village, sobrement intitulé « Ponteils-et-Brésis, un coin de terre en Cévennes ». Un livre né de l’envie de proposer une photographie, en ce XXIème siècle, de la ville et de ses habitants.

Immergée quelques jours par mois, la journaliste nîmoise Agathe Beaudoin (journaliste de longue date à Midi libreaujourd’hui correspondant de presse dans le Gard pour Le monde) est allé à la rencontre des habitants toute l’année. « L’idée était d’en faire un objet de mémoire, explique Pierre De La Rue Du Can. Il est issu de travaux qui avaient été réalisés par une communauté de communes du côté de la Lozère. C’était une démarche plutôt ethnologique, ils allaient à la rencontre des anciens. Ils en firent un livre, distribué à tous les habitants de la ville. J’ai trouvé le projet cool. On en parlait entre conseillers municipaux, et tout le monde disait « mais pourquoi seulement les anciens ? Autant aller voir tous les habitants ».

En plus du côté humain, « Les cahiers décrivent des sujets comme l’eau, la forêt, le centre hospitalier, les vestiges et ruines de l’époque de l’extraction du tanin du châtaignier. Agathe Beaudoin est venue, depuis un peu plus d’un an, à la rencontre des habitants. Nous avons essayé de l’orienter pour essayer d’obtenir une diversité de population car dans notre commune – comme dans beaucoup d’autres – nous avons des gens qui sont ici depuis des générations, et d’autres depuis deux ans et leurs motivations pour s’installer ici sont diverses.

Les habitants – qui ont reçu le livre en cadeau – ont ainsi « une trace de leur commune aujourd’hui. Ce qui serait bien, ce serait de faire la même chose dans vingt ans. »conclut le maire de Ponteils-et-Brésis.

Le livre de la journaliste Agathe Beaudouin sur le village, sorti le 23 avril • FD

 
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