Populations surexploitées et baisse des quotas d’ombles dans la région de Québec

Populations d’omble de fontaine et d’omble chevalier oquassa, communément appelées truite mouchetée et truite rouge, sont surexploitées dans la grande région de Québec, notamment dans la réserve faunique des Laurentides. La situation oblige le ministère de l’Environnement à réduire les quotas de récolte cette année.

L’ouverture de la pêche de ces deux espèces est prévue ce vendredi dans la zone 27, qui couvre toute la grande région de Québec et au-delà, de Portneuf à l’ouest jusqu’à la rivière Saguenay à l’est.

Désormais, la limite journalière et de possession de ces poissons sera de 10 au total par la même personne possédant un permis de pêche valide. Il s’agit d’une limite totale pour les deux espèces combinées. Parmi eux, seuls deux ombles chevaliers peuvent être pêchés ou gardés.

L’ensemble du territoire est visé, que ce soit dans les pourvoiries, dans les réserves fauniques, dans les parcs nationaux, dans les ZECS et les secteurs publics non organisés.

La zone 27 couvre un vaste territoire comprenant plusieurs zecs, réserves fauniques, pourvoiries et parcs nationaux.

Photo : Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Destruction de l’habitat et pression de la pêche

Cette décision gouvernementale résulte d’un changement de statut de l’omble chevalier oquassa. Le poisson a été désigné espèce vulnérable au Québec l’année dernière. Quant à l’omble de fontaine, une récente analyse des données de pêche sportive dans la capitale nationale a mené à des constats inquiétants.

Les travaux ont démontré que les différents indicateurs de la pêche sportive présentent des évolutions significatives qui se sont accentuées au cours des dix dernières annéesexplique Ève Desrosiers, porte-parole du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). Les données de pêche expérimentale montrent que la plupart des populations de la région sont surexploitées.

En bref, le succès de la pêche a diminué de moitié sur une période de 30 ans.

Une citation de Ève Desrosiers, porte-parole, ministère de l’Environnement

Actuellement, quelque 75 % des lacs sont surexploités dans la zone 27. Les données les plus fiables proviennent de territoires comme les réserves fauniques, où des statistiques sont régulièrement établies.

En pourvoirie, où les captures sont également comptabilisées, les données peuvent cependant être faussées par un repeuplement plus intensif des plans d’eau. Sur les terres publiques, il n’existe quasiment pas de données fiables, mais les biologistes supposent des impacts à proximité des zones urbanisées.

Diminution malgré une baisse de pression

Malgré une baisse générale de l’effort de pêche de 30 % sur 30 ans, la récolte a chuté de 55 %.

Et malgré cette baisse de l’effort de pêche, elle figure toujours parmi les principaux facteurs pris en compte par les biologistes du ministère pour expliquer une meilleure maîtrise des prélèvements.

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La destruction des habitats des salmonidés, sensibles aux perturbations humaines, est également citée parmi les explications du déclin des populations. Besoin eau fraîche et oxygénéeL’omble chevalier est particulièrement vulnérable aux perturbations de son environnement.

Les lacs et rivières de la région de la Capitale-Nationale, en raison de leur proximité des grands centres et de l’utilisation intensive de ce territoire, subissent donc de fortes pressions depuis plusieurs années.résume Mme Desrosiers.

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Les pêcheurs sportifs devront s’adapter aux nouvelles règles dans la zone 27. (Photo d’archive)

Photo : Radio-Canada / Carl Marchand

Le développement forestier (notamment les routes), l’agriculture, l’étalement urbain et la présence d’espèces envahissantes représentent des menaces pour ces deux espèces indigènes, emblèmes de la pêche sportive au Québec.

En plus de la limite de quota, Québec travaille actuellement à un examen des plans d’empoissonnement ainsi qu’une amélioration des communications avec les partenaires de la faune.

Relique de l’ère glaciaire

Le cas de l’omble chevalier oquassa, une relique de l’ère glaciaire, est encore plus sensible. Sa présence est particulièrement importante dans la zone 27, note le ministère. lacs où l’omble chevalier serait présent dans la région de la Capitale-Nationale et 317au niveau provincial.”,”text”:”Nous connaissons environ 151 lacs où l’omble chevalier est présent dans la région de la Capitale-Nationale et 317 au niveau provincial.”}}”>On connaît environ 151 lacs où l’omble chevalier est présent dans la région de la Capitale-Nationale et 317 à l’échelle provinciale.

Si 50 % des lacs sont situés dans la grande région de Québec, la concentration d’omble chevalier est beaucoup plus élevée dans la zone 27 qu’ailleurs dans la province. Selon Annabel Carrier, directrice de la faune de la Capitale-Nationale à MELCCFP90 % des ombles chevaliers de la province y résident.

Omble chevalier oquassa est une sous-espèce de l’omble chevalier. Il est présent exclusivement dans certains lacs du Québec, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve-et-Labrador et du Maine. Ces populations sont isolées en eau douce depuis le retrait des glaciers, il y a environ 12 ans 000 années. Ils sont d’une grande valeur en termes de génétique et patrimoine.

Source : MELCCFP

Les données de population de cette espèce restent cependant très partielles, du fait que les biologistes limitent leurs interventions afin de ne pas déranger inutilement les poissons. Nous ne connaissons pas l’état de la population de cette espèce car nous limitons l’échantillonnage qui la cible pour avoir le plus faible impact possible.

Les biologistes sont également prudents puisque l’omble chevalier oquassa ne migre pas. Un rapport de situation sur l’espèce, en 2018, considéré chaque population de l’espèce comme vulnérable puisque chacun d’eux est lié uniquement au lac où il se situe, sans possibilité de coloniser naturellement d’autres plans d’eau.

Parmi les mesures de sensibilisation pour protéger l’espèce, Québec demande aux pêcheurs de bien identifier leurs prises et d’identifier les différences entre l’omble de fontaine et l’omble de fontaine.

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Différencier l’omble de fontaine de l’omble chevalier demeure un défi pour les pêcheurs moins expérimentés.

Photo : Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Les palettes de 1895

De manière quelque peu contre-intuitive, la masse de poissons est aujourd’hui un indicateur d’une mauvaise santé d’une population. Lorsque la population diminue, les individus grandissent au fil des années et la masse moyenne augmente.explique Annabel Carrier.

Il n’en reste pas moins qu’en 1895, période d’abondance, une corpulence appréciable n’était pas forcément limitée par la densité de population. Au Lac Moses, dans l’actuelle ZEC de Rivière-Blanche, les archives témoignent de succès de pêche qui feraient rougir d’envie les pêcheurs modernes.

>>Des pêcheurs montrent leurs prises au lac Moses, il y a un siècle.>>

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Des pêcheurs présentent leurs prises au lac Moses, il y a un siècle.

Photo : Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Ils démontrent également une baisse spectaculaire de la qualité de la pêche.

Je ne pense pas qu’on puisse revenir aux photos, convient avec regret Mme Carrier. Ce dernier constate cependant un changement de mentalité chez les pêcheurs sportifs. Les nouveaux pêcheursdit-elle, ils s’inscrivent dans un mouvement plus axé sur la conservation de la ressource et la remise à l’eau.

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Elle souligne que les quotas ne sont pas des objectifs à atteindre. Ce n’est pas un objectif, c’est le seuil à ne pas dépasser.

 
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