le cri d’avertissement d’un chef de zone de police

le cri d’avertissement d’un chef de zone de police
Descriptive text here

A 43 ans, la commissaire Marjorie Higuera dirige la zone de police de Lesse et Lhomme. Le territoire s’étend sur Rochefort et Houyet où vivent vingt mille habitants. Pour un territoire deux fois plus grand que celui de la région bruxelloise, quatre fois celui de la ville de Liège.

Aux confins des Ardennes et de la Famenne.

Une véritable découverte pour ceux qui viennent de Bruxelles. Plus précisément d’Anderlecht où Marjorie a grandi rue Démosthène, à deux pas d’un commissariat : c’est ce qui a poussé celle qui, adolescente, songeait à devenir coiffeuse, enseignante, ou encore vétérinaire, à bifurquer vers le police. Et la voilà, depuis l’année dernière, à la tête d’une force de police où elle compte soixante-cinq personnes dont un bon tiers de femmes.

“Comme dans les villes”

Prenant ses fonctions au pays de Justine Hénin, d’Olivier Gourmet, du Festival du Rire et des Grottes de Han, la commissaire était loin d’imaginer qu’elle serait à ce point confrontée, « comme dans les grandes villes », au problème de la drogue. .

Marjorie Higuera : « Lors de nos contrôles routiers, nous interceptons autant de conducteurs sous influence que de conducteurs imprégnés, là où, dans un passé récent, la drogue était marginale et ne touchait pas toutes les couches de la population. Nous démantelons les trafics et nous retrouvons les cultures de cannabis. Il y a aussi ce phénomène qui se répand parmi les jeunes travailleurs, le « syndrome du week-end » : il consiste à prendre des stupéfiants dès le vendredi soir, en continuant tout le week-end jusqu’au dimanche et après la pause, pour reprendre sa vie professionnelle habituelle le lundi matin. Un dernier point m’inquiète, c’est de voir de plus en plus de parents fumer des joints devant leurs enfants, comme si c’était devenu normal, accepté et acceptable et dans l’ordre des choses ».

Est-ce la policière qui interroge ? Ou plutôt la femme et la mère qu’elle est aussi ? « Et je suis surpris de ne pas voir de grandes campagnes nationales de prévention contre les drogues, comme c’est le cas contre l’abus d’alcool et le tabagisme. Alors que nous nous inquiétons des saisies au port d’Anvers, le silence autour de la consommation de drogue qui se généralise et se banalise, m’inquiète ».

Ma femme est une prostituée, mais je ne suis pas proxénète » : peut-on vivre en couple avec une travailleuse du sexe ? La Cour d’appel a tranché !

Et la vie privée ?

Après des études d’enseignante puis de droit et de criminologie à l’UCL, Marjorie Higuera fait un virage à 180 degrés et rejoint la police. « J’ai vécu l’injustice. Je pense que cela a quelque chose à voir avec ce choix que je n’ai jamais regretté », confie cette fille d’infirmière et d’ingénieur. « C’est un travail fantastique et si j’avais un message à faire passer aux jeunes : n’hésitez pas. Vous ne pouvez pas imaginer l’éventail de possibilités que nous trouvons dans la police ».

Tout naturellement, Marjorie Higuera a débuté dans la zone Midi (Anderlecht, Forest, Saint-Gilles), à l’âge de 25 ans, directement dans le service d’intervention.

Dix-huit années de carrière – avec un passage à la Défense – ont depuis conduit la jeune femme à des postes opérationnels et administratifs – notamment dans l’entourage de la commissaire générale Catherine De Bolle.

Depuis le 1er octobre 2023, sa désignation à Rochefort lui impose de concilier ses nouvelles responsabilités avec une vie de famille bien remplie. Son compagnon, Denis, est policier. Le couple a un petit garçon. Autant dire que Marjorie, souvent debout à 5h30, ne sait jamais à quelle heure elle rentrera.

« La police doit et va changer »

Heureusement, la vie de flic n’empêche pas son autre passion : voyager. « Videz-vous la tête, découvrez le monde. Remplissez votre seau de souvenirs sur lesquels vous pourrez vous appuyer lorsque les choses deviennent un peu plus compliquées.

Sur l’avenir de la police belge, la commissaire Marjorie Higuera prévoit des bouleversements. « La police devra inévitablement évoluer. De toute évidence, les services de police locaux sont confrontés à des pénuries de budget et de personnel qui les obligeront à fusionner. À mon avis, cela sera bénéfique au personnel et à la population, à condition de ne pas perdre de vue la politique de proximité. Je constate chez mes collègues que les mentalités changent. Il y a deux ans, parler de fusion de zones de police était tabou. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. à Rochefort et Houyet, nous avons la chance d’être en parfaite symbiose avec notre école de police. Ce n’est pas le cas partout ».

Sangliers et pied humain

La campagne et la ruralité ne signifient pas que rien ne se passe. A Rochefort, ils ont la délinquance classique, les affaires pénales – comme ce pied humain découvert en février dans une déchetterie –, les stupéfiants dont l’omniprésence inquiète, les violences intrafamiliales – bref le VIF, la sécurité routière et… les dégâts de gibier.

Ah ! Ce jeu qui cause beaucoup de tracas. Les sangliers et autres animaux démolissent régulièrement leurs véhicules de service. À chaque fois, il faut beaucoup de temps et de tracas administratifs pour les remplacer.

La question qu’on ne se pose plus

Il y a huit femmes chefs de zone comme Marjorie en Belgique francophone. Les premiers ont rejoint la police dans les années 1960 : ils étaient appelés à effectuer des tâches subalternes. Le premier rejoint la PJ et la gendarmerie en 1981. Les premiers deviennent officiers dans les années 1990. En 2012, Catherine De Bolle est la première à diriger la police intégrée.

En 2024, la plaisante, souriante mais très déterminée Marjorie Higuera constate que personne ne lui demande ce que ça fait pour une femme d’être chef de la police. Preuve, enfin, que les temps ont changé.

Interné, Abdelilah aurait préféré aller en prison : « Ils nous bourrent de drogues qui vous transforment en légumes »

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV une halte à Villeneuve-sur-Lot pour sensibiliser à l’empreinte carbone de l’événement
NEXT il brise la vitrine d’un magasin avec un poteau et tente d’y mettre le feu