« La conclusion est l’échec suprême des choix politiques »

« La conclusion est l’échec suprême des choix politiques »
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Il n’y a jamais eu autant de monde derrière les barreaux en Belgique : plus de 12.000 détenus s’entassent dans les prisons du pays. Un triste record atteint en janvier 2024 et en dessous duquel on peine à descendre. Dans le même temps, la population carcérale continue de croître. Il n’y a jamais eu autant de places (10 740 au total) dans les établissements pénitentiaires. Toutefois, la surpopulation (15%) reste très élevée.

Un paradoxe ? Non. Les experts le répètent inlassablement depuis plus de 25 ans : plus nous ouvrirons de prisons, plus nous enverrons de personnes en prison. Ceci est systématiquement vérifié en Belgique. “Malgré les mises en garde de nombreux acteurs, la logique répressive continue d’être mise en œuvre sans réelle remise en cause de la part des politiques. »dénonce la section belge de l’Observatoire international des prisons (OIP) qui publie ce vendredi son avis pour l’année 2024.

« La sécurité ne peut vraiment plus être garantie en raison de la surpopulation »

« Il faut réduire drastiquement la population carcérale »

L’État a dépensé massivement pour construire de nouvelles prisons, ce qui a entraîné «un coût exorbitant », souligne l’OIP. Les cinq établissements pénitentiaires les plus récents (Beveren, Marche-en-Famenne, Leuze, Termonde et Haren) représentent un coût total de 101,4 millions par an, chiffre l’Observatoire. Sans que l’ouverture de ces nouvelles prisons n’ait vidé celles qu’elles étaient censées remplacer… »Ce sont des choix politiques : investir dans la répression plutôt que dans les politiques sociales (académiques, sportives, culturelles et de santé publique) avant ce qui représente leur échec suprême : le confinement.»

Les prisons d’aujourd’hui sont des autocuiseurs. La solution passe avant tout par une réduction drastique de la population carcérale, estime l’OIP. La gestion des prisons pendant la crise sanitaire liée au Covid a montré que cela était possible sans compromettre la sécurité publique.

Drôle de grève dans les prisons : en Wallonie, il ne se passe rien. Il y aurait même plus d’agents présents que d’habitude…

Des modèles attrayants sur papier

A côté des prisons traditionnelles, la Belgique diversifie son système pénitentiaire en construisant des maisons de transition (pour aider certains condamnés en fin de peine à préparer leur libération) et des centres de détention (un par province) réservés à l’exécution des peines. des peines de prison inférieures à trois ans.

Cette orientation est à saluer, souligne l’Observatoire pénitentiaire. Sur le papier, ces nouveaux modèles sont séduisants : ils privilégient les structures de petite taille, ancrées dans le cadre local ; il y a une différenciation selon les profils ; l’accent est mis sur la réinsertion et la vie communautaire…

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Mais la réalisation de ces projets comporte de nombreux écueils : cadre juridique avec des zones d’ombre, manque d’information des détenus sur les conditions d’admission ou les démarches à suivre pour y accéder… Mais le plus problématique, pour l’OIP, c’est la gestion de ces nouvelles prisons. , confié au secteur privé. « Le gouvernement n’a apporté aucune garantie que cette privatisation, et la poursuite d’objectifs lucratifs, ne se fasse pas au détriment des missions sociales de réinsertion et d’accompagnement, ni du bien-être des détenus ».

Autre crainte : l’ouverture de ces nouvelles structures risque de conduire à « expansion incontrôlée de la capacité pénitentiaire ». Au lieu de remplacer les anciennes prisons, on les agrandit.

 
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