L’affaire éclate lorsqu’en avril 2023, des parents se rendent à la gendarmerie de Bouchain pour signaler la disparition de leur fille de 14 ans. La collégienne a été retrouvée dans le Pas-de-Calais, grâce à son téléphone, dans le hangar d’un homme de 54 ans. Un des treize prévenus qui ont comparu jeudi, tous originaires de la région ; un a déjà été condamné le 9 février.
Cinq sont poursuivis pour « recours à la prostitution sur mineur », six pour « abus sexuels sur mineur ». Tous sont soupçonnés de « racolage » et de « détention d’une image pornographique de mineur ». Un douzième n’est poursuivi que pour ces derniers faits.
Echanges sur le site coco.gg
L’âge de la victime était au cœur des débats : ces hommes, âgés de 25 à 60 ans, savaient-ils qu’elle était mineure ? Qu’elle avait moins de 15 ans, la majorité sexuelle ?
Tous déclarent qu’en discutant avec elle, d’abord virtuellement, via Sur le site très controversé coco.gg, les conversations se poursuivant alors sur Snapchat, l’adolescente affirmait qu’elle avait 18, 17 ou 16 ans. C’est ensuite en la rencontrant qu’ils ont pu se faire une idée, ou non, de son âge. Certains doutaient : « Elle a l’air jeune, c’est bizarre. »
La collégienne dévoilait parfois ses 14 ans. Qu’elle l’ait fait ou non, les hommes ont préféré abandonner à toute relation. D’autres sont passés à l’action, dans leur voiture ou chez eux, parfois à plusieurs reprises. Avec rarement des échanges d’argent.
Une ado comme tant d’autres, pas une bimbo
Les avocats des prévenus se sont appuyés sur les déclarations de la jeune fille pour expliquer que leurs clients auraient pu être séduits. Ils ont éludé la question de sa comparution, contrairement au père, présent à l’audience (et non à sa fille), et au procureur. L’expert psychologue a également noté : « Elle paraît plus jeune que son âge. » Ici, nous avons affaire à une adolescente comme tant d’autres, et non à une « bimbo » déguisée et maquillée.
Y a-t-il eu un échange d’images ? L’initiative est venue principalement de l’écolière. Les hommes ont pu répondre : des portraits sages, ou des images pornographiques.
Décision réservée
Seuls deux prévenus ont un casier judiciaire. Autres ? De la ” M. Tout le monde » a souligné un avocat. Des hommes qui ont cédé à la tentation et n’ont pas joué leur rôle d’adultes qui auraient dû dire « non ». Plusieurs ont cité des difficultés dans leur vie personnelle pour expliquer ces actes.
Pour de nombreux avocats, les faits ne sont pas établis et ont demandé la libération. Le ministère public a requis vingt-quatre mois dont dix-huit avec deux ans de sursis probatoire, à l’exception de deux d’entre eux : dix-huit mois avec deux ans de sursis probatoire.
Le jugement était réservé jusqu’au vendredi 3 mai à 13h30
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