Parmi les 19 actions identifiées dans ce plan, celle de la mise en place d’un relais de répit 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, retient particulièrement l’attention.
«Nous devrions avoir de bonnes nouvelles concernant le répit dans les prochaines semaines», assure Julie Bourdon, mairesse de Granby.
Le premier magistrat de la Ville a précisé que tous les sans-abri ne sont pas forcément prêts à vivre dans un logement.
« Il y a un continuum de services qui doit être mis en place », a-t-elle déclaré.
Ce relais de répit comblera un « manque de service » qui existe actuellement entre la rue, d’une part, et les services d’hébergement offerts par les organismes Le Passant et l’Auberge sous mon toit, d’autre part.
Comme La voix de l’Est annoncé pour la première fois mercredi, les camps temporaires — appelés lieux de tolérance — ne seront plus tolérés sur le territoire de Granby, a-t-on confirmé.
Abandon des lieux de tolérance
« Nous avons eu des lieux de tolérance pendant deux ans, […] on a vu que ce n’était pas la meilleure solution pour les personnes en situation d’itinérance», explique Mme Bourdon.
“Il y avait des problèmes de cohabitation, de drogue, de violence… Donc, pour la sécurité de tous, ce n’était pas une voie vers laquelle nous souhaitions revenir.”
— Julie Bourdon
Un ensemble d’interventions de différents partenaires seront mis en place pour soutenir la cinquantaine de personnes qui séjournaient sous tente l’année dernière.
« Le plan d’action nous donne, en tant que municipalité, les moyens d’amener les gens aux services. C’est très important», dit le maire.
La collaboration, pierre angulaire du plan
Julie Bourdon était bien entourée mercredi matin.
Des représentants du Service de police de Granby — la capitaine Caroline Garand —, des organismes communautaires — la coordonnatrice du GASP, Karine Lussier — et du CIUSSS de l’Estrie — la directrice des programmes en santé mentale et toxicomanie Stéphanie Lemoine — ont incarné la collaboration qui est au cœur de le plan d’action contre l’itinérance.
« L’importance de travailler ensemble me semble être à la base du plan dévoilé aujourd’hui », a déclaré Mme Lemoine.
Itinérance PSL
Depuis le printemps 2023, l’outil du Programme supplémentaire de loyer (PSL) du gouvernement du Québec inclut spécifiquement les ménages en situation d’itinérance.
Ce programme d’itinérance PSL, géré par le Bureau d’habitation de la Haute-Yamaska Rouville, a permis en 2023 d’héberger quatre ou cinq personnes dans un appartement, selon Mme Bourdon.
“Nous avons besoin de plus de PSL itinérants, nous y travaillons.”
— Julie Bourdon
Les propriétaires d’immeubles seront sensibilisés à accueillir les personnes les plus vulnérables pouvant vivre en appartement.
«Quand on place ces personnes en logement, elles sont accompagnées par un intervenant, elles ne sont pas livrées à elles-mêmes», précise le maire.
Prévention alimentaire et aide d’urgence
La prévention est un levier important du plan d’action, pour éviter que des personnes ne se retrouvent à la rue.
Améliorer l’approvisionnement alimentaire d’urgence s’inscrit dans cette logique. C’est l’une des mesures clés du plan d’action.
Le maire souhaite notamment que l’organisme Partage Notre-Dame puisse proposer des repas les fins de semaine, ce qui n’est pas le cas actuellement faute de financement.
Les projets d’urgence alimentaire de SOS Dépannage/Moisson Granby seront également soutenus financièrement, lit-on dans le plan d’action.
Service de police et CIUSSS mobilisés
Le Service de police de la Ville de Granby ajoute sur le terrain un deuxième agent de résolution de problèmes sociocommunautaires.
« Nous souhaitons que chacun se sente en sécurité », précise le maire.
Des patrouilleurs à pied et trois policiers à vélo circuleront au centre-ville.
La police travaillera notamment à sensibiliser les personnes vulnérables, ainsi qu’auprès de la population.
Ils agiront en concertation « avec l’équipe multidisciplinaire de la Ville », souligne Caroline Garand, capitaine au Service de police de la Ville de Granby.
Le CIUSSS de l’Estrie fera également partie de la solution, avec la présence accrue de travailleurs sociaux, notamment auprès des toxicomanes.
ENVIRON 150 SANS-ABRI À GRANBY
Si une cinquantaine de personnes en situation d’itinérance se sont retrouvées dans des camps de fortune l’été dernier, ce nombre s’élève à 150 si l’on inclut ce que l’on appelle les sans-abri invisibles : ceux qui passent d’un logement à l’autre, sans stabilité.
«Je n’ai pas l’impression que ce nombre va diminuer cette année, si on regarde la situation ailleurs au Québec», analyse Mme Bourdon, qui a répété à plusieurs reprises que les plus vulnérables de notre société sont des citoyens à part entière. .
Des initiatives seront mises en place pour que ces hommes et ces femmes disposent du matériel d’hygiène dont ils ont besoin, ainsi que d’un accès aux toilettes, douches, poubelles, bacs à seringues.
« Ce sont des êtres humains, ce sont nos frères, ce sont nos sœurs, ce sont nos enfants, ce sont nos parents. »
— Julie Bourdon
« Est-il acceptable que ces gens n’aient pas de toit au-dessus de leur tête, qu’ils n’aient aucun service ? elle interroge.
La Ville de Granby demande davantage de soutien financier aux gouvernements provincial et fédéral en matière d’itinérance.