France – Monde – En Moselle, 20 ans après, l’héritage du dernier charbonnage de France

France – Monde – En Moselle, 20 ans après, l’héritage du dernier charbonnage de France
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Un mineur pose devant l’un des chevalements de la mine de La Houve, dernière mine de charbon encore en activité en France, à Creutzwald, en Moselle, le jour de la fermeture du chantier, le 23 avril 2004

PHOTO AFP / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN

Mardi marque le 20e anniversaire de la fermeture à Creutzwald de la fosse de la Houve, dernière mine de charbon de France, après trois siècles d’exploitation.

Ces anciens mineurs voulaient organiser une “commémoration” et non un “anniversaire”, insiste auprès de l’AFP Serge Wernet, président de l’association des mineurs de cette ville frontalière avec l’Allemagne.

M. Wernet, qui y a travaillé de 1977 jusqu’à sa fermeture, se souvient, ému, de « cet univers à part », « hostile », mais marqué par des travailleurs « très solidaires, solidaires ».

Des mineurs traversent une galerie du puits de la mine de la Houve, à Creutwald, en Moselle, le 2 avril 2004 PHOTO AFP / FREDERICK FLORIN

A La Houve, “petite mine”, il y avait jusqu’à 2.500 mineurs employés, bien moins qu’à Freyming-Merlebach, à quelques kilomètres de là, avec “5.000, 5.500 mineurs”, selon M. Wernet. C’est cette dernière qui aurait dû sceller trois siècles d’histoire charbonnière française, mais elle a fermé plus tôt suite à un terrain.

Après la Seconde Guerre mondiale, quelque 300 000 personnes travaillaient dans les mines de charbon en France.

Le gisement de la Houve, « peu riche », était « très éloigné du puits. Chaque jour, nous avions une bonne heure de transport pour nous rendre sur place », se souvient-il. “C’était une ville souterraine, on avait l’impression d’être dans le métro.”

La fin annoncée du charbon a commencé à se faire sentir dans les mines de charbon à partir des années 1980, selon Bernard Starck, ancien chef de service et électromécanicien à La Houve.

Des mineurs assistent à la cérémonie de clôture de la mine de La Houve, dernière mine de charbon encore en activité en France, le 23 avril 2004 à Creutzwald, Moselle PHOTO AFP / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN

Après avoir débuté dans le privé, il est tombé « non pas pour le salaire, mais pour les avantages en nature, car j’avais le projet de me marier », raconte-t-il. Parmi eux, le logement ou encore une sécurité sociale spécifique.

La mine était aussi une question de luttes sociales, se souvient-il. Au milieu des années 1980, les embauches sont gelées à La Houve.

Et « si on n’embauche plus, on ferme », le savaient déjà les ouvriers. « Pour nous, c’était une larme. Nous ne voulions pas partir », insiste Bernard Starck, malgré un « Pacte du charbon » avantageux qui a préparé le terrain à la fermeture des mines. Signé en 1994, il garantit l’emploi dans le cadre du congé de fin de carrière.

Ce « pacte » permettait à l’État d’exprimer la « reconnaissance de la Nation pour un métier qui a contribué au redressement économique de la France », selon le site Charbonnages de France, et définissait les conditions de l’arrêt de l’exploitation en 2005, date limite alors réduit à 2004.

Le Pacte assurait un niveau de ressources correct ainsi qu’un logement gratuit « à vie » et des garanties de mobilité interne pour les plus jeunes.

A Creutzwald, 20 ans plus tard, une exposition et des animations ont permis aux habitants, qui « ont tous un père, un grand-père, un oncle qui travaillait à la mine », de se plonger dans l’épopée du charbon, explique le maire de la commune, Jean-Luc Wozniak. Sinon, la mine, « c’est deux ou trois lignes dans un livre d’histoire ».

Des mineurs font remonter à la surface les derniers blocs de charbon du puits de La Houve, dernière mine de charbon encore en activité en France, le 23 avril 2004, jour de la fermeture du site, à Creutzwald, en Moselle. PHOTO AFP / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN

Il y a « un avant » charbon et « un après », souligne M. Wozniak. En plus de rassembler les gens, la mine a fourni une activité économique à tout un territoire, note-t-il.

Il y avait donc un enjeu au niveau territorial pour anticiper la fermeture et développer d’autres industries. «Nous avons réussi à maintenir l’emploi quasiment pendant toute la période», souligne Isabelle Prianon, directrice générale des services de la communauté de communes du Warndt. De nouvelles zones d’activités sont apparues et l’industrie s’y est développée.

Mais pour les mineurs de Creutzwald, une déception demeure : tout a été rasé depuis le puits. Il ne reste plus un seul chevalement.

Et si, avec cet attachement, la mine est “dans le cœur” des uns, elle l’est aussi dans les voies respiratoires d’autres travailleurs, atteints de silicose ou de cancer, rappelle M. Wernet.

Tous n’ont pas été reconnus atteints de cette maladie et des actions en justice sont en cours dans certaines régions de France pour faire reconnaître la part de responsabilité de leur ancien employeur – l’État – dans ces maladies.

 
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