« Nous avons une nuit blanche après l’autre »

« Nous avons une nuit blanche après l’autre »
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Encore deux nuits à risque. Les agriculteurs lotet-garonnais, plus particulièrement vignerons et arboriculteurs, sont en alerte. Les gelées printanières, une fois de plus, viennent jouer les trouble-fête en ce mois d’avril. « Nous sommes dans la deuxième nuit blanche… Et les prévisions ne sont pas bonnes », souffle Aurélie Armand, directrice de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne.

Le thermomètre devrait à nouveau approcher les -2°C dans la nuit de lundi à mardi, et de mardi à mercredi. « Nous avons enregistré -2,1°C près de Saint-Vite. Nous avions prédit -3°C. Dès 4 heures du matin, nous avons activé les systèmes de réponse. Mais heureusement, le vent s’est vite levé et le froid n’est pas resté au ras du sol», analyse Jean-François Berthoumieu, directeur de l’Association climatologique de Moyenne Garonne (ACMG).

Selon lui, l’aspersion de la canopée (une méthode d’irrigation qui consiste à amener l’eau jusqu’au niveau du feuillage, NDLR) reste la plus efficace dans de tels cas. « On compte 40 m³ par heure et par hectare », note le scientifique. Il y a cependant un inconvénient : cette méthode est efficace sur les pommes et les kiwis. « Pas pour les prunes, les pêches et les vignes, qui seront étouffées. »

5 000 euros partis en fumée

Pour contrer cet air froid venu tout droit du pôle Nord, Patrick Crozat, vigneron au Laussou, s’apprête à rester éveillé pour la troisième nuit consécutive. « Nous installons des sondes portables sur nos 12,5 hectares de vignes. Nous intervenons en fonction des températures affichées sur les parcelles. » Le plus frais enregistré a été de -2,5°C, dans la nuit de dimanche à lundi. « Le problème reste le contraste entre le froid et le soleil qui frappe les feuilles au lever du jour, et donc les brûle. »

Le chef d’exploitation, qui produit du vin local en IGP Agenais, met le feu à des centaines de bottes de foin et de paille pour contrer ce redoutable hôte de glace. « Le foin produit de la fumée, qui protège la vigne. Surtout quand il y a du vent : il ne monte pas mais s’étale. » La paille apporte de la chaleur. « Jusqu’à présent, nous avons limité les dégâts. Sauf dans la nuit de jeudi à vendredi, durant laquelle j’ai perdu deux hectares parce que je n’avais rien lancé”, souffle-t-il.

Ce qui m’inquiète, c’est que désormais, chaque année, j’y ai droit. Je chauffe depuis quatre ans”

Au-delà des risques pour sa production, ce combat a un coût. « Je brûle l’équivalent de 5 000 euros de fourrage. » Il existe d’autres systèmes, notamment des bougies antigel, « mais ils sont beaucoup trop chers. Près de 5 000 euros l’hectare, sans aucune garantie que cela fonctionnera. » En 2019, le vigneron avait tout perdu, à cause de cette période de gel devenue trop régulière à son goût. « Certes, nos vignes sont assurées. Mais une année sans produire, c’est une année pendant laquelle je perds tous mes clients. Parce que je vends exclusivement en direct. C’est une double peine. »

Patrick Crozat a repris les vignes de son père qui, « en quarante ans d’activité, n’a jamais eu besoin de galérer comme nous ». « Ce qui m’inquiète, c’est que désormais, chaque année, j’y ai droit. Je chauffe depuis quatre ans. » Et cela arrive de plus en plus tard dans la saison, ce qui constitue une nouvelle Source d’inquiétude. « Il y a deux ans, c’était fin mars. L’année dernière, mi-avril. Ici, nous approchons de la fin du mois… »

 
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