« Il faut un village pour tenir un dépanneur »

« Il faut un village pour tenir un dépanneur »
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Alors que les commerces de village ferment progressivement et que la proportion de petites municipalités sans dépanneur a doublé au Québec entre 2006 et 2022, Sainte-Edwidge-de-Clifton résiste. Son commerce de proximité, menacé de disparition, a été sauvé par un duo d’entrepreneurs locaux, mais aussi par une population solidaire. Histoire d’un sauvetage.

Sylvain Grégoire a été propriétaire du dépanneur « Ultra » à Sainte-Edwidge, en Estrie, pendant 28 ans. Après d’innombrables années sans prendre de vacances et gérer les stocks avec stress, le moment est venu un jour de lâcher les rênes de l’unique commerce du village de 550 âmes. L’enseigne « à vendre » est restée longtemps affichée sans que M. Grégoire ne se résigne finalement à abandonner l’établissement. “Ça aurait été précieux de laisser tomber ça”, confie-t-il à Devoir.

Le salut est venu de Pierre Scalabrini et de son collègue Stéphane Tremblay, deux entrepreneurs de la région. Les deux hommes avaient cependant quitté le village. C’est un peu par amour pour leur coin de pays qu’ils ont décidé de revenir et de reprendre les commandes de l’entreprise. Depuis, ils donnent de leur temps presque gratuitement pour maintenir en vie le noyau urbain de leur village d’origine.

« Il faut des managers prêts à donner du temps. C’est bien beau, mais on n’arrive pas à s’en sortir avec le salaire », explique Pierre Scalabrini. « Il ne s’agit pas de gagner de l’argent. Elle effectue à peine ses paiements. »

Le magasin n’est pas « seulement » un dépanneur. Une quincaillerie, un bureau de poste et une succursale SAQ sont également inclus dans le commerce. Dans le cadre d’une enquête menée par le Devoir, ce type d’entreprise multifonctionnelle n’est jamais loin de fermer. Les mêmes services sont également situés à quelques minutes en voiture, dans la ville de Coaticook. « Il faut que la population veuille le garder ouvert », remarque le nouveau propriétaire. « C’est un peu plus cher, mais ça fait une différence de le garder. »

Éviter un cercle vicieux de fermetures

Le maire de Sainte-Edwidge, Bernard Marion, ne peut que se réjouir de voir ses concitoyens sauver l’avenir commercial de son village. Lui, qui porte également la casquette de préfet de la MRC de Coaticook, a vu disparaître les commerces des municipalités voisines les uns après les autres. Ce qui « fait la différence », selon lui, c’est la volonté des populations locales. « Il faut tout un village pour élever un enfant, mais il faut aussi tenir un dépanneur. Deux ou trois villages même. »

Son conseil municipal a aidé les nouveaux propriétaires du mieux qu’il a pu en achetant des espaces publicitaires ou en leur apportant tout soutien financier qu’il pouvait leur apporter.

La perte d’un tel établissement “n’est pas quantifiable”, selon lui. « Sans dépanneur, c’est le début de la fin. Vous devenez un village dortoir sans âmes sans vie si vous n’avez plus de supérette. Après, c’est le guichet qui part. Tout s’assemble. Vous perdez un avantage entre deux villages. Il y a moins de familles qui viennent. L’école se vide. Et là, une autre partie de la commune s’en va. »

Le magasin général, ou ce qu’il en reste, reste un lieu de rencontre dans un village. Un citoyen, Yvon Bessette, interrompt l’entrevue du Devoir au dépanneur pour ajouter votre grain de sel. «Je viens ici parce que les conneries sont fraîches. Le jambon est frais. Le lait est frais. Cela dépend aussi des personnes derrière le comptoir. Les employés sociables, diplomates et polis sont toujours agréables. »

Les employés maintiennent également l’établissement ouvert le soir et le week-end. Lucie McLish gère le dépanneur « Ultra » et a volontairement choisi de quitter son emploi à Coaticook pour venir travailler à Sainte-Edwidge. L’aspect « familial » des nouveaux propriétaires l’a convaincue. « Le côté humain me touche. »

Ce rapport est soutenu par l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

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