Alors que le pays vient d’annoncer la réception de 40 demandes du monde entier pour des investissements en réponse à l’Offre marocaine pour l’hydrogène vert, les dirigeants d’une entreprise suédoise ont rencontré des diplomates sur place. Premières indiscrétions.
Les prochains mois pourraient voir les premiers projets d’hydrogène vert au Maroc se concrétiser. Des rencontres ont lieu dans ce sens, comme ce fut le cas il y a quelques jours à Stockholm. L’ambassadeur du Royaume en Suède vient d’ailleurs de rencontrer la direction de S2H2 BM. « J’ai eu le plaisir de recevoir Magnus Pousette, le PDG et fondateur, ainsi que Johan Hedlund, le président du conseil d’administration de S2H2 BM, au sujet de la construction d’une usine de production d’hydrogène vert au Maroc d’ici 2025. Le Maroc ambitionne de devenir un fournisseur majeur d’hydrogène vert, en cohérence avec ses objectifs de développement durable et de neutralité carbone. Dans ce cadre, un million d’hectares de terres ont été réservés au Maroc pour des projets d’hydrogène vert. Dans le cadre de la première phase, 300 000 hectares seront mis à disposition des investisseurs étrangers et nationaux », a annoncé l’ambassadeur du Maroc auprès du Royaume de Suède et de la République de Lettonie, Karim Medrek. Il y a quelques mois, le projet suédois avait fait la une des journaux. Selon les dirigeants de l’entreprise nordique, « l’idée de S2H2 BM a été concrétisée par Magnus Pousette en 2018, lorsque la centrale solaire à grande échelle Noor Abu Dhabi a été annoncée aux Émirats arabes unis. Le projet revendique un coût énergétique équivalent à environ 10 dollars le baril de Brent. Avec un coût énergétique aussi bas, Pousette pensait que la production d’hydrogène à grande échelle à partir de l’énergie solaire serait probablement en mesure de concurrencer le charbon comme réducteur industriel et la production d’hydrogène à partir du gaz naturel. »
Moins de 2 $/kg
La même Source précise qu’en mars 2020, le projet a été officiellement annoncé avec pour objectif de produire de l’hydrogène vert avec un coût égal ou inférieur à 2 $/kg départ usine. « Les centrales solaires traditionnelles occupent de grandes surfaces, ce qui entraîne des coûts substantiels. Une solution a été recherchée pour éliminer ces coûts tout en minimisant les frais de nettoyage des panneaux. De plus, lorsqu’ils sont surélevés, les panneaux solaires peuvent fournir environ 50 % d’ombre et permettre une production potentielle de biomasse dans un biome désertique. En utilisant les données publiques des centrales solaires et à hydrogène existantes, l’équipe est arrivée à un coût/prix cible inférieur à 2 $/kg d’hydrogène vert, avec une première capacité de 500 000 tonnes par an. En 2022, ce chiffre a été vérifié par plusieurs organismes, et en 2023 également par le cabinet de conseil Ramboll. Une démonstration PV a été construite en Suède en 2023, et une deuxième, plus grande, utilisant la solution du pont suspendu a également été annoncée pour l’année en cours », précisent les initiateurs du projet. Ils misent également sur l’emplacement de la future centrale, présenté comme étant « déterminant ». En effet, la centrale photovoltaïque du projet doit être située dans une zone au potentiel photovoltaïque maximal et colocalisée avec la centrale à hydrogène vert pour éviter les coûts de transport d’électricité. Par ailleurs, il est question d’une implantation près de l’Atlantique, non loin d’un port pour le transport des dérivés de l’hydrogène mais aussi de certaines quantités de l’hydrogène vert produit. Cela dit, des questions subsistent sur le financement. L’entreprise avait auparavant annoncé une levée de fonds pour sécuriser le financement du projet.
Intérêt nordique
En attendant une annonce officielle, l’intérêt des pays nordiques pour investir au Maroc se fait de plus en plus sentir, notamment dans le transport mais aussi dans la « health tech ». Ainsi, les entreprises suédoises semblent désireuses de s’implanter sur le marché marocain avec un intérêt particulier pour le domaine de la santé et de la Health Tech. Un roadshow a été annoncé en mai par l’ambassade de Suède dans plusieurs villes du Royaume avec la participation de grands noms suédois du domaine. « L’innovation suédoise s’associe à celle du Maroc pour créer un changement qualitatif dans le domaine de la santé. En mai, une délégation d’entreprises suédoises de premier plan dans des domaines tels que la prise en charge du cancer et la néonatologie se rendra à Rabat, Casablanca et Marrakech pour rencontrer des acteurs clés du secteur de la santé marocain. Une coopération étroite entre la Suède et le Maroc contribuera à développer la protection de la santé », expliquait alors l’ambassade de Suède. L’accent est notamment mis sur les innovations dans le secteur de la santé alors que la Health Tech devient une priorité. Aujourd’hui, la Suède semble vouloir aller de l’avant dans la coopération bilatérale, encouragée par la dynamique économique actuelle au Maroc. Le secteur de l’énergie pourrait être le prochain sur la liste. Pour rappel, un Conseil consultatif d’affaires Maroc-Suède, qui vise à promouvoir les relations et les échanges d’expertise entre les communautés d’affaires de Suède et du Maroc, a été officiellement lancé fin 2022 à Stockholm. Le « Conseil consultatif d’affaires Maroc-Suède » a pour objectif principal de « promouvoir les relations économiques, commerciales, financières, technologiques, professionnelles et culturelles, et les liens d’amitié entre les communautés d’affaires des deux pays, mais aussi dans leurs zones de développement respectives ». Enfin, il convient de noter que ce pays scandinave entretient des contacts avec le Maroc depuis 1763, date de la signature d’un traité maritime entre les deux pays. Il s’agit également de l’un des plus anciens traités signés entre les deux parties. La Suède dispose d’une ambassade à Rabat depuis 1958. Le Maroc, pour sa part, a ouvert son ambassade à Stockholm en 1986.
C’est le titre de la boîte
Projets. L’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN) a reçu près de 40 demandes de projets dans les différentes régions du Royaume, six mois après la diffusion de la circulaire du chef du gouvernement relative à la mise en œuvre de « l’Offre Maroc » pour le développement de la filière de l’hydrogène vert. Selon un communiqué du département du chef du gouvernement, le comité de pilotage chargé de « l’Offre Maroc » pour l’hydrogène vert, réuni sous la présidence du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a examiné la méthodologie qui sera adoptée pour l’évaluation et la sélection des projets à travers une définition rigoureuse des critères. Ces demandes de projets démontrent le vif intérêt et l’interaction efficace des investisseurs nationaux et des grands opérateurs internationaux dans le domaine énergétique pour « l’Offre Maroc », jugée compétitive, intégrée, transparente et pratique, indique le communiqué. « Cet intérêt manifesté par les investisseurs concerne les différentes régions du Royaume, du nord du Maroc jusqu’à ses provinces du sud », relève la même Source. Dans ce contexte, l’Etat s’était engagé, conformément aux Hautes Directives Royales, à délimiter un espace foncier public significatif d’environ 1 million d’hectares, en vue d’encourager et d’accompagner les porteurs de projets et de développer cette filière prometteuse, tout en veillant dans un cadre contractuel à garantir la préservation et la bonne utilisation de cet espace foncier public.