En Gironde, deux villages tentent d’inscrire les fêtes de la Rosière au patrimoine culturel français

En Gironde, deux villages tentent d’inscrire les fêtes de la Rosière au patrimoine culturel français
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Tradition populaire destinée à honorer une jeune femme « vertueuse », la fête de la Rosière est toujours célébrée dans 45 communes françaises. En Gironde, deux d’entre eux tentent de préserver cette coutume qui pourrait désormais paraître « dépassée », voire « dépassée ».

Le Figaro Bordeaux

Encore célébrées par 65 communes françaises dans les années 1990, les fêtes de La Rosière sont aujourd’hui réduites à 45. Le déclin d’une tradition qui perdure depuis 1821 en Nouvelle-Aquitaine, que La Brède et Créon, deux communes girondines, tentent de contenir. Objectif : inscrire le Festival de la Rosière au patrimoine culturel immatériel français.

Depuis plus d’un an, l’anthropologue Zoé Oliver constitue un dossier en ce sens, qui devrait être déposé d’ici décembre 2024. « Les Rosières ont un sens historique très fort. Son élection est très démocratique et son existence témoigne d’une transformation de la société où la jeunesse est un symbole républicain qui prend de l’importance tandis que l’ancrage local et le service communautaire sont valorisés.explique celui qui dirige le cabinet d’études Culture Ethno.

Cette tradition célèbre la jeunesse et la « noblesse » d’une femme dévouée à son village. Sur la couronne qui coiffe La Rosière, une rose blanche, symbole de son innocence, une violette, reflet de sa vertu simple et solitaire, et un bleuet, emblème de sa fidélité et de son espérance, qui suggère “une épouse bonne et fidèle”. Initialement élue par le conseil municipal et les notables de la commune où elle est née, la jeune femme « travailleuse, gentille et dévouée à sa famille et à la communauté » a reçu une dot, dont une très jolie robe blanche qui conviendrait le jour de son mariage. Ainsi vêtue de son habit de nacre, elle était couronnée de fleurs lors d’une messe. Puis elle a défilé au bras du maire de la ville, s’arrêtant pour honorer les vieillards et les morts, avant de se joindre à un banquet réunissant famille, amis et notables du village.

La nécessité de se moderniser

Aujourd’hui, si la tradition est encore honorée sur l’ensemble du territoire métropolitain, à l’exception de Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), il peut paraître “dépassé”même “ringard”. Et dans certaines communes, on manque de candidats.

Ce n’est pas le cas à La Brède (Gironde), où toutes les jeunes femmes locales qui s’apprêtent à fêter leurs 18 ans sont contactées. « Ils veulent tous être dans le cortège, mais pas forcément être élu Rosière. Nous ne pouvons pas vraiment l’expliquer », témoigne Caroline Jault, la conseillère municipale qui organise les célébrations depuis 18 ans. Cependant, il est plus difficile de trouver des prétendants au titre issus de milieux locaux et scolarisés dans les écoles municipales, comme l’exigeait autrefois la tradition locale. Tradition vouée à évoluer de toute façon. « Sans transformation ni sauvegarde réfléchie, ce patrimoine peut rapidement disparaître »avoue Zoé Oliver.

Nous souhaitons vraiment perpétuer cette tradition qui valorise une belle personne.

Caroline Jault, conseillère municipale à La Brède et organisatrice des fêtes de La Rosière

Au cœur de la nécessité de moderniser la célébration se trouve la nécessité de répondre aux critiques des féministes dénonçant le patriarcat. « On a souvent l’idée que La Rosière est objectivée et que son existence est antiféministe. Mais au contraire, ceux qui le deviennent en rêvent depuis qu’ils sont petits. Il y a des lignes de Rosières qui passent le flambeau”, décrit Zoé Oliver. Dans les alcôves, ce sont les mères, tantes et marraines qui éduquent les filles, nièces et filleules à se préparer au défilé. « Une communauté de femmes de l’ombre »garantes de la tradition féminine, qui transmettent des valeurs qui ne doivent pas être cachées selon l’anthropologue.

Cependant, certaines règles ont changé. A Créon, exit la haute messe chantée et la robe blanche par exemple. « La messe existe toujours, mais elle ne figure plus dans le programme officiel. Et les Rosières ne s’habillent plus toujours en mariées, car ça devient un peu curieux de les voir habillées ainsi au bras du maire., témoigne Pierre Gachet. Une tenue soignée reste exigée. « Il y a une vingtaine d’années, une Rosière défilait avec une robe de ville et un piercing au sourcil. Cela a choqué une partie de la population., se souvient ainsi l’édile qui n’exige plus que les Rosières s’arrêtent devant le monument aux morts sur leur parcours. Encore une nouveauté pour « susciter l’envie des jeunes femmes » : La Rosière dispose désormais d’un budget pour s’offrir l’objet de son choix, en remplacement des bijoux traditionnels.

Préserver la mémoire de Montesquieu

A La Brède, la fête qui anime le village depuis plus de deux siècles s’est également adaptée à son époque. Concerts, groupes et animations, dans une ambiance « féria » attirent près de 35 000 visiteurs chaque année. « Les jeunes du cortège reçoivent les clés de la Ville au début du festival et pendant quatre jours, nous souhaitons qu’ils mènent la danse »explique Caroline Jault qui attend beaucoup du 201e édition, qui devrait avoir lieu du 20 au 23 juin 2024.

Toujours très attachés à cette tradition, commerçants, artisans et anciens comblent le vainqueur de cadeaux, semblables à ceux “d’une liste de mariage”. « Dans un monde où beaucoup de choses se perdent, nous souhaitons vraiment perpétuer cette tradition qui valorise une belle personne, attachée à sa communauté », insiste Caroline Jault. Et aux honneurs viennent les devoirs : chaque Rosière de La Brède doit, durant son règne, « rendre hommage à sa jeunesse, à la vieillesse et à la communauté » en assistant à certaines cérémonies. Elle reçut également la mission de conserver la mémoire du plus célèbre baron de Brède, Charles Louis de Secondat de Montesquieu.

 
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