« Qu’ils mettent des chevaux ou des vaches, mais des cochons, ce n’est pas possible », dans ce village de Gironde, les cochons ne sont pas les bienvenus

« Qu’ils mettent des chevaux ou des vaches, mais des cochons, ce n’est pas possible », dans ce village de Gironde, les cochons ne sont pas les bienvenus
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«C’est juste en face, de l’autre côté de la route», précise Jacques Daudier depuis son portail. « Avec le bruit, les odeurs, puis les insectes, ça va être tout simplement insupportable. On ne pourra plus sortir dans le jardin, ni dormir les fenêtres ouvertes», craint-il.

«Pas de porc Benauge», lit-on sur d’autres pancartes. Depuis plusieurs semaines, les riverains fulminent contre le projet des agriculteurs Cyril Faugère et de son père André. Collectif, pétition, réunion publique, page Facebook, les cochons ne sont pas les bienvenus à la campagne.

Des chevaux oui, mais pas des cochons

Sur ces parcelles agricoles, où se trouvent une quarantaine d’habitations dans un rayon de 500 mètres, un tel élevage n’a pas lieu. « Qu’ils mettent des chevaux, des vaches, mais des cochons, ce n’est pas possible, pas si près », supplie Colette, la femme de Jacques. Avec plusieurs de ses voisins, le retraité a monté un collectif de riverains baptisé « Oui au tire-bouchon, non aux cochons ».

Personne du collectif n’est venu me parler, personne ne m’a téléphoné

Une autre crainte, plus matérielle cette fois, est celle de voir la valeur des maisons dévalorisée. « Qui a envie de vivre à côté d’une ferme avec plusieurs centaines de porcs ? », demande Brigitte Doussaud, membre du collectif et habitant à moins de 100 mètres du projet discord. « Nous le disons et nous voulons le répéter : nous n’avons rien contre ce jeune agriculteur, ni contre sa volonté de reprendre l’exploitation, mais nous ne voulons tout simplement pas d’un élevage porcin. »

Adrien Bacon

20 porcs par hectare

« Plusieurs centaines de cochons », comme l’indique la pétition signée par un peu plus de 300 personnes ? Pas exactement. « Nous serons sur une ferme de 100 porcs élevés en plein air sur 4 hectares de prairie », corrige l’agriculteur André Faugères. Avec son fils, il souhaite sortir de la crise viticole en diversifiant la production. « Cela fait 20 porcs par hectare alors que la réglementation en autorise 40. Il n’y aura pas de concentration d’animaux ni d’odeur. L’objectif est d’abattre deux porcs par semaine et de vendre en direct et en circuits courts. Ce n’est pas une usine à porcs. »

Si André Faugères n’a pas pris soin au préalable de présenter son projet aux riverains, ceux-ci n’ont pas non plus pris la peine de venir l’interroger avant de lancer la polémique. « Personne du collectif n’est venu me parler, personne ne m’a téléphoné », s’étonne encore le vigneron.

Le projet comprendra également un grand bâtiment agricole recouvert de panneaux photovoltaïques pour abriter le matériel et le fourrage pour les animaux. « Il y a quelques semaines, lors des manifestations, l’opinion publique a soutenu les agriculteurs. Nous voyons ce qui se passe ici. Quand on cultivait la vigne, ça n’allait pas bien. Maintenant que nous déracinons pour la reproduction, cela ne va pas bien non plus. Mais ça ne me dérange pas trop. Nous sommes en zone agricole, que dire de plus», déplore André Faugère au volant de son tracteur.

Diversification

Depuis plusieurs jours, le vigneron arrache les vignes des terres où seront élevés les porcs. Son exploitation a nécessité le système de diversification proposé dans le cadre de la prime sanitaire à l’arrachage de l’Union européenne. Les parcelles seront ensuite enherbées. Les porcs sont attendus pour 2026. C’est son fils Cyril, âgé de 20 ans, actuellement employé dans une ferme laitière, qui prendra en charge l’élevage.

Une première réunion pour apaiser les tensions était prévue le 6 mars, mais elle a été annulée au dernier moment par la Chambre d’agriculture. Contacté par « Sud Ouest », le maire de la commune et vigneron Eric Guérin se garde pour l’instant de tout commentaire.

 
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