Dans une récente chronique de Jeune Afrique, Fouazia Zouari exprime son dégoût face à la polygamie pratiquée par le président de la République du Sénégal, M. Bassirou Diomaye Faye. Votre point de vue, bien que compréhensible, ne reflète pas forcément la perception de cette pratique au Sénégal. Moi, femme sénégalaise, journaliste et scénariste, sans aucune prétention, vous apporte quelques précisions quant à notre vision de cette pratique.
La polygamie, telle qu’elle est vécue et perçue au Sénégal, fait partie intégrante de notre tissu social et culturel. Elle est non seulement légalement reconnue, mais aussi socialement acceptée par une grande partie de la population. Cela ne signifie pas que chaque individu ou femme sénégalaise l’adopte ou l’approuve, mais cela est considéré comme une option personnelle et familiale légitime.
Il est important de souligner que la polygamie, dans le contexte sénégalais, n’est pas imposée mais choisie, et que les femmes impliquées dans de telles unions ont également leur mot à dire. Elle n’est pas imposée, dans la mesure où chaque femme, qu’elle le veuille ou non, est libre de ne pas accepter un foyer polygame. Y rester ou partir.
Bien entendu, comme toute pratique sociale, elle n’est pas sans défis et complications. Cependant, la réduire à une image de contrainte et d’injustice serait ignorer les nuances et les réalités complexes de ceux qui la vivent au quotidien.
Nous respectons votre opinion et vos sentiments personnels, mais nous croyons également à la nécessité de respecter les choix et les valeurs des autres cultures, notamment lorsqu’elles ne transgressent pas les droits fondamentaux. Le Sénégal est un pays de diversité et de modernité, mais aussi de tradition et de respect des choix individuels.
Si vous n’avez pas vu une vague d’indignation au Sénégal suite à l’apparition du Président et de ses deux épouses, c’est justement parce que ce sentiment de répulsion qui était le sien n’est pas partagé par la population sénégalaise. Il est important de reconnaître que les choix de vie, y compris le modèle de mariage, varient d’une société à l’autre et sont enracinés dans des traditions profondément enracinées. La polygamie, pour certains, peut offrir un environnement familial et social harmonieux.
Dans vos pays d’origine, il existe des pratiques que nos coutumes et nos cultures ne supportent pas, mais cela ne nous donne pas le droit de critiquer le choix de vos autorités étatiques.
Nous espérons que ces paroles contribueront à un dialogue constructif et à une meilleure compréhension des différentes perspectives culturelles.
* Par Maria Diop
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