Est-ce la faute du gouvernement, la pénurie d’électricité ? – .

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Faits

En novembre dernier, rappelons-le, le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon avait annoncé l’attribution de blocs d’énergie totalisant près de 1 000 mégawatts (MW), dont plus du tiers est destiné à l’usine de batteries que Northvolt doit construire près de Montréal. Cette décision intervient alors qu’Hydro-Québec avait déjà affirmé en 2022 que l’ère des surplus électriques, dans laquelle nageait la province depuis des années, touchait à sa fin et qu’elle aurait besoin d’énergie supplémentaire pour répondre à ses besoins. demande dès la fin des années 2020.

Il faudra même doubler la production actuelle d’ici 2050, a calculé l’entreprise publique à l’automne dernier.

Alors, comment est-on passé d’un excédent dont on ne savait que faire à un déficit aussi aigu ? Il est bien évident qu’il y a des choix politiques qui ont été faits par ce gouvernement et bien d’autres dans le passé — notamment vendre notre électricité à bon prix afin d’attirer les industries énergivores — qui pèsent lourdement sur la balance énergétique du Québec.

Pensons simplement, s’il faut s’en convaincre, au fait que le secteur « aluminium et métaux non ferreux » consomme lui-même environ 55 000 gigawattheures d’électricité par année au Québec, ce qui représente environ le quart de toute la production de la province, y compris l’électricité « non hydroélectrique » qui est autoproduite par certaines industries, selon le rapport L’état de l’énergie au Québec 2024, de la Chaire HEC de Management du Secteur de l’Energie. C’est énorme.

Alors oui, il y a des choix politiques derrière la pénurie imminente, notamment des contrats d’exportation d’électricité vers les États-Unis et les provinces voisines. Mais il n’y a pas que cela non plus, ajoute Johanne Whitmore, économiste à la Chaire. Le contexte a également changé.

« Je lis un document de 1979 sur l’avenir énergétique du Québec et, à l’époque, on prédisait qu’on aurait de bons surplus. Mais ils ne savaient pas que nous serions confrontés au problème du changement climatique que nous connaissons actuellement.»

— Johanne Whitmore, chercheuse à la Chaire HEC Filière Énergie

La « transition énergétique » que nous oblige aujourd’hui à faire le réchauffement climatique fait augmenter considérablement la demande en électricité, alors qu’il est difficile de revenir sur les choix du passé – et qui ont contribué au développement du Québec, il faut le dire. À cet égard, alors que tout le monde est conscient (ou devrait être) depuis longtemps de ce nouveau contexte, on pourrait sans doute s’interroger sur les choix les plus récents du gouvernement.

« Nous pourrions nous engager au-delà de ce que nous sommes capables de soutenir durablement », prévient Mme Whitmore.

Mais ce ne sont là que les manifestations les plus récentes d’un modèle de développement économique basé sur une électricité bon marché qui perdure depuis des décennies. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, mais ce vase n’a pas été rempli d’un seul coup.

Déchets

Le faible prix de l’énergie (électrique ou non) a aussi un effet pervers, qui aggrave la pénurie : on en gaspille une grande partie. « Il est certain que les bas prix ont toujours été un problème qui signifie que nous n’avons pas utilisé nos ressources énergétiques aussi efficacement que nous aurions pu le faire », a déclaré Mme Whitmore.

Car si l’énergie est bon marché, cela ne vaut pas la peine d’investir dans l’isolation de l’habitat, dans des procédés industriels moins énergivores, dans la récupération de chaleur, etc.

Cependant, le Québec est à la traîne à cet égard. Un rapport de l’École Polytechnique de Montréal publié en 2021 calculait par exemple que rien qu’en « émissions thermiques » – par exemple la chaleur qui s’échappe par les cheminées industrielles en même temps que la fumée – ce sont 57 000 GWh qui sont littéralement « lancés ». dans l’air » chaque année, soit l’équivalent de ce que l’ensemble de la province dépense annuellement en chauffage.

Le dernier rapport de la Chaire Energie mentionne également plusieurs exemples à ce sujet. Près de la moitié de l’énergie dépensée au Québec est tout simplement « perdue » sans apporter de « valeur ajoutée » à l’économie, lit-on.

De même, entre 1971 et 2022, la « productivité énergétique » (c’est-à-dire le nombre de dollars de PIB produits par unité d’énergie dépensée) s’est améliorée de 88 % en moyenne dans le monde, avec des pics de +160 à 180 % dans des pays comme l’Allemagne et les États-Unis. . Et dans de nombreux pays, plusieurs centaines, voire quelques milliers d’entreprises sont certifiées ISO 50001 (sur l’efficacité énergétique), alors qu’il n’y en a que 26 pour l’ensemble du Canada…

Verdict

C’est en grande partie vrai, si l’on remonte assez loin dans le passé. Au fil du temps, de nombreux gouvernements ont utilisé notre électricité à faible coût pour attirer des industries énergivores vers le développement du Québec. Mais ces choix ont été faits dans un contexte différent, avec des excédents abondants et sans lutte contre le changement climatique. Pourtant, des choix du même type se sont répétés très récemment, même si le contexte avait clairement changé.

 
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