Jacques Perritaz ferme la cidrerie Vulcain et se concentre sur la France

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Implanté en Normandie depuis 2022, Jacques Perritaz met fin aux activités de la cidrerie Vulcain, à Treyvaux. Le Fribourgeois entend se concentrer sur l’exploitation de son domaine français.

En 2022, Jacques Perritaz reprend un domaine de 33 hectares en Normandie. © Charly Rappo-archives

En 2022, Jacques Perritaz reprend un domaine de 33 hectares en Normandie. © Charly Rappo-archives

Publié le 18/04/2024

Temps de lecture estimé : 5 minutes

A remettre : cidrerie. Jacques Perritaz vend les installations de production de la cidrerie Vulcain, basée à Treyvaux, ainsi que son verger de la Rue, à Glâne. Le biologiste de formation, installé en France en septembre 2022 pour poursuivre ses activités, l’a fait savoir récemment sur les réseaux sociaux. «Je recherche quelqu’un qui souhaite continuer sous son propre nom», confirme Jacques Perritaz, dont les cidres sont de renommée internationale.

Parti s’installer en Normandie, où il allie production de cidre et paysannerie, le Fribourgeois de 54 ans a décidé de maintenir une petite production en Suisse. Alors que la cidrerie Vulcain produisait habituellement 60 000 bouteilles par an à Treyvaux, le millésime 2023 ne dépasse pas les 15 000 bouteilles. Si la production, destinée au marché suisse, était réalisée par un employé, le patron continuait à superviser les opérations.

« Il est difficile de gérer deux sites en même temps, d’où la décision d’arrêter. Une chaîne de production complète, avec pressoir, cuves de fermentation et matériel d’embouteillage, va être livrée », précise Jacques Perritaz, qui souhaite se concentrer sur le développement de ses activités en France.

Un petit village

A Saint-Denis-de-Villenette, petite commune de moins de 150 habitants située entre Alençon et le Mont-Saint-Michel, le Fribourgeois de 54 ans exploite un domaine de 33 hectares, avec un verger de grands arbres fruitiers. et prairies. La propriété, la ferme de la Prémoudière, produisait déjà du cidre. « J’ai pu récupérer beaucoup de matériel, explique-t-il.

120 000

Le nombre de bouteilles de cidre produites en Normandie en 2022 et 2023

Jacques Perritaz a déjà élaboré six cuvées de cidre normand, commercialisées sous l’appellation Le Vulcain. « En 2022, j’ai produit 80 000 bouteilles et 40 000 en 2023. L’année dernière, les vendanges ont été plus compliquées. Les fruits pourrissaient très vite. Malgré la chaleur, ils n’avaient pas beaucoup de sucre. Ils étaient délicieux, mais difficiles à travailler », raconte l’artisan.

Contexte difficile

Le cidre normand du Fribourgeois est vendu en France, mais également à l’export, aux États-Unis, en Autriche, en Allemagne, en Italie et en Espagne. «J’aimerais l’introduire sur le marché suisse et j’espère pouvoir l’exporter au Japon, où je vendais déjà des bouteilles. Mais le contexte économique n’est pas favorable. Avec les incertitudes et l’inflation, le climat de consommation est très mauvais. Par ailleurs, de nombreux viticulteurs enregistrent des baisses de 30 % de leurs ventes. Et avec la hausse du franc, les exportations de la Suisse sont tombées à zéro», grimace Jacques Perritaz.

“C’est difficile de gérer deux sites en même temps”
Jacques Perritaz

Malgré son succès (ses cidres ont été proposés par certains des meilleurs restaurants du monde), celui qui fut l’un des premiers à se lancer dans la production de cidre en Suisse romande doit se faire à nouveau un nom. Et reconstruire un réseau de distribution. « En termes d’image, c’est un peu différent. Les gens veulent goûter, je dois envoyer des échantillons. Sur place, je livre directement quelques personnes et mon cidre est repris par des restaurants et des cavistes», note le Fribourgeois.

Le père de la cidrerie Vulcain s’envole pour la France

Le cidriculteur apprend aussi à composer avec un terroir différent et de nouvelles variétés de fruits dans une région où la poire est reine. “C’est merveilleux. Dans le village, il existe plus de 50 variétés de poires, sélectionnées par les agriculteurs au fil des siècles. C’est un patrimoine extraordinaire à découvrir. Pour les pommes, je défriche la terre. Ce sont d’autres produits qu’en Suisse. Ils ont un profil doux-amer assez sensible », décrit l’artisan qui s’est lancé dans la production d’une de ses spécialités, une cuvée Trois Pépins, à base de pommes, poires et coings.

Un employé fribourgeois

Sur son domaine, Jacques Perritaz fait paître des bovins qui paissent sur l’herbe qui pousse entre les arbres fruitiers. « Depuis juin, nous avons constitué un troupeau de petites vaches bretonnes pie, noires et blanches. Leur élevage s’inscrit dans le concept des vergers hautes tiges de la région. Depuis cette semaine, nous avons 23 têtes.

S’il dit « nous », c’est que l’ancien biologiste travaille avec un employé dans sa ferme. Et ce collaborateur, Jacques Magnin, est également fribourgeois. « Il a déménagé dans la région il y a un an. Nous nous sommes rencontrés grâce à des connaissances communes », raconte Jacques Perritaz.

Sur son domaine, Jacques Perritaz fait paître un troupeau de petites vaches bretonnes pies noires et blanches.
©DR
Le troupeau fribourgeois compte 23 têtes de bovins.
©DR

Les deux hommes ont plusieurs projets en tête. « Il y a un gîte avec des chambres d’hôtes sur le site, des petits fruits et aussi un four à pain. Nous voulons essayer de promouvoir cela. Nous avons plusieurs projets en cours », explique Jacques Perritaz, ravi de son nouvel outil de travail. “Ça change la vie d’avoir tout sur un même site et de ne pas avoir à faire des allers-retours entre différents vergers, avec des loyers parfois exorbitants.”

Dans une région qui recense pas moins de sept appellations d’origine protégées de cidre, 9.000 hectares de vergers et 350 cidriculteurs produisant plus de 60 millions de bouteilles par an, le Fribourgeois estime que la présence d’un nouvel acteur étranger n’est pas mal perçue. «Ça se passe plutôt bien. La plupart des producteurs se connaissent. C’est d’ailleurs un collègue français qui m’a invité à m’installer ici.

Ici, c’est un territoire rural que Jacques Perritaz apprivoise. « C’est un peu comme un désert. C’est une région très peu peuplée, plutôt vieillissante, avec de très grandes exploitations agricoles. Domfront, la plus grande localité à 15 kilomètres, avec 3.500 habitants, ressemble un peu à une ville fantôme», décrit le Fribourgeois.

Ouverture des portes début mai

Avant de remettre ses outils de production fribourgeois, Jacques Perritaz ouvre les portes de la cidrerie Vulcain à Treyvaux au public, le samedi 4 mai, de 10h à 18h pour une dégustation-vente. L’occasion notamment de déguster du cidre normand du Fribourgeois. Née en 2006, la cidrerie Vulcain, qui doit son nom à un papillon emblématique du verger, s’est d’abord implantée dans les chais de l’ancienne tuilerie du Mouret, avant de déménager sur le site Favorol Papaux, à Treyvaux, en 2018, dans le but de doublant sa production.

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