dans les Landes, Musicalarue bat son plein en organisant également des spectacles à domicile

Comme au théâtre, nous vous prévenons d’éteindre vos téléphones portables. Comme au théâtre, un artiste arrive sur scène. Comme au théâtre, le public observe en silence. Seuls les petits bruits électroniques de la machine à laver en fin de cycle trahissent la réalité.

Samedi 13 avril, le spectacle « Cartable », de la compagnie Là, n’a pas été joué sur une scène traditionnelle mais dans une maison, chez Maïté et Christophe, au cœur du village de Luxey.

Cet après-midi-là, nous avons dû pousser les murs pour accueillir une soixantaine de personnes. « Il a fallu faire de la place dans le salon. Nous avons retiré la table, le canapé et quelques meubles pour installer les bancs pour accueillir le public. Il a fallu aussi laisser un peu de place à Gloria”, explique Christophe Bengué, l’animateur.

Il est 15h30, attention mesdames et messieurs, dans un instant ça va commencer. Aux murs, les photos de famille restaient accrochées juste à côté du buffet relayé au fond de la pièce.


Comme au théâtre, l’affiche du spectacle accueille le public dès son entrée dans la maison.

Matthieu Sartre

Dyslexie, hyperactivité, mort…

Une cloche de cour d’école sonne. Nous sommes ici plongés dans l’univers d’une école primaire, où les sketches se succèdent, de la rentrée jusqu’à la kermesse de fin de classe. La force de l’actrice Gloria Da Queija, également co-auteure de la pièce, est d’incarner une quinzaine de personnages avec une rapidité déconcertante.

L’institutrice bien sûr, coincée entre son envie de bien faire et ses doutes, mais aussi une pléiade d’enfants : Evan, Marie, Pierre, Justin, Kevin… Chacun ayant sa propre voix et sa gestuelle afin de mieux les reconnaître.

Quand je joue, je sais où sont les professeurs dans la salle. Ils ne réagissent pas de la même manière.

Si elle vous touche, vous fait sourire et aussi rire parfois, la pièce devient plus touchante lorsqu’il s’agit de parler de problèmes. Celles inhérentes à l’Éducation nationale – il s’agit de burn-out, de sentiments d’abandon – mais aussi celles qui touchent directement les enfants : dyslexie, hyperactivité, décès d’un parent, timidité…

« Quand je joue, je sais où sont les professeurs dans la salle. Ils ne réagissent pas de la même manière. Souvent, à la fin du spectacle, ils viennent me voir pour parler d’école. Il faut dire que moi aussi j’ai été enseignante pendant près de dix ans», sourit Gloria Da Queija.


Les bancs installés, le public est en place. Au moins cinquante personnes avaient acheté des billets pour assister au spectacle.

Matthieu Sartre

La culture dans les petites villes

Faire entrer la culture dans un salon n’est pas anodin. Pourtant, le président de Musicalarue, François Garrain, l’a dans son ADN depuis des années. « Musicalarue chez soi est une manifestation que nous avons créée en 2006. Chaque année, trois artistes organisent trois spectacles chez des particuliers de la communauté de communes Cœur Haute Lande (1). Il y a toujours cette envie de toucher un nouveau public et d’amener le spectacle vivant dans les petites villes », assure-t-il.


La cuisine fait office de caisse et de réception pour ce petit théâtre improvisé.

Matthieu Sartre

Et le président emblématique de Musicalarue revient sur la genèse de ces projets luxembourgeois. « Lorsque nous avons commencé cette aventure d’amener la culture en milieu rural, les gens d’ici se demandaient ce que nous allions pouvoir faire. Et puis, ouvrir sa maison pour accueillir du public n’est pas évident au premier abord. Et puis, le bouche à oreille a fonctionné. Aujourd’hui, de nombreux artistes accueillent des artistes pendant le festival. Et pour Musicalarue à la maison, au fil du temps, les gens se manifestent pour animer des spectacles à la maison », s’enthousiasme-t-il.

Après le spectacle, Maïté et Christophe ont gâté leurs invités le temps d'une journée. Charcuteries, fromages, pâtés mais aussi gâteaux au chocolat, tarte au citron, chouquettes… L'hospitalité landaise n'est pas un vain mot.


Après le spectacle, Maïté et Christophe ont gâté leurs invités le temps d’une journée. Charcuteries, fromages, pâtés mais aussi gâteaux au chocolat, tarte au citron, chouquettes… L’hospitalité landaise n’est pas un vain mot.

Matthieu Sartre

Générosité

Le spectacle est terminé mais pas la journée. Sous un beau soleil printanier, l’activité continue dans le jardin de Maïté et Christophe. Un goûter est prévu et le public pourra discuter avec l’artiste.

Pour l’occasion, l’hôtesse a sorti le grand jeu. Salé et aussi sucré. « J’ai même confectionné des brochettes de bonbons pour les enfants. Et 130 crêpes. Tout seul ! Je suis comme ça, généreux. J’ai tout fait avec amour”, annonce-t-elle avec un large sourire.

« Pour moi, Musicalarue est comme une deuxième famille. Mon mari et moi sommes bénévoles. Nous servons à la buvette des Cigales et je suis à la billetterie pendant le festival. Christophe aide à l’entretien. Quand on travaille pour eux, c’est un grand plaisir. Nous ne nous inquiétons jamais et nous savons que nous allons passer un bon moment. » Et d’après tous les récits des invités dans le jardin cet après-midi-là, c’était également le cas.

Maïté et Christophe (à droite) au moment de la présentation.


Maïté et Christophe (à droite) au moment de la présentation.

Matthieu Sartre

(1) Pour l’édition 2024, outre la compagnie Très là et ce spectacle, la chanteuse Melissmell et le chanteur Mathieu Boogaerts ont participé au jeu et ont tourné dans des villes comme Escource, Argelouse, Brocas, Maillères…

Le week-end dernier avec Mathieu Boogaerts

Mathieu Boogaerts clôture ce week-end l’édition 2024 de Musicalarue chez lui avec ses pièces douces et dansantes. Auteur, compositeur et interprète, il est toujours prompt à interagir avec le public, il fait de chacun de ses concerts un moment généreux et unique.
Il chantera ce vendredi 19 avril à 20h30 en l’église Saint-Vincent de Vert (réservation au 07 86 22 00 20) On pourra également l’entendre samedi 20 avril à 20h30 chez Aude et Nicolas, à Mal (réservation au 06 08 70 18 88). Tarifs : 18 euros (concert et repas) ; 8 euros pour les enfants de moins de 10 ans. Réservations obligatoires. Règlement sur place le jour du spectacle. Plus d’informations au 05 58 08 05 14 ou sur le site musicalarue.com

 
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