Nestlé glisse du sucre dans les aliments pour bébés dans les pays à faible revenu

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Aliments pour bébés présentés au magasin Nestlé d’Orbe, dans le canton de Vaud (image d’illustration).

KEYSTONE/© KEYSTONE / GAETAN BALLY

Nestlé, poids lourd mondial de l’alimentation infantile, se targue de ne pas ajouter de sucre dans ses préparations pour nourrissons distribuées en Europe. Cependant, dans de nombreux pays à faible revenu, ses produits contiennent du sucre ajouté à très grande échelle.

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18 avril 2024 – 09h00

En Afrique du Sud, les céréales pour bébés Cerelac, un produit destiné aux enfants à partir de six mois commercialisé par Nestlé, contient six grammes de sucre par portion, soit l’équivalent d’un carré et demi à chaque repas. Sur l’emballage du produit équivalent en Suisse, la mention « sans sucre ajouté » apparaît au premier plan de l’emballage.

Deux poids, deux mesures : c’est ce que dénonce l’organisation Public Eye dans un reportage révélé en premier mardi par l’émission A Bon Entendeur de la RTS.

Le sujet de A Bon Entendeur :

Pays à faible revenu ciblés

L’organisation et l’International Baby Food Action Network ont ​​analysé la composition d’une centaine d’aliments pour bébés vendus par Nestlé dans le monde.

Les conclusions de cette enquête sont sans équivoque : si la multinationale veveysanne a pratiquement renoncé aux sucres ajoutés en Europe, elle les utilise à très grande échelle dans des produits pour bébés destinés aux pays à plus faibles revenus. Et ce alors que l’OMS recommande de limiter drastiquement l’apport de sucre dans l’alimentation des jeunes enfants, notamment pour lutter contre l’obésité.

“En ajoutant des sucres à ces produits, le seul objectif de Nestlé – et d’autres fabricants aussi – est de créer une addiction ou une dépendance chez les enfants, car ils aiment le goût sucré”, dénonce Laurent Gaberell, co-auteur de l’enquête Public Eye. . “Et donc, si les produits sont très sucrés, ils vont en redemander à l’avenir.”

Sur les 78 produits de la marque Cerelac achetés en Afrique, en Amérique latine et en Asie, 75 contenaient du sucre ajouté. Avec en moyenne 4 grammes, soit un carré de sucre, par portion. Aux Philippines, ce taux s’élève même à 7,3 grammes par portion pour l’un des produits de l’échantillon destiné à être administré deux fois par jour aux bébés à partir de 6 mois.

Utilisation de saccharose et de miel

Les produits de la marque Nido, distribués dans de nombreux pays, sont également concernés. « Nestlé n’hésite pas à souligner que ces produits sont ‘sans saccharose’, même s’ils contiennent du sucre ajouté sous forme de miel. Cependant, le miel et le saccharose sont tous deux considérés par l’OMS comme des sucres qui ne doivent pas être ajoutés aux aliments pour bébés », écrit Public Eye.

“Nestlé l’explique très bien dans un quiz pédagogique : remplacer le saccharose par du miel ne présente ‘aucun avantage scientifique pour la santé’, car les deux peuvent contribuer ‘à la prise de poids, voire à l’obésité’.”

Interrogé sur ces pratiques, Nestlé répond de manière générale : « Toutes nos recettes sont conformes aux lois internationales et locales, y compris les exigences en matière d’étiquetage. » La multinationale ajoute en outre que « de légères variations dans les recettes selon les pays dépendent de plusieurs facteurs, dont les lois, sans compromettre la qualité de nos produits ».

Une stratégie marketing

L’enquête pointe aussi du doigt le marketing du géant de l’agroalimentaire, qui flirte avec les allégations santé. Sur un sachet de Mucilon vendu au Brésil (l’équivalent du Cerelac), il est écrit « contribue à l’immunité et au développement du cerveau ».

Et la stratégie ne s’arrête pas là, selon Laurent Gaberell. « L’un des aspects clés de la stratégie marketing de Nestlé est ce que nous appelons le marketing médical. Il s’agit d’impliquer les professionnels de santé dans la promotion directe ou indirecte de leurs produits », explique-t-il. «Nous avons par exemple vu le cas d’un nutritionniste au Panama qui, sur les chaînes en ligne, recommandait le produit Nido 1+, le même qui contient pourtant près de deux carrés de sucre par portion.»

Là encore, Nestlé affirme respecter le cadre juridique des différents marchés sur lesquels ses produits sont distribués. « Nous respectons toutes les réglementations applicables dans tous les pays où nous opérons et nous avons mis en place des procédures strictes pour garantir nos communications », défend la multinationale.

Les laboratoires parfois réticents

Le 17 avril, l’émission On En Parle a également accueilli Laurent Gaberell, expert en alimentation et agriculture chez Public Eye et auteur du rapport. Il raconte comment, lors de l’enquête, les laboratoires suisses ont refusé d’analyser les produits Nestlé. « Nous avons été transparents sur notre projet et prêts à payer, mais nous avons reçu plusieurs refus. Un laboratoire en particulier a répondu qu’il n’était pas en mesure de collaborer avec nous car « cela pourrait mettre en danger les intérêts de ses clients existants ». Ces réponses montrent le pouvoir et la protection dont Nestlé bénéficie dans notre pays.

L’émission a également demandé à Nestlé ses explications sur les variations des quantités de sucres ajoutés entre les pays, ce à quoi la multinationale a répondu : « De légères variations dans les recettes entre les pays dépendent de plusieurs facteurs – dont la réglementation et la disponibilité locale des ingrédients – et ne compromettent en aucun cas la qualité de nos produits.

Laurent Gaberell réagit : « Soyons sérieux : Nestlé n’a pas supprimé le sucre de ses produits pour bébés en Suisse en raison de la réglementation ou d’un manque de disponibilité de sucre sur le marché. L’entreprise a fait cela pour répondre aux attentes des consommateurs, qui savent que cette pratique n’est plus acceptable ici. De plus, il ne s’agit pas de « légères variations ». En Suisse, Nestlé a complètement supprimé le sucre de ses produits pour bébés, mais continue d’en ajouter en quantités énormes dans d’autres pays.»

Nestlé ajoute : « Nous déclarons toujours tous les sucres présents dans nos produits, y compris ceux du miel par exemple. » Les consommateurs auraient-ils alors des informations sur la teneur en sucres ajoutés des produits disponibles ? Pas vraiment, selon Laurent Gaberell : « Les fabricants sont obligés d’indiquer la présence de glucides dans la liste des ingrédients, mais dans la plupart des pays, ils ne sont pas obligés d’indiquer la teneur en sucres ajoutés des produits. »

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