Genève découvre d’importantes sources de pollution en PFAS dans ses eaux souterraines – rts.ch

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A Genève, une nouvelle carte montre la contamination par des polluants éternels dans les eaux souterraines. Suite à une demande de transparence en partenariat avec Le Temps, la RTS a obtenu une carte de l’étendue des dégâts.

Conscient du problème, le Département territorial du canton de Genève a lancé plusieurs campagnes d’analyses de certaines eaux souterraines du canton entre 2017 et 2022. Campagnes dont le coût s’élève à 250’000 francs. Quelque 950 échantillons ont été analysés dans les nappes phréatiques supérieures (dont n’est pas puisée l’eau potable).

La carte ne couvre pas l’ensemble du canton, car les prélèvements n’ont été effectués que sur certains sites sélectionnés par le Service Géologie, Sols et Déchets (GESDEC). Mais les autorités affirment avoir informé toutes les communes concernées par cette pollution.

>> Lire aussi : Genève recense 150 sites pollués aux PFAS dans le canton

Avec le Valais, Genève est l’un des premiers cantons à analyser les PFAS sur son territoire.

La carte des sites d’eaux souterraines polluées aux PFAS dans le canton de Genève. [Canton de Genève / OCEV / GESDEC / Secteur sites pollués]

Le GESDEC s’est basé sur trois critères pour déterminer les localisations des prélèvements : les sites d’exercices d’incendie où des mousses pour feux d’hydrocarbures auraient été utilisées, les sites ayant connu des incendies importants et les sites chimiques et industriels où des PFAS auraient pu être utilisés ou émis.

Selon l’ordonnance fédérale sur les sites pollués, la teneur en PFAS ne doit pas dépasser 50 ng/l. Mais cette valeur est largement dépassée dans le canton. Douze zones, dont Soral, Dardagny, Plainpalais et Carouge, sont au-dessus de la norme fédérale. La zone la plus touchée est Aire-la-Ville, où la contamination des eaux souterraines dépasse 400 fois la norme.

Près de la moitié de l’eau potable contaminée

Si les eaux souterraines sont contaminées, l’eau potable est heureusement peu affectée par la pollution aux PFAS. Les Services Industriels de Genève veillent à ce que les valeurs mesurées dans l’eau du robinet genevoise restent très basses et bien inférieures à la limite autorisée, il n’y a donc pas de risque particulier pour la santé de la population. A noter que les premiers relevés des Services Industriels de Genève concernant les PFAS dans l’eau potable datent de 2018.

Un rapport de l’Association des chimistes cantonaux de Suisse publié en octobre 2023 indique que près de la moitié des échantillons d’eau potable du pays analysés contiennent des PFAS.

>> A ce sujet, lire : Des PFAS trouvés dans près de la moitié des échantillons d’eau du robinet en Suisse

Un cadastre et des années de travaux d’assainissement

Mais les PFAS ne s’arrêtent pas aux eaux souterraines, explique Jacques Martelain, directeur du GESDEC et géologue cantonal. « Les eaux souterraines sont un environnement relativement intégrateur qui va collecter la pollution provenant du sol. Les écoulements souterrains et les PFAS sont très solubles.

Aujourd’hui, le GESDEC souhaite poursuivre ses investigations et mesurer la présence de PFAS dans les sols afin de créer un registre de leur pollution dans le canton. Une tâche qui s’apparente à un « travail bénédictin », selon Jacques Martelain. Et qui nécessite un budget conséquent pendant au moins deux ans. Les sources de pollution aux PFAS étant multiples, le canton devra mener des investigations historiques pour déterminer qui est responsable de la pollution. Et surtout, qui devra payer pour l’assainissement ?

Selon les révélations du journal Le Temps en janvier dernier, ces éternels polluants ont notamment été repérés dans les matériaux de fouilles aux Vernets, sur le site de l’ancienne caserne. Alors en plein terrassement, les travaux ont été interrompus et le chantier a dû être nettoyé.

Et maintenant? Genève n’a pas déterminé de seuil à partir duquel les sites doivent être décontaminés, mais ceux qui le sont « doivent être assainis pour qu’ils ne nuisent plus à la qualité de l’eau », précise Jacques Martelain.

Le géologue cantonal prévient également: «Il est possible que certains sites déjà décontaminés doivent l’être à nouveau suite à la découverte du polluant.» Ce qui n’est pas qu’une théorie. Des PFAS ont notamment été retrouvées dans la nappe phréatique située juste en dessous de l’ancien site Artamis, décontaminé entre 2009 et 2014 à hauteur de 52 millions de francs.

Les pompiers genevois changent de mousse

Depuis deux ans, le Service d’Incendie et de Secours (SIS) de Genève souhaite changer l’émulsifiant fluoré PFAS utilisé dans les mousses anti-incendie. Une recherche qui vient de porter ses fruits puisque, après une batterie de tests, un produit de remplacement vient d’être trouvé. Le changement effectif devrait avoir lieu cette année, estime le SIS. Pour ce faire, il faudra d’abord décontaminer les cuves, qui contiennent encore 16 000 litres d’émulsifiant fluoré. Ceux-ci seront ensuite traités et détruits par une entreprise spécialisée.

Même si les pompiers du SIS ont décidé de se détourner du produit, d’autres services d’intervention incendie rattachés aux sites industriels continuent d’utiliser ces mousses contaminées. C’est notamment le cas de Givaudan qui assure ne pas utiliser ni générer de PFAS dans ses processus de production, mais dont les pompiers professionnels « peuvent l’utiliser ».

La Suisse à la traîne ?

Alors que les cantons commencent à prendre conscience de l’ampleur de la pollution sur leur territoire, ils demandent désormais à Berne de définir des seuils.

En septembre 2022, une motion en ce sens a été déposée par la conseillère d’État valaisanne Marianne Maret (Centre), qui a demandé au Conseil fédéral de fixer des seuils clairs pour permettre aux cantons de mesurer la contamination des produits dans l’eau et les eaux usées. sols. Une fois définis, ceux-ci permettront de mieux comprendre la problématique à laquelle est confronté le pays. Or, les PFAS sont partout : dans l’air, dans les aliments et même dans les estomacs.

Depuis le début de l’année, des teneurs maximales applicables à certains PFAS ont toutefois été instaurées pour certains aliments d’origine animale. Cependant, le défi reste de taille, voire insoluble.

>> Voir aussi le sujet de 19h30 sur le Parlement qui veut des valeurs limites pour les PFAS :

Le Parlement veut des valeurs limites pour les PFAS, polluants nocifs pour la santé et l’environnement / 19h30 / 2 min. / 6 juin 2023

Camille Lanci

 
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